Ce dynamisme se répercute sur la sous-traitance qui, au Maroc, est en plein essor. Parmi les atouts du Royaume, sa proximité avec l’Union européenne, le faible coût de la main d’œuvre, ainsi que la volonté gouvernementale de développer ce secteur. Conclusion, le pays est aujourd’hui une destination prisée par les acteurs de l’aéronautique. Ces derniers peuvent être regroupés en trois catégories principales. Les avionneurs et motoristes, principaux donneurs d’ordres, conçoivent l’architecture des grands systèmes et fabriquent les moteurs. Airbus et Boeing en sont les représentants les plus notoires. Les principaux sous-traitants de cette catégorie au Maroc sont EADS Maroc Aviation et Snecma Morocco Engines Services (Smes). A eux seuls, ces deux intervenants ont généré en 2006 près de 630 millions de DH, avec un effectif de 465 personnes.
La seconde catégorie regroupe les équipementiers et fabricants de sous-systèmes et composants. Ceux-ci traitent directement avec les donneurs d’ordre, et sont chargés de la conception et de la réalisation de sous-ensembles complets, tels les trains d’atterrissage ou les systèmes électroniques de vol. Safran, Zodiac ou Honeywell figurent parmi les grands équipementiers mondiaux. Sur le sol national, les principales performances ont été réalisées par Matis Aerospace (500 millions de DH de chiffre d’affaires) et Labinal (180 millions) pour l’année 2006. A noter que ces deux entreprises sont toutes les deux filiales du groupe Safran.
Enfin, la troisième catégorie regroupe les entreprises de sous-traitance de capacité - qui interviennent lorsque le donneur d’ordre est dans l’incapacité de répondre au flux de commandes dans les délais impartis- ou de spécialité, quand le constructeur estime ne pas disposer du savoir-faire adéquat pour fabriquer un produit donné ou réaliser une prestation. Au sein du Royaume, les principales entreprises représentant ce segment sont SERMP (Piston Français), AMP (AD Industrie), ou encore EC2M. Les activités tournent autour de la mécanique de précision, du décolletage ou de la tôlerie.
Le segment de la sous-traitance est actuellement très porteur au Maroc, alors qu’il y était quasiinexistant au début des années 2000. La croissance annuelle de ce marché est estimée à 20%. En trois ans, le nombre d’entreprises sous-traitantes a doublé. A fin 2007, plus de quarante entreprises étaient présentes sur le territoire national, pour le compte de donneurs d’ordre basés en Europe et outre-Atlantique.
Les conventions signées durant le 47e Salon international de l’aéronautique à Paris ont entériné la vague de délocalisations. Celle-ci se caractérise par la présence d’opérateurs français en particulier, travaillant le plus souvent pour leur maison mère, à part quelques filiales indépendantes.
Pratiquement toutes les entreprises marocaines travaillant dans la sous-traitance aéronautique ont une vocation exportatrice. 46% de la production nationale est destinée à l’étranger, dont 39% vers la France et 5% vers les Etats-Unis. L’export se fait, soit directement, soit via une sous-traitance de rang inférieur, pour des sociétés exportatrices déjà établies sur le sol marocain.
En 2006, le marché de la sous-traitance aéronautique a réalisé près de 3 milliards de DH de chiffre d’affaires. Le nombre de salariés employés dans ce secteur s’élève à plus de 5000 personnes.
Les entreprises représentant le secteur sont établies pour la plupart sur l’axe Casablanca-Rabat, ainsi que dans la zone franche de Tanger. Le technopôle de Nouaceur regroupe 90% du chiffre d’affaires et près de 70% des emplois.
L’industrie aéronautique installée au Maroc devrait produire un chiffre d’affaires de l’ordre de 12 milliards de DH durant les dix prochaines années. La création d’emplois estimée sur cette même période est de l’ordre de 15.000 postes hautement qualifiés.
Par ailleurs, selon la loi de Finances 1998/99, les entreprises s’engageant à réaliser un investissement supérieur à 20 millions d’euros (228,36 millions de DH) pourront bénéficier d’une exonération du droit d’importation et de la TVA pour les biens d’équipement. Les entreprises dédiées uniquement à l’export ont droit à une exonération de 100% de l’IS durant les cinq premières années d’activité, et d’une réduction de 50% à partir de la sixième année. Le secteur connaît néanmoins des faiblesses, notamment au niveau du manque de recherche et de développement. Et la concurrence de plus en plus rude ainsi que l’augmentation mondiale des prix des matières premières n’arrangent pas non plus les choses.
Source : L’Economiste - A. B.