« Comment sortir du monde ? » C’est le titre du tout premier roman du Franco-marocain Marouane Bakhti, paru aux Nouvelles Éditions du réveil en mars 2023. Il y raconte la vie, telle qu’elle vient, dans une famille biculturelle. Un récit éblouissant.
Frédéric Flamand est wallon. Il a créé Charleroi Danses et dirige le Ballet de Marseille. Alain Platel, nom plus français, travaille à Gand, chef de file de la nouvelle danse flamande. Anne Teresa De Keersmaeker, flamande, travaille à Bruxelles. Sidi Larbi Cherkaoui, belge à nom maghrébin, est né à Anvers en 1976 d’un père marocain venu en Belgique dans les années 60, et d’une mère flamande. Ce danseur chorégraphe a appris son Coran, mais ne s’est « jamais senti arabe car j’ai la peau blanche ». Un temps, il se teignait en platine « pour être un arabe blond. Je n’ai jamais connu frontalement le problème de l’intégration ».
Bref, sa double origine n’a jamais été un problème, ni son homosexualité. Il a débuté dans des émissions de variétés télé. A 17 ans, il est de la compagnie des Groovies, à Alost. Son univers, c’est la famille Jackson et ses danses glissées reprises de James Brown et du smurf. A 20 ans, il découvre la danse contemporaine à l’école PA.R.T.S. d’Anne Teresa De Keersmaeker. Il concourt au meilleur solo de danse belge lancé à Gand par Alain Platel, gagne et intègre les Ballets contemporains de la Belgique.
En 2000, il se lance dans la chorégraphie avec Rien de rien qui l’institue d’emblée, mêlant déjà théâtre, danse et musique. Il associera des musiciens à sa création, de l’ensemble marocain Weshsm au groupe de musique ancienne Micrologus.
Avec des danseurs de chez Sasha Waltz, chorégraphe allemande, il crée également le premier boys band médiéval. Après l’ouverture forcée d’une première génération d’artistes, wallons ou flamands, des nerveux qui ont fait l’effet de brise-glace (Anne Teresa De Keersmaeker, Jan Fabre, Wim Vandekeybus, Alain Platel…), Sidi Larbi Cherkaoui, qui affine son propos au fil des créations, en Belgique ou pour les ballets de Monte-Carlo, de Genève, pour Avignon, est un de leurs héritiers.
Il n’est pas le seul. Le Belgo-Burkinabé, Serge-Aimé Coulibaly est aussi dans le mouvement. Il suffira d’aller au premier festival international de danse contemporaine de Bruges (du 1er au 15 décembre) pour mesurer la vitalité de cette nouvelle génération. Justement, c’est Sidi Larbi Cherkaoui qui est le curateur de la première édition. Ses invités s’appellent Akram Khan, Jurij Konjar, Shantala Shivalingappa, Lisi Estaras, Joanna Dudley, Meg Stuart, Thierry De Mey, Erna Omarsdottir, Louise Lecavallier…
Libération.fr - Marie-Christine Vernaye
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