Il en ressort aussi que les vieilles habitudes en matière de consommation des médias restent inchangées à l’exception de la montée en puissance de l’utilisation d’Internet comme source d’information. Peut-être que les Marocains ont beaucoup de mal à se repérer dans un paysage où les opérateurs privés n’ont pas encore sorti le grand jeu.
Toujours est-il, il y a lieu de reconnaître qu’on assiste à une tendance lourde en ce qui concerne le recours au Web. En effet 26,4% des 2600 personnes interrogées (15 ans et plus) avancent qu’elles recourent à la toile pour s’informer. Et puisque les Marocains ne lisent pas beaucoup les journaux, ils privilégient la télévision et l’entourage (famille et amis). La radio quant à elle se classe en troisième position suivie par la presse arabophone.
Quelles sont les chaînes de télévision les plus regardées ? Toujours selon cette étude menée au niveau de Casablanca, Rabat, Marrakech et Fès, 2M arrive en pôle position. La TVM et Al Jazeera occupent respectivement la deuxième et la troisième place. Le fait que la télé satellitaire Al Maghribia, qui rediffuse des programmes de la TVM et de 2M, soit citée comme la quatrième chaîne la plus regardée suscite des interrogations dans la mesure où des enquêtes menées récemment ont fait état d’une chute d’audience de cette chaîne. Les télés panarabes à l’instar de MBC et Al Arabiya s’en sortent plutôt bien et réalisent des scores honorables.
Dire que les Marocains sont de gros consommateurs de la télévision, plus particulièrement des chaînes publiques, a de quoi donner des ailes aux dirigeants de la SNRT et de 2M. Et de faire réfléchir les annonceurs. L’un des mérites de l’enquête d’InterMédias aura été de brosser un portrait-type des téléspectateurs réguliers, aussi bien en termes d’âge, de sexe, d’éducation que de catégorie socioprofessionnelle. Fait majeur, ce sont les 49-65 ans qui regardent massivement la télévision et 58% des personnes interrogées sont issues de catégories socioprofessionnelles D et E. Les classes aisées, à savoir A et B, ne constituent que 7% de ses téléspectateurs. Autre chiffre à prendre en considération, le niveau d’éduction scolaire des téléspectateurs réguliers. Les personnes n’ayant pu atteindre le secondaire représentent 38% des téléspectateurs alors que la part des bacheliers et des lauréats universitaires est de 12%. On regrette que cette étude ne donne pas une idée sur les préférences en matière de programmation télévisuelle.
A la lecture de ces résultats, il est évident que la télévision continue d’être un véritable média de masse pour des raisons socioculturelles. La question qui se pose est de savoir comment les chaînes publiques comptent se réconcilier avec les jeunes branchés Web et les personnes représentant les catégories socioprofessionnelles aisées qui préfèrent les télés étrangères. C’est l’un des grands chantiers des chaînes publiques.
Le Journal Hebdo