
Des médecins étrangers pourront bientôt exercer au Maroc. C’est ce que vient de confirmer le ministre de la Santé Khaled Ait Taleb.
L’affaire fait l’objet d’une instruction pour homicide involontaire, à Bruxelles, chez le juge, Berthe Bernardo Mendez. De retour du Maroc où se sont déroulées les funérailles de l’enfant mort à Bruxelles, les parents ont fait choix d’un avocat, Me Bernard Tieleman, qui se constituera partie civile.
Lakhdar Hammouti, le papa, résume : "Le mardi matin, mon fils était pareil aux autres jours. L’après midi, mon épouse a constaté qu’il y avait un problème et elle s’est présentée dans un centre médical où, comme elle n’avait pas rendez-vous, on lui a dit, sans autre façon, de revenir plus tard. Le soir, notre fils était mort. Le lendemain, nous l’avons retrouvé à la morgue sans son coeur qu’on lui avait retiré. J’ai vu mon fils. Son coeur était à côté du corps."
Le médecin chef nous a dit qu’il y avait eu une confusion, qu’on avait retiré le coeur par erreur et qu’il en assumait l’entière responsabilité. Les parents disent n’avoir jamais marqué leur accord mais déjà la veille, l’hôpital leur avait demandé, en insistant, qu’ils donnent leur feu vert pour l’autopsie et un éventuel prélèvement d’organes. Le médecin chef, disent-ils, a encore insisté à la morgue, demandant aux parents d’autoriser l’hôpital à prélever les valves ou valvules sur le coeur de leur fils.
Pour atténuer notre douleur, explique Lakhdar Hammouti, la morgue avait engagé un médiateur marocain ou tunisien et préparé des rafraîchissements. En substance, Lakhadar Hammouti a répondu au médecin chef : "Écoutez, je parle le français comme vous. Je vous demande depuis hier de ne pas toucher à mon fils. Comment dois-je vous faire comprendre ? "
Le coeur n’a pas été remis avec le corps. Selon les parents, l’organe est resté à Bruxelles. La dépouille incomplète a été enterrée à Oujda où Mohammed, décédé à l’âge de 21 jours, a rejoint le tombeau familial. Le couple s’était marié l’an passé. "Le seul accord que nous ayions donné portait sur une radiographie et une éventuelle prise de sang."
Le parquet de Bruxelles parle d’une "erreur hospitalière" liée à la présence, à la morgue, de trois bébés, dont un dont les parents autorisaient d’éventuels prélèvements. "Puisque le médecin chef de l’hôpital disait qu’il assumait l’erreur, je lui ai demandé de le mettre par écrit. Mohamed est décédé le 12 juin, nous l’avons enterré à Oujda et nous rentrons du Maroc : je ne trouve rien dans le courrier."
"Pas de rendez-vous ? Revenez dans deux heures"
L’affaire va plus loin. La maman, c’est vrai, s’exprime avec difficulté en français. Mais comment le centre médical auquel elle s’adressait avec son enfant malade a-t-il pu la renvoyer au prétexte qu’elle n’avait pas rendez-vous, et lui dire de repasser en fin d’après midi, dans un quartier bruxellois - celui de la place Saint-Antoine à Forest - à forte présence immigrée ?
"On lui a dit de revenir à 17h40. Aïcha a attendu. Quand elle est revenue avec le bébé, Mohamed était tout bleu. Le centre médical a alerté le 100 qui a envoyé deux ambulances, dont une de réanimation, mais il était trop tard."
Pour les parents, la barrière linguistique rencontrée dans une maison médicale, en faisant perdre deux heures à un enfant en danger de mort, est à l’origine du décès. Au parquet, l’instruction est ouverte pour homicide involontaire.
La Dernière Heure - Gilbert Dupont
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