La filière des agrumes au Maroc est confrontée à d’énormes difficultés liées à la baisse de production du fait de la rareté des précipitations, ce qui affecte sa présence sur les marchés internationaux.
Nous l’avons rencontrée dans les couloirs du Parlement européen. Souriante, sociable, Alima Boumediène-Thiery est très à l’aise dans son rôle de députée européenne. Cette Franco-marocaine représente la France au niveau européen où elle est également la voix des immigrés et du Maghreb.
Née dans la banlieue parisienne, c’est là qu’Alima Boumediène a grandi, vécu et... continue de vivre. Ses parents, Marocains, sont arrivés en France dans les années 60, emportés par la première vague de l’immigration maghrébine. Adolescente révoltée, aux idées anarchistes, réfractaire à l’éducation “très marocaine et conservatrice” de son père, Alima a depuis son plus jeune âge refusé de se plier aux contraintes de la religion, de la tradition ou de l’origine sociale. Un véritable “refus de l’arabité, de l’Islam et du Maghreb” reconnaît-elle. Aujourd’hui mère de Ghiwane, un petit enfant de 18 mois, elle se rappelle encore, avec un grand sourire teinté de nostalgie, ses affrontements avec sa mère qui, raconte-t-elle, “lui faisait la honte de la suivre au cinéma lorsqu’elle y allait avec des amies, pour surveiller de loin”. C’est donc petit à petit que Alima Boumediène commence à apprécier la valeur de ses origines et la richesse de sa double identité maroco-française. En effet, c’est dès 1979, à l’époque de l’ouverture sur le mouvement associatif en France, qu’elle s’est engagée dans un militantisme associatif d’abord, en faveur des jeunes beurs, répugnant toute notion de “problème d’identité”, “Choc des cultures”, ou autres discours simplistes de ce genre. Défendant l’image d’une jeunesse d’origine maghrébine parfaitement bien intégrée, “avant-garde de la culture française”. Son souci était aussi de promouvoir les dialogues entre générations, garantir le droit des femmes maghrébines en France et contrer toute sorte de racisme ou de discrimination. Son militantisme était assorti de brillantes études supérieures en droit public. Militante purement associative, Alima a quand même été élue pour la première fois en 1995 à Argenteuil, sa ville natale, lors des élections municipales. Sans appartenance politique, elle devient conseillère municipale de la ville. De cette période, Alima raconte (avec une pointe d’amertume) une de ses mésaventures, liées à ses origines maghrébines : “je n’oublierai jamais un soir où je rentrais chez moi avec ma voiture de service de la commune. J’ai été arrêtée par un agent de police qui me soupçonnait de l’avoir volée. J’avais quand même beau lui expliquer que j’étais Conseillère municipale, il en a bien rigolé en lisant mon nom arabe sur ma carte d’identité. J’ai dû le suivre au commissariat d’où on a appelé la Commune pour s’assurer de la vérité de ma déclaration...”. Des “histoires” pareilles, Alima en a des dizaines à raconter. Loin de la décourager cependant, elles ne font que la rendre plus déterminée dans son combat. Ayant fonctionné comme une SAP pendant 3 ans au sein de la Commune, Alima Boumediène a été finalement confrontée aux “limites du militantisme associatif, et à l’indépendance politique surtout dans un espace comme le Conseil municipal”.
L’adhésion à un parti politique s’avérait ainsi de plus en plus urgente. C’est ainsi qu’en 1998, elle adhère au parti des Verts, le parti, dit-elle “le plus proche de mes idées et combats”. Mais sans pour autant abandonner l’action associative “indispensable pour nourrir mes engagements et mon combat politique” précise-t-elle.
Une année plus tard, Alima Boumediène est élue députée européenne. Une franco-marocaine, “immigrée de deuxième génération” comme l’appelleraient les uns, une “beurette” comme elle se nomme elle-même malicieusement... peu importe l’appellation, l’origine sociale de Alima Boumediène doublée d’une réussite incontournable l’imposent, au-delà de la scène politique française, sur la scène politique européenne. Un parcours qui lui aura valu beaucoup de jaloux, d’ennemis même...
Aujourd’hui, Alima Boumediène est la voix du Maghreb et des immigrés (mais pas seulement) au sein de la politique européenne. Au sein du Parlement européen, elle est collaboratrice dans la commission Développement et Coopération, dont les rapports Nord/Sud (Forum Méditerranéen) et le suivi du programme MEDA, dont le Maroc est aujourd’hui le premier bénéficiaire. Elle est également titulaire dans la commission “libertés publiques - Droits des citoyens et Affaires Intérieures” qui touche notamment aux mesures relatives à l’entrée et à la circulation des personnes dans l’espace européen (politiques d’immigration, d’asile, de visas, droit de séjour, regroupement familial...).
Accordant un intérêt particulier au déroulement de la vie politique marocaine, qu’elle suit de très près, Alima s’étonne de la lenteur de la “transition démocratique” dans son pays d’origine : “avec l’avènement du nouveau Roi, on s’attendait à une amélioration plus rapide et plus palpable de la vie politique et sociale au Maroc... mais cela se fait attendre”. Quant à la situation de la femme au Maroc, Alima estime qu’elle s’améliore malgré tout, notamment avec le système des quotas imposé aux partis politiques : “les partis politiques se servent de la femme, certes pour améliorer leur image sur la scène politique nationale... Mais c’est tant mieux, tant que la femme marocaine en profite...”. Militant en faveur d’une Europe plus unie, Alima Boumediène souhaiterait également voir aboutir une Union du Maghreb Arabe effective. Seulement “l’UMA ne peut se faire, souligne-t-elle, avant que le conflit du Sahara ne soit définitivement réglé”.
La gazette du Maroc
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