Lors du match opposant l’Algérie au Liberia pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, le commentateur sportif algérien Hafid Derradji a ravivé les tensions concernant l’origine du zellige et suscité la colère des Marocains.
La course au poste de directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, les Sciences et la Culture (UNESCO) a commencé. Le Maroc et l’Egypte sont les deux pays arabes candidats. Le premier avec son ambassadrice permanente à l’UNESCO, Aziza Bennani, et le second avec son ancien ministre de la Culture, Farouk Hosni, un artiste peintre abstrait. Jamais encore un pays arabe n’a dirigé cet organisme depuis sa création en novembre 1945. À deux ans des élections, octobre 2009, la bataille pour ce poste, qu’occupe actuellement le Japonais Koïchiro Matsuura, fait rage.
L’Egypte est le premier pays à ouvrir les hostilités en accusant le Maroc de faire de la concurrence déloyale à un frère arabe. Et pourtant, le Maroc a déposé sa candidature six mois avant celle de l’Egypte. Vraisemblablement, le ministère des Affaires étrangères égyptien n’en a pas été informé. Car, si c’était le cas, selon l’hebdomadaire égyptien de langue française El Ahram, la présidence de la République d’Egypte n’aurait pas proposé son candidat.
Rien n’est moins sûr. Puisque, lors de précédentes élections de l’Unesco en 2000, le candidat égyptien, Dr Ismaïl Séragueddie, directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie, briguait la direction de cet organisme aux côtés d’un autre candidat arabe, Dr Ghazi Al-Qosseby, ambassadeur d’Arabie saoudite à Londres. Là encore, la presse égyptienne commente. La candidature du Dr Ismaïl Séragueddie était une initiative personnelle. Les choses sont différentes avec Farouk Hosni, puisqu’il a été désigné par l’Etat égyptien pour le représenter.
L’Egypte demande, donc, le retrait du Maroc de la course pour éviter la dispersion des voix du groupe arabe, au sein du conseil exécutif de l’UNESCO, qui comprend les 85 Etats disposant du droit de vote sur un total de 193 pays membres. Et, tous les moyens sont permis pour le dissuader. Il ne passe pas, un jour sans que la presse égyptienne ne titre sur le soutien d’un tel pays ou d’une telle personnalité à la candidature de Farouk Hosni. Sans parler de la campagne de dénigrement menée contre Aziza Bennani.
Or, les compétences et la connaissance des affaires culturelles de Mme Bennani, ambassadrice permanente du Maroc auprès de l’Unesco, ne sont plus à prouver. En atteste sa dernière élection, le 24 octobre 2007, à la présidence de la 16ème Assemblée générale sur les Etats parties à la Convention sur la protection du patrimoine mondial culturel et naturel. Une convention reconnue comme « programme phare » de l’Unesco. Elle était aussi la première femme arabe à être élue, en novembre 2001, pour un mandat de deux ans, Présidente du Conseil exécutif de l’UNESCO. Son passage n’est pas passé inaperçu. Jean-Louis Debré, président de l’Assemblée nationale française, a déclaré, dans une soirée hommage en novembre 2003, qu’Aziza Bennani a donné à la tête du Conseil exécutif une image d’intelligence et de sérieux, de ténacité et d’ouverture.
Au Maroc, les brillantes qualités intellectuelles et linguistiques de cette diplomate sont connues et reconnues. Réputée pour sa sobriété et son efficacité, cette native de Rabat, âgée de 64 ans, est la première femme marocaine à être nommée en 1988 doyenne de la faculté des lettres et sciences humaines de Mohammedia. Son engagement pour les plus démunis lui confère la nomination, en 1994, Haut commissaire aux handicapés avant de devenir, en 1997, secrétaire d’Etat à la culture.
Docteur ès Lettres en littérature espagnole des universités Mohammed V à Rabat et Paris X Nanterre, Aziza Bennani a à son actif une panoplie de communications et publications sur la littérature et les civilisations hispaniques ou hispano-marocaines, la condition de la femme ou encore la culture de la paix. Membre de groupes d’experts intergouvernementaux pour l’élaboration de différentes conventions internationales comme celle du Patrimoine oral et immatériel de l’Humanité et de la diversité culturelle, elle est aussi conseillère auprès du Groupe de Haut Niveau des Nations Unies pour l’Alliance des Civilisations.
Comme membre du secrétariat permanent du Forum des femmes de la Méditerranée à Turin, elle a dénoncé les préjugés, « les discours radicaux, les extrémismes de tous bords qui veulent accaparer les textes sacrés et légitimer des idées discriminatoires ». Elle s’est vu décerner plusieurs distinctions, dont Officier et Chevalier de l’Ordre du Trône « Wissam Alaouite » au Maroc, Lazo de Dama de l’Ordre du Mérite civil en Espagne, Ordre du mérite culturel au Portugal et Chevalier de la Légion d’honneur en France. Le 21 mars 2006, elle s’est vu attribuer le diplôme de Docteur Honoris Causa de l’université Lumière Lyon 2 en France. Ce diplôme, l’un des plus prestigieux, est, habituellement, dédié à des personnalités qui rayonnent au sein de leur propre pays comme à l’extérieur. Sans conteste, Aziza Bennani a toutes les chances d’emporter les élections. Elle sera, ainsi, la première femme et la première personnalité arabe à accéder à la tête de l’UNESCO.
Entretien avec Aziza Bennani : “Je reste optimiste”
Où en êtes-vous, alors que l’Egypte a déjà entamé sa campagne pour attirer le maximum de soutien à son candidat ?
A chacun sa méthode de travail, sa conception et sa stratégie. Les choses sérieuses vont lentement, comme dit le proverbe chinois. On est à deux ans des élections et les candidatures sont toujours ouvertes et peuvent dépasser la dizaine au mois d’avril 2008.
Y a-t-il une procédure spécifique de vote ou alors c’est la conférence générale qui procède à l’élection ?
Une fois les candidatures établies, le Conseil exécutif s’emploie à examiner l’itinéraire culturel et scientifique des candidats avant de les inviter, chacun de son côté, à présenter son programme d’action, sa vision et les améliorations à apporter au sein de l’institution. Il est habilité à choisir, sur la base des données recueillies, le candidat qui lui paraît le mieux qualifié à ce poste et le proposer à la Conférence générale, qui a le dernier mot. Soit elle entérine le candidat voté par le Conseil qui comprend 58 membres, ou alors elle procède au vote par le biais de ses 193 membres.
Votre ancien poste à la tête du Conseil exécutif renforce-t-il aujourd’hui vos chances de gravir le sommet de la hiérarchie culturelle mondiale ?
Bien qu’il soit trop tôt pour évaluer les chances de tel ou tel candidat, je reste très optimiste. Mais à condition que les efforts marocains s’intensifient sur plusieurs niveaux les deux prochaines années. Quant à ma présidence du Conseil exécutif, il faut dire qu’elle était chargée d’abnégation, de rigueur et de détermination. Une conduite qui m’a valu la médaille d’or de l’UNESCO, un geste d’autant plus significatif que cette même médaille a été remise au président français Jacques Chirac. Une grande fierté pour moi et, surtout, pour le Maroc.
Maroc Hebdo - Loubna Bernichi et Ahmed Elmidaoui
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