Après 9 mois, enfin un Conseil à l’écoute des 3 millions de MRE

1er janvier 2008 - 14h56 - Maroc - Ecrit par : L.A

Neuf mois de préparation, quatre séminaires, un questionnaire envoyé à une dizaine de milliers d’émigrés marocains éparpillés aux quatre coins du monde, des dizaines d’auditions directes dans leurs lieux de résidence pour écouter leurs doléances et leurs attentes..., la constitution du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) n’a pas été une mince affaire.

Et un laborieux travail attend encore ses 37 membres (en attendant la désignation des autres), dont le président Driss El Yazami et le secrétaire général, Abdallah Boussouf, nommés par le Roi le 21 décembre.

Le vœu du Souverain, et rêve longtemps caressé par les milieux des droits de l’homme au Maroc et par une myriade d’associations de MRE, était de doter le Maroc d’une structure permettant aux trois millions de Marocains de l’étranger (10% de la population légale du Maroc) de participer à la marche des affaires de leur pays d’origine. D’apporter une richesse, non pas seulement économique - ces Marocains refusent d’être assimilés à de simples pourvoyeurs de devises -, mais aussi politique, sociale et intellectuelle.

Le groupe de travail attaché au Conseil consultatif des droits de l’homme (CCDH), constitué de Driss El Yazami, M’barek Bouderka, Driss Ajbali, Mohamed Berdouzi et Mohamed Soual, renforcé par une équipe d’experts, a rencontré dans son travail de consultation deux grosses difficultés. Primo, la grande dispersion de la communauté marocaine installée sur les cinq continents. Une véritable frustration pour ledit groupe de travail, qui a eu du mal à choisir des éléments au détriment d’autres dans l’éventail des potentialités et des compétences que cette communauté recèle. Qui choisir, qui écarter ? Un casse-tête pour la résolution duquel il était inévitable de faire des mécontents. « Quel que soit le nombre de membres à intégrer dans ce conseil, a déclaré M. El Yazami à La Vie éco, notre défi était d’essayer de profiter et de diversifier au maximum ces compétences. L’autre défi est d’intégrer, même s’ils n’en sont pas membres, d’autres compétences pour notre travail futur. Notre credo, comme le stipule le dahir de constitution du conseil, est l’ouverture à toutes les potentialités. »

Même de deuxième et troisième générations, ils restent attachés à leur pays d’origine

Constat important fait par le groupe de travail : la majorité des MRE, même de la deuxième et troisième générations, reste très attachée à son pays, la forte tendance à se faire naturaliser dans les pays d’accueil n’altérant en rien le sentiment d’être avant tout Marocain. Cette population, qui appartient par ailleurs à différentes sphères d’activités, aussi bien économique, culturelle, sociale que sportive (le cas du talentueux footballeur Michael Chrétien Basser, qui a préféré la sélection marocaine à la française, est révélateur), ont leur mot à dire.

Cela dit, l’émigration marocaine s’est beaucoup féminisée, un Marocain sur deux est une femme, et il serait discriminatoire de ne pas intégrer les compétences féminines dans la constitution du conseil, à tout le moins d’écouter leurs avis si elles n’en sont pas membres. Neuf femmes sur les 37 membres déjà désignés font partie du CCME, toutes ont parfaitement réussi leur carrière. « Les quatre séminaires organisés par le groupe de travail avaient d’ailleurs comme objectif de détecter ces talents, et, parmi eux, des femmes de qualité se sont fait remarquer, il faut le reconnaître », relève Mohamed Soual, membre du groupe du travail attaché au CCDH.

Du côté des messieurs, les profils choisis appartiennent à différents horizons, et ils sont tous parfaitement intégrés dans leurs pays d’accueil : du journaliste Abdelghani Dadès, résidant au Canada, à Mohamed Moussaoui, ingénieur en France, en passant par le chercheur en herméneutique coranique contemporaine Rachid Benzine. Le choix n’était pas facile, reconnaissent les membres du groupe de travail. Driss El Yazami, connu pour sa capacité à surmonter les difficultés et à concilier les points de vue contradictoires, a relevé le défi.

