Conseil français du culte musulman dans l’Yonne : les Marocains gagnants

18 avril 2003 - 10h30 - France - Ecrit par :

Dimanche dernier, localement, les « fondamentalistes » et les « Marocains » sont sortis vainqueurs du scrutin.« L’élection du Conseil français du culte musulman est une reconnaissance pour tous les musulmans.

Enfin, nous allons pouvoir trouver des solutions à nos problèmes : la construction des mosquées, le statut des imams… Des lois vont être votées. Des règles clairement établies. » Comme 25 autres grands électeurs de l’Yonne (désignés par les mosquées et salles de prière), Moustapha Maarouf, le président de l’Association cultuelle marocaine de Saint-Florentin, a participé dimanche dernier à l’élection du Conseil français du culte musulman (CFCM) et de son instance décentralisée, bourguignonne.
Par le même vote - un scrutin de liste à la proportionnelle au plus fort reste -, les délégués des différentes mosquées ont en effet élu les représentants nationaux et ceux qui siégeront aux conseils d’administration et aux bureaux des Conseils régionaux du culte musulman. Ces structures ont pour mission de devenir les interlocuteurs des préfectures et des élus locaux pour tous les sujets ayant trait au culte musulman : construction de mosquées, organisation de l’abattage des moutons pour l’Aïd-el-Kébir, désignation d’aumôniers pour les hôpitaux et les prisons, création de carrés musulmans dans les cimetières, marché de la viande halal, relations avec les représentants des autres religions.

Visage officiel

A l’image de l’islam de France, l’islam de l’Yonne a désormais un visage. Reflète-t-il la réalité ? Pas si sûr : c’est par la taille des mosquées (et salles de prière) qu’a été défini le nombre de délégués appelés à voter. Il est en tous cas désormais le visage officiel de la deuxième religion de France. Si au plan national, la FNMF (Fédération nationale des musulmans de France), liée au Maroc, l’emporte devant l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), proche des Frères musulmans, en Bourgogne et dans l’Yonne, les fondamentalistes arrivent en tête.
Inquiétant ? Pas du tout, rétorquent les différentes représentants des mosquées. « Tous les musulmans pensent la même chose », affirme Ali Zouaghi, de l’association culturelle et cultuelle de Sens et sa région. « Les listes ne sont pas importantes. Il n’y a pas de lutte entre nous. Notre combat est le même. Il est temps de mettre de l’ordre. On ne peut plus faire n’importe quoi, n’importe comment. Tous les musulmans sont d’accord. »
Des propos corroborés par Suat Ulas, de l’Association cultuelle turque migennoise : « Si on veut vraiment travailler pour les musulmans de France, nous avons intérêt à nous entendre. Chacun de nous devra y mettre du sien. Et surtout ne pas faire de la politique, sinon cela ne pourra pas marcher. Il est important pour les musulmans d’avoir des représentants légitimes. Nous attendons des directives précises. Ainsi, on devrait éviter des problèmes comme lors de la dernière fête de l’Aïd. L’organisation a été plus ou moins bonne : on a connu plusieurs jours de retard pour tuer les moutons. »

« Musulmans de France »

A Avallon, même espérance. Aït Kicha, de la communauté marocaine, souligne la symbolique de la terminologie : « Nous ne sommes plus aujourd’hui des musulmans en France, mais des musulmans de France. Nous sommes tout de même cinq millions. Il est important de se faire entendre. A Avallon, nous demandons depuis des années un terrain pour construire une petite salle de prière. Conclusion, nous prions toujours dans une cave. L’élection du conseil ne peut que faire avancer les choses. La religion, si la politique ne s’en mêle pas, ça ne fait que du bien. » Au lendemain de l’élection, l’espoir est donc grand.
En attendant la désignation du recteur Boubakeur à la tête du CFCM, les bureaux régionaux devront se doter de présidents. Dans les régions, aucune liste n’ayant atteint la majorité absolue, le premier de la liste arrivée en tête devrait théoriquement être élu, mais les alliances de dernière minute pourraient réserver des surprises. En Bourgogne, il ne s’agirait pas d’une première !

Véronique Sellès. pour http://www.lyonne-republicaine.fr

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Religion - Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) - Elections

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : « Marée » de déchets après les iftars sur les plages

Les associations de défense de l’environnement dénoncent le non-respect des règles environnementales par certaines familles qui laissent d’importantes quantités de déchets sur les plages après y avoir rompu le jeûne pendant le mois de Ramadan.

Ramadan et diabète : un mois sacré sous haute surveillance médicale

Le jeûne du Ramadan, pilier de l’islam, implique une abstinence de boire et de manger du lever au coucher du soleil. Si ce rite revêt une importance spirituelle majeure pour les fidèles, il n’en demeure pas moins une période à risque pour les personnes...

Maroc : ils paient les dettes des plus pauvres

De jeunes Marocains, influenceurs, artistes et personnalités sont à l’origine d’une initiative visant à soutenir les familles dans le besoin en cette période de ramadan, mais aussi à les aider à éponger leurs dettes.

Ramadan et sport : oui, mais sous conditions

Le sport et le jeûne du Ramadan ne sont pas incompatibles. Bien au contraire, une activité physique modérée durant cette période peut s’avérer bénéfique pour la santé. Mais pour profiter pleinement de ses bienfaits et éviter les risques, il est...

Maroc : Voici la date de l’Aïd al-Adha 2024

Alors que l’Aïd El Fitr marquant la fin du mois de ramadan, a été fêté il y a un peu moins d’un mois, les Marocains sont fixés sur la date de l’Aïd al-Adha.

Chaâbane débute ce dimanche, le ramadan dans un mois

Le premier jour du mois de Chaâbane de l’année 1445 de l’hégire correspond au dimanche 11 février 2024, a annoncé samedi le ministère des Habous et des Affaires Islamiques dans un communiqué.

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

Hijab et football féminin : Le Conseil d’État maintient l’interdiction

L’interdiction du port du hijab lors des compétitions de football féminin, qui est en vigueur depuis 2016, a été confirmée par le Conseil d’État jeudi.

Hajj : une clause "anti-protestation" fait polémique au Maroc

L’introduction par le ministère des Habous et des Affaires islamiques dirigé par Ahmed Taoufiq d’une clause qui oblige le pèlerin marocain pour le hajj 2024, un des cinq piliers de l’islam, « à ne pas protester même en cas de retard de l’avion », fait...

La Nuit du destin ou laylat al qadr, qu’est ce que c’est ?

La nuit du destin est citée par le Coran comme étant meilleure que mille mois (83 ans et 4 mois). D’après le prophète Mohammed, cette nuit est l’une des nuits impaires des dix derniers jours du mois de Ramadan, soit celles du 21, 23, 25, 27 ou celle du...