Son look inchangé depuis son passage à la Sorbonne dans les années 90 (Jean, baskets, pull en laine) ne ment pas. N’en déplaise aux journalistes de la presse féminine qui l’ont élu philosophe-people-à-suivre et à ses étudiantes à Sciences-Po en adoration devant son sourire émaillé, Ali Baddou est plus un éternel étudiant qu’un play-boy littéraire. Alors que le plutôt glamour Beigbeder la joue débauche à Saint-Germain-des-Prés, son remplaçant au « Grand Journal » de Canal+, lui, est plutôt ketchup/mayo au Quartier latin : « J’adore commander à emporter au McDo de la rue Soufflot pour manger en lisant dans les travées du Luxembourg. » A 33 ans, c’est sûr, Ali Baddou, la nouvelle star intello du Paf, n’a toujours pas décroché du Quartier latin.
Une addiction contractée « par accident », il y a une quinzaine d’années. Accident, car au départ, le futur agrégé de philo vit une histoire décousue avec Paris : s’il est bien né dans le 14e, ce fils de diplomate marocain fera sans cesse l’aller-retour entre Paris, le Maroc ou les Etats-Unis au gré des ordres de missions paternels. « Chaque installation parisienne était éphémère, du coup je n’ai jamais eu le temps de m’attacher aux divers quartiers croisés au fil des ans. » Après avoir essayé les quartiers Jourdan (14e), Passy (16e) ou Gobelins (13e), pour ses 17 ans, il refuse de suivre ses parents en Suède et prend une chambre à l’internat du lycée Henry-IV.
Autour du Panthéon, il ne s’épargne alors aucun cliché. Passe ses soirées à la bibliothèque Sainte- Geneviève et part en virées à la Contrescarpe. Fait également marcher la reproduction sociale à plein en s’acoquinant avec quelques fils et filles de, dont le futur chanteur Martin Rappeneau et Mazarine Pingeot, une liaison qui fera planer l’ombre du soupçon sur chacun de ses succès ultérieurs...
On aurait pu croire que son entrée dans le Paf il y a quelques années l’aurait poussé à se boboïser. Pas du tout. Après un « inimaginable » mais court détour par République, Ali Baddou s’est de nouveau installé (à jamais ?) sur les hauteurs de Sainte-Geneviève. Mieux, ses multiples activités médiatiques l’ont obligé à reprendre « posture méditative » et « discipline d’airain » qui étaient siennes dans sa vieille piaule rue Soufflot. Comme quoi un philosophe peut se baigner deux fois dans le même fleuve.
Ses lieux
J’aime... Le Marché des Enfants-Rouges
« J’adore ce lieu, tout d’abord parce qu’il est chargé d’histoire (c’est le plus vieux marché de Paris) mais aussi pour ses tables d’hôtes en terrasse, parfaites pour déjeuner. Mention spéciale également au traiteur marocain qui y fait de superbes tagines pour trois fois rien. »
• 39, rue de Bretagne (3e).
Le bas de la rue Mouffetard
« Quand j’étais étudiant je passais mes soirées du côté de la Contrescarpe et dans les bars environnants. Avec l’âge, je préfère maintenant le bas de la rue Mouffetard, vers la rue de l’Arbalète et la rue Daubenton. J’y fais mes courses, j’y prends le café le week-end ou je me repose dans le square de l’église Saint-Médard. »
Je n’aime pas... Le boulevard de Sébastopol
« On trouve difficilement un axe plus impersonnel, plus pollué et plus embouteillé. Mais le pire, c’est qu’il est à sens unique, dans le mauvais par rapport au Quartier latin, ce qui m’oblige à des détours impossibles pour rentrer chez moi. »
Paris Obs - Timothée Barrière