La seconde difficulté que le groupe de travail avait à gérer est le timing : on sait que 2007 a été une année d’élections (législatives) au Maroc, et que la représentation politique des MRE dans les institutions du pays a été annoncée au plus haut niveau. Ce vœu, en raison de difficultés techniques, n’a pas été exaucé : des milliers de MRE ont manifesté leur déception et n’ont plus voulu entendre parler d’un conseil qui n’était pour eux qu’« un rouage sans lendemain ». Il a donc fallu, nous explique-t-on, déployer d’intenses efforts pour convaincre les récalcitrants que le conseil « était la meilleure instance à même d’associer la communauté marocaine de l’étranger à la gestion des affaires de leur pays. »

Doté de larges compétences pour jeter les ponts entre la communauté des Marocains de l’étranger et le pays d’origine, en l’occurrence choisir les 13 membres restants du conseil (comme stipulé par les statuts) pour les quatre ans à venir (après la fin de ce mandat, le choix des membres se fera par élection), le CCME doit faire des choix urgents. D’abord, selon son président, « préparer l’infrastructure nécessaire pour que le conseil se mette en marche. En termes de philosophie de travail, nous voulons pérenniser l’approche participative qui a prévalu pendant la période préparatoire. Le but du conseil est de continuer à intégrer dans sa démarche et sa réflexion les avis différents de toute cette communauté qui vit en dehors du Maroc, tout en essayant d’accompagner les mutations radicales que vit cette communauté ». Et la représentation politique de la communauté marocaine de l’étranger ? « C’est une question, répond M. El Yazami, que nous avons posée à la réflexion dans nos séminaires et dans nos consultations, elle occupera une partie de notre agenda de travail. ».

La vie éco - Jaouad Mdidech

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) - Driss El Yazami - Abdellah Boussouf - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Opération Marhaba : les chiffres de l’année dernière largement dépassés à Algésiras

Depuis le lancement de l’Opération Passage du Détroit (OPE) le 15 juin dernier, près de 275 000 passagers et 68 000 véhicules ont embarqué depuis les ports espagnols en direction du Maroc d’après les données fournies par la Protection Civile espagnole.

Impôts : des procédures simplifiées pour les MRE

La simplification des procédures administratives pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE) a permis à ces derniers de se mettre à jour vis-à-vis de l’administration fiscale, a déclaré Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des finances.

Voici le guide fiscal des MRE (2024)

La Direction générale des impôts (DGI) met à la disposition des Marocains résidant à l’étranger (MRE) un guide fiscal renseignant sur les différentes dispositions, notamment celles concernant les droits d’enregistrement et de timbre, la taxe sur la...

Décès de Malika El Aroud, « La Veuve noire du Jihad »

Malika El Aroud, condamnée pour terrorisme en 2008, est décédée à l’âge de 64 ans. Cette femme, qui avait la double nationalité belge et marocaine, avait été déchue de sa nationalité belge en 2017 pour avoir « gravement manqué à ses devoirs de...

La CTM rachète Africa Morocco Link

Le groupe d’Othman Benjelloun, O Capital Group, redistribue les cartes dans le secteur du transport maritime marocain. La Compagnie de Transports au Maroc (CTM) s’empare en effet de la participation majoritaire (51 %) d’Africa Morocco Link (AML)...

Eurovision : triomphe de Loreen, doigt d’honneur pour la Zarra (photo)

La Suédoise Loreen a triomphé au Concours de l’Eurovision de la Chanson avec sa mélodie intitulée “Tattoo”, inscrivant ainsi une nouvelle page dans les annales du concours. La chanteuse d’origine marocaine a remporté la compétition pour la deuxième...

Marocains du monde : est-il interdit d’introduire des médicaments au Maroc ?

Les services de la Douane marocaine interdisent l’introduction au Maroc de médicaments, sauf pour les besoins personnels. A cet effet, certaines dispositions doivent scrupuleusement être respectées.

Les MRE et la détaxe, ce qu’en dit la Douane

De très nombreux Marocains résidant à l’Etranger effectuent des achats quand ils sont en vacances au Maroc. Ces achats peuvent-ils faire l’objet d’une détaxe, c’est-à-dire donner lieu au remboursement, à ces acheteurs, de la Taxe sur la Valeur ajoutée...

Aide au logement : succès auprès des MRE

Le programme d’aide directe au logement « Daam Sakane », lancé le 2 janvier 2024, est un succès, notamment auprès des MRE, assure Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, lors du point de presse hebdomadaire à l’issue du conseil de gouvernement.

Les joueurs binationaux, une fierté et une force pour le Maroc

Le Maroc doit en grande partie son parcours historique à la coupe du monde au Qatar à ses joueurs binationaux comme Achraf Hakimi, Hakim Ziyech, Sofyan Amrabat, Noussair Mazraoui, Abdessamad Ezzalzouli, Bilal El Khannouss, Sofiane Boufal, etc., qui ont...