Selon Mézouar, l’heure est à la distribution des fruits de la croissance

1er février 2008 - 18h35 - Economie - Ecrit par : L.A

La fine fleur de la finance marocaine était ce mardi 29 janvier au rendez-vous avec l’Amif (Association des membres de l’inspection générale). Au menu, les nouveautés de la loi de Finances 2008 mais aussi les perspectives d’évolution des finances publiques. Salaheddine Mezouar, ministre de l’Economie et des Finances, Nourredine Bensouda, directeur général des Impôts, Zouhair Chorfi, directeur du Trésor et des Finances extérieures, Mohamed Chafiki, directeur des Etudes et des prévisions financières, tous, et bien d’autres, ont répondu à l’invitation de l’Amif.

Ouvrant le bal, Mezouar annonce que « le propos n’est plus de se soucier de l’état de nos indicateurs macroéconomiques ». La donne a changé et il faut s’y adapter. Et pour cela, précise le ministre, « il faut substituer la logique de croissance à celle du maintien des équilibres fondamentaux ». Dans la quête de plus de valeur ajoutