
Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue « l’boufa » qui détruit les jeunes marocains en silence.
Le dernier rapport de l’Office des Nations Unies de lutte contre la drogue et la criminalité place le Maroc en tête des pays producteurs de résine de cannabis ou de chira ; mais il montre également une réduction des régions de culture dans tout le pays.
Le rapport annuel mondial sur la drogue examine la production et la vente de drogues illicites dans le monde. Publié vendredi 26 juin, il indique que le gouvernement marocain a fait état de 60 000 hectares consacrés à la culture du cannabis l’an dernier, contre 76 400 hectares en 2005 et 134 400 hectares en 2003.
Dans une déclaration à Magharebia, le porte-parole du gouvernement Khalid Naciri a affirmé que cette diminution était due au fait que les pouvoirs publics avaient "fait leur devoir" concernant les conséquences économiques et sanitaires du trafic illégal de stupéfiants.
Cette année, les autorités marocaines ont mis la main sur un chiffre record de 32,2 tonnes de chira lors d’une seule opération. La cargaison illicite a été saisie dans le port de Casablanca, et était destinée à l’Espagne.
Ce rapport signale également une baisse dans la quantité de chira saisie au Maroc : 440 747 kg entre 2005 et 2007, contre 468 727 kg entre 2002 et 2004. Selon ce rapport, l’Afghanistan se classe deuxième, avec 440 747 kg durant la même période 2005 à 2007.
En 2007, sur la quantité totale de cannabis saisie par les autorités dans le monde, 4 pour cent l’ont été au Maroc, précise le rapport, contre 39 pour cent au Mexique. Par ailleurs, la quantité de chira saisie a été de 9 pour cent au Maroc, contre 50 pour cent en Espagne.
Bien que ce rapport indique une réduction des surfaces de culture, leur importance inquiète encore les pouvoirs publics et les spécialistes.
Près de 21 pour cent de la chira en circulation dans le monde entre 2005 et 2007 avaient été exportés du Maroc, précise ce rapport. Ce chiffre n’était que de 17 pour cent entre 2002 et 2004. L’Afghanistan se classe deuxième avec 9 pour cent.
"Bien que ce rapport parle de diminution des zones de production de cannabis", explique Mohammed Hammouchi, vice-président de l’Association rifienne des droits de l’Homme, "il montre aussi une augmentation des quantités saisies ; le pourcentage de production reste élevé. Cela nous incite à douter quelque peu des informations concernant une réduction des terres cultivées, considérant que la mesure de ces superficies ne se fait que par satellites. Les chiffres de ce rapport ne sont que des estimations."
M. Hammouchi explique qu’il n’existe aucune solution immédiate au problème. "Toutefois", a-t-il ajouté, "nous pouvons réduire les volumes de production. Nous devons d’une part envisager de réelles alternatives pour les fermiers des régions récemment concernées par cette récolte, et d’autre part, légitimer l’agriculture dans les régions connues pour leur traditionnelle production, en créant des usages alternatifs pour cette culture, en particulier dans l’industrie pharmaceutique."
Le gouvernement marocain a accentué sa campagne contre les trafics de drogue à la suite de pressions de l’Union Européenne, notamment après que celle-ci eut consenti au Maroc le "statut avancé".
Source : Mohammed Gherbaoui - Magharebia
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