Après avoir porté son capital, durant l’été 2007, à 6,5 milliards de DH en marge d’une injection d’argent frais de 1,4 milliard, Autoroutes du Maroc (ADM) s’attend, à partir de mars 2008, à un nouveau renflouement de 1,24 milliard de DH devant hisser le capital, cette fois-ci, à 7,75 milliards de DH. Il faut dire qu’avec des projets et chantiers qui s’accélèrent, le concessionnaire du réseau autoroutier marocain n’a d’autre choix que de solliciter le concours des deux actionnaires majoritaires qui, depuis plusieurs années, sont pratiquement les seuls à suivre les recapitalisations successives.
En effet, l’émission de 2,476 millions d’actions nouvelles d’un nominal de 500 DH sera réservée, d’une part, à hauteur de 600 MDH, au Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Celui-ci honore, ainsi, le dernier apport de la quatrième convention signée en 2006 avec ADM pour un montant de 2 milliards de DH et portant sur la réalisation de l’autoroute Fès-Oujda. L’Etat marocain, pour sa part, souscrira pour 608 MDH, dont 320 MDH étaient déjà programmés au titre de la dernière tranche de 1,6 milliard de DH convenue dans un contrat programme signé en 2004. Le reste - c’est la nouveauté de cette année - est une contribution additionnelle de 288 MDH inscrite au chapitre des « charges communes » de la Loi de finances 2008 et ce, en compensation de l’augmentation de TVA introduite par ladite loi. L’Etat réalloue ainsi au financement d’ADM la surtaxation des péages autoroutiers que celle-ci devrait collecter auprès des usagers. Enfin, 30 MDH sont proposés aux autres actionnaires (BCP, Samir, Kuwait Investment Authority, BMCE Bank, RMA Watanya, Onep...). A l’issue de cette énième recapitalisation, le Fonds Hassan II restera majoritaire à 60%, contre près du tiers du capital pour l’Etat marocain qui devrait reprendre ses concours à partir de 2009, en vertu d’un nouveau contrat-programme 2009-2014 en cours de finalisation et portant sur 2 milliards de DH.
Le Fonds Hassan II reste majoritaire dans le capital avec 60%
Rappelons qu’en 2006, ADM avait dégagé un résultat bénéficiaire de 35 MDH (contre 20 MDH de déficit un an auparavant) pour un chiffre d’affaires de 800 MDH en amélioration de 22% grâce à une augmentation du trafic sur dessertes existantes et à l’ouverture de nouveaux tronçons. Mais, devant l’ampleur des investissements engagés pour la construction de nouveaux tronçons à une cadence annuelle de 160 km, la société est acculée à étoffer ses financements permanents en pilotant l’équilibre entre ses fonds propres et sa dette presque entièrement libellée en devises. Celle-ci constitue toujours un aspirateur du cash-flow, dépassant la barre des 9 milliards de DH. Un niveau qui vient d’être accru de 320 MDH (50 millions de dollars) par un emprunt contracté auprès du Fonds d’Abou Dhabi pour le Développement et destiné au financement du chantier Oued Inaouen-Taza sur l’autoroute Fès-Oujda. En dépit d’une hausse notable de l’activité en 2007, qui s’est traduite par un chiffre d’affaires de 796 MDH rien que pour les neuf premiers mois de l’année - soit une hausse de 28,6% par rapport aux trois premiers trimestre de 2006-, la société d’infrastructures reste lourdement endettée au regard de ses cash-flows prévisionnels. Elle n’a pourtant d’autre choix que de se plier à la volonté de l’Etat qui, depuis quelques années, pousse dans le sens de la réalisation rapide d’une armature autoroutière rendue nécessaire par le développement de l’activité économique. Actuellement, 784 km d’autoroute sont en exploitation et 558 km en cours de réalisation.
La vie éco - J.B.