Les cas de suicide augmentent au Maroc. Plus d’un millier de Marocains se sont donné la mort l’année dernière, selon l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) qui alerte sur un phénomène inquiétant.
Sale temps pour Ahmed Herzenni. Le Président du Conseil consultatif des Droits de l’Homme (CCDH) ne fait plus l’unanimité. Son action ainsi que ses discours sont contestés par les associations de défense des droits de l’Homme et les victimes des années de plomb.
Dans une lettre ouverte, l’Association des Victimes de 20 juin 1981 regrette que Ahmed Herzenni refuse de les recevoir pour discuter de nombreux dossiers en suspens concernant les victimes de juin 1981 qui, pour la plupart, n’ont pas encore reçu des dédommagements financiers et moraux. Créée en mars 2004, cette ONG regroupe les familles et les victimes des soulèvements sanglants de Casablanca qui ont fait des dizaines de morts et de blessés, ainsi que des prisonniers et des disparus.
Cette ONG est soutenue par l’Association marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), qui ne cache plus ses divergences avec le CCDH.
Les déclarations de Ahmed Herzenni à l’émission Hiwar, sur la première chaîne de télévision nationale, y sont pour quelque chose. Beaucoup jugent que l’aveu en direct du militant de gauche sur sa connaissance des projets terroristes du réseau Belliraj était déplacé, voir incompréhensible. Mais, pas seulement. Son discours sur l’évolution des droits de l’Homme dérange aussi. Ahmed Herzenni répète à qui veut bien l’entendre que les progrès réalisés sont à applaudir même s’il y a toujours des écarts. Et, pour l’avenir ? Une question, apparemment, pas à l’ordre du jour. Une attitude qui n’est pas vraiment du goût de l’AMDH.
À la première session du Conseil des droits de l’Homme, ouverte le 7 avril 2008 à Genève, l’AMDH n’a pas mâché ses mots pour exposer les graves violations encore perpétrées au Maroc.
Excuses
L’Organisation marocaine des Droits de l’Homme (OMDH) n’y est pas allée de main morte, non plus. Cet organisme relève que la torture reste une pratique courante entraînant, dans certains cas, des décès. Et ce n’est pas pour arranger les affaires de Ahmed Herzenni que le Forum Vérite et Justice (FVJ) fustige dans une missive destinée aux membres du CCDH la gestion des recommandations de l’Instance équité et réconciliation (IER). « Déjà loin de répondre aux attentes des victimes (…), ces recommandations n’ont même pas été traduites sur le terrain. Il est clair que nous sommes en train de faire du surplace, quand nous ne reculons pas sur certains acquis. »
Parmi les points qui dérangent les responsables du FVJ, la lecture qu’a faite Ahmed Herzenni au sujet des excuses. Pour lui, en déclenchant le processus de réparation des victimes, l’Etat s’est excusé de fait alors que, selon le FVJ, la finalité des excuses est que les crimes ne se reproduisent plus.
Pour sa défense, Ahmed Herzenni se contente de rester optimiste. À un quotidien marocain, il confie que l’objectif du CCDH pour l’année 2008 est d’achever les recommandations de l’IER. Difficile de succéder à un charismatique Driss Benzekri.
Source : Maroc Hebdo - Loubna Bernichi