« Le Maroc doit poursuivre la mise en œuvre de sa loi sur la régularisation du cannabis, sinon les trafiquants prendront le relais pour poursuivre leur commerce illégal », indiquent Raouf Farrah, analyste principal et Tasnim Abderrahim, analyste à l’Initiative mondiale contre le crime organisé transnational dans une tribune publiée par Enactafrica.org. Selon eux, cette loi régit tous les aspects de la régularisation du cannabis, des conditions de culture à l’importation de graines et à l’exportation de produits, mais les retards dans sa mise en œuvre créent de la frustration et de la méfiance entre les agriculteurs et le gouvernement – et des opportunités pour les trafiquants de poursuivre leur commerce. « Cela a des implications à la fois pour le pays et pour la région en général », font-ils remarquer.
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Rappelant que le Maroc fait partie d’un groupe restreint, mais croissant de pays africains (Eswatini, Ghana, Lesotho, Malawi, Nigeria, Afrique du Sud, Zambie et Zimbabwe) qui cherchent à se positionner sur un marché international légal du cannabis en plein essor, Raouf Farrah et Tasnim Abderrahim font observer que l’attente crée des incertitudes et plusieurs questions restent sans réponse, comme la mesure dans laquelle le futur marché marocain du cannabis licite – que ce soit pour l’exportation ou la consommation nationale – peut absorber le niveau actuel de production. Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, la production d’herbes et de résine a dépassé 24 400 tonnes en 2018.
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L’expert marocain en drogue Dr Khalid Tinasti estime que le potentiel d’exportation de cannabis est susceptible d’être limité, étant donné que le marché international du cannabis médical semble être saturé. D’autant qu’il existe jusqu’à présent peu d’informations sur la quantité de cannabis qui sera utilisée à des fins thérapeutiques et pharmaceutiques sur le marché intérieur. Plusieurs actions urgentes doivent cependant être menées. « Une action décisive pour établir l’agence et donner la priorité à l’engagement avec les parties prenantes et les communautés locales devient plus urgente. S’il est crucial de bien planifier la transition, la lenteur de la mise en œuvre à Rabat alimente l’incertitude et la méfiance des communautés paysannes qui sont si vitales dans cette transition. Plus précisément, les petits agriculteurs craignent d’être laissés pour compte, redoutant la concurrence d’investisseurs puissants », avancent les deux analystes.