Quelques heures plus tard, le numéro deux du parti, Abdelouahed Radi, démissionnait à son tour, mais sans geler ses activités au sein du bureau politique. Du coup, une instance collégiale devrait expédier les affaires dans l’attente d’un congrès extraordinaire en 2008.
Les deux départs résultent d’un affrontement violent survenu il y a quelques jours au sein des instances dirigeantes de l’USFP, un acteur-clé de la vie politique marocaine. Une large majorité des membres du bureau politique a exigé des deux dirigeants qu’ils choisissent entre leurs responsabilités au sein de l’USFP et leur appartenance au gouvernement. Avec le titre de ministre d’Etat sans portefeuille, M. El-Yazghi est le numéro deux du gouvernement de coalition, tandis que M. Radi est ministre de la justice. L’un comme l’autre ont préféré rester au gouvernement.
La fronde contre les dirigeants de l’USFP tient aux piètres résultats électoraux des socialistes lors des élections législatives de septembre et à leur marginalisation au gouvernement. Alors que l’USFP était au centre de la vie politique du royaume à la fin du règne d’Hassan II, les socialistes sont aujourd’hui en voie de marginalisation. Arrivés en cinquième position aux élections législatives (loin derrière les nationalistes et les islamo-conservateurs), ils n’occupent qu’une place modeste au gouvernement, dont la formation et le programme leur ont échappé.
Depuis, la grogne n’a fait que monter dans le parti, notamment contre M. El-Yazghi, 72 ans, rendu responsable de la contre-performance de l’USFP. Sa stratégie de coller au Palais royal, où toutes les décisions importantes sont prises, et son choix de participer au gouvernement ont du mal à passer parmi les militants, dont les rangs s’éclaircissent. Beaucoup, dans la frange de gauche, auraient préféré que l’USFP fasse le choix d’une cure d’opposition, le temps d’une "refondation" idéologique.
La crise chez les socialistes est de mauvais augure pour le gouvernement de M. El Fassi, qui ne dispose pas d’une majorité claire au Parlement. Il était déjà faible. La déshérence de l’USFP ne peut que compliquer la tâche du premier ministre.
Le Monde - Jean-Pierre Tuquoi