Avec ces 3,5 milliards DH, les sociétés pétrolières pourront souffler mais certainement pas pour longtemps car il restera encore 6,5 milliards DH d’arriérés. Dès le mois d’avril dernier, le groupement des pétroliers du Maroc (GPM), qui représente 86% de l’activité du secteur, avait tiré la sonnette d’alarme par rapport au rythme auquel évoluaient les arriérés, qui étaient à cette date-là de 5,5 milliards de DH.
A cette époque, les professionnels prévoyaient déjà que l’année allait se terminer sur un volume de 10 milliards de DH. Leur argumentation était très simple : alors que l’Etat avait instauré, dès fin 2006, et en accord avec les opérateurs, des versements mensuels d’un milliard de DH, le déficit mensuel de la Caisse de compensation, sous l’effet de la flambée des cours du baril, affichait, depuis janvier 2008, un niveau largement supérieur à un milliard et plus proche de 1,5 milliard. Pour les mois de mai, juin, juillet et août, le déficit a même dépassé la barre des 2 milliards de DH.
La caisse devra réduire le délai de liquidation des dossiers
Certes, les pouvoirs publics ont été sensibles à l’appel des pétroliers et ont augmenté de manière conséquente les versements mensuels, qui sont passés de 1 à 1,5 milliard, sans compter 2,7 milliards qui avaient été versés au mois de mai.
L’enveloppe totale versée aux sociétés pétrolières s’est finalement élevée, depuis janvier 2008, à près de 14 milliards de DH. Tout cela n’a pourtant pas permis d’endiguer les effets de la flambée : les arriérés sont montés en flèche, passant, en l’espace de 8 mois, de 4 à 10 milliards.
Mais la flambée n’explique pas tout. Que ce soit du côté des professionnels ou du côté de l’administration, on est d’accord sur le fait que la lenteur des procédures, du traitement des dossiers de liquidation et du règlement de la part du Trésor y contribuent aussi. A la Caisse de compensation, on reconnaît volontiers que le délai incompressible pour la liquidation des dossiers est de deux mois. En d’autres termes, à la fin de l’année, et quand bien même les dossiers auraient été traités à temps, il y aura au moins deux mois de décalage. Au GPM, on estime que ce délai est trop long et que la direction de la caisse devra faire un gros effort en la matière.
Et quand la caisse a fini son travail, il reste la partie déblocage des fonds qui relève du ministère des finances, et précisément de la direction du Trésor et des finances extérieures, dont le visa est nécessaire pour la validation de l’opération de virement des fonds. A ce niveau également, il y a souvent du retard.
Concernant le versement opéré mardi 23 septembre, par exemple, « cela faisait déjà plusieurs semaines que la direction du Trésor nous promettait chaque jour un versement pour le lendemain », révèle un opérateur.
Un problème de disponibilité des fonds ? Possible, mais, avec le décret promulgué en juillet dernier pour une rallonge de 14 milliards de DH au budget de la caisse, le problème devrait être momentanément résolu. Dans cette enveloppe, près de 10 milliards DH devraient aller aux seuls pétroliers.
Source : La vie éco - S. B.