« Le dossier du Sahara occidental est la monnaie d’échange qui façonne les tensions entre Alger et Rabat. En même temps, la guerre froide en cours [entre les deux pays] concerne des problèmes plus importants », a déclaré à Al Jazeera le politologue Zine Labidine Ghebouli. Selon lui, le Maroc et l’Algérie veulent assumer un rôle de leadership pour l’Afrique du Nord. Pour ce faire, « ils cherchent à étendre et à renforcer leur influence régionale à travers l’Afrique du Nord, le Sahel et la Méditerranée », est persuadé l’analyste politique.
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« Cela tient à la fois à la volonté de Rabat de consolider sa posture diplomatique en tant qu’allié de l’Occident et à la volonté d’Alger de marquer son retour en tant qu’acteur indépendant puissant », a-t-il ajouté. Des constats qui poussent Intissar Fakir, chercheur principal et directeur fondateur du programme Afrique du Nord et Sahel à l’Institut du Moyen-Orient, à écarter l’hypothèse selon laquelle les deux pays pourraient devenir un jour de grands voisins et amis.
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« La façon dont je vois les choses, c’est qu’il n’y a aucun scénario dans lequel ces dirigeants marocains et ces dirigeants algériens puissent devenir de grands voisins et amis », a-t-elle dit, estimant que l’Algérie est heureuse de garder les choses là où elles sont parce que… dans le climat géopolitique [actuel] avec des prix [élevés] de l’énergie et du gaz et que l’Europe est très patiente, cela fonctionne bien pour elle.
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Toutefois, les tensions entre le Maroc et l’Algérie ne déteignent pas sur les liens historiques entre les deux peuples. « Je pense que les liens historiques entre les peuples algérien et marocain sont beaucoup plus forts et beaucoup plus profonds [qu’ils peuvent] être facilement touchés ou marqués par les tensions en cours ou même par les tentatives de certaines parties des deux capitales d’influencer cette relation », a noté le politologue Ghebouli.