Affaire Jacques Bouthier : les victimes présumées au Maroc, dénigrées et intimidées

Les ex-employées du groupe d’assurance Assu 2000, au Maroc, affirment subir de fortes pressions de la part de l’entourage de jacques Bouthier, poursuivi pour « traite d’êtres humains » et « viols sur mineurs ».

Même derrière les barreaux, Jacques Bouthier continue de tirer les ficelles. Celles qui ont osé dévoiler le mode opératoire du système mis en place dans le centre d’appel de Tanger, font face actuellement à une campagne d’intimidation qui a pour but de les forcer à abandonner les plaintes déposées contre le patron. « Un mois après avoir intégré [la boite], il a touché mon épaule, se rappelle Nour. Il a glissé sa main vers ma poitrine en disant au nom du ciel, quelle belle beauté, quelle belle poitrine, devant tout le monde. À chaque fois, il vient et fait son tour du patron. C’est comme au marché. S’il y en a une qui lui plaît, il va voir directement les responsables ».

Jacques Bouthier est soupçonné d’avoir mis en place au Maroc, un réseau de prédation sexuelle dans son centre d’appel de Tanger. Samia travaillait chez Assu 2000 à Tanger. Elle fait partie des femmes qui ont porté plainte contre l’homme qu’elle décrit comme un véritable prédateur sexuel. « J’ai reçu un appel sur mon téléphone du travail, c’était Jacques Bouthier. Il me dit qu’il veut recevoir des photos de moi, sans vêtement, nue. Je lui dis non. Là, il me demande de trouver quelqu’un d’autre, une petite sœur, une cousine ou une copine », explique-t-elleà Franceinfo

La jeune femme confie avoir fait part de la situation aux responsables de l’entreprise qui ont totalement banalisé comme si cela n’avait rien de surprenant.« J’ai signalé au directeur des acquisitions. Il a souri et m’a dit c’est Jacques. On le connaît tous. » Elle souligne que depuis, la vie des victimes marocaines de Jacques Bouthier est devenue un enfer.

« Depuis la conférence de presse, on subit des pressions. Ils disent qu’ils ont des dossiers à balancer sur nous, que je suis une schizophrène. Ils ont même appelé ma mère et l’ont convoquée pour lui dire que j’étais une pute. Ils ont envoyé des gens chez moi. Ils sont passés par un journal local de Tanger pour donner une bonne image de Jacques Bouthier. J’ai des enregistrements où le responsable commercial vient me voir dans un café pour me dire que lui est gentil mais que la prochaine fois, j’aurai affaire à des méchants de France ».

Malgré les intimidations et la pression, les victimes tangéroises sont décidées à aller jusqu’au bout. Elles invitent les autres femmes qui ont peur des représailles à sortir de l’ombre pour se faire connaître. « Parlez, s’il vous plaît, portez plainte ! On est là pour vous. Comme vous, vous serez là pour nous. On va rester solidaires. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent. Ils peuvent sortir les rumeurs qu’ils veulent. Nous, on sait qu’on ne ment pas, on est sereine, on a des preuves et on veut que justice soit faite », conclut Samia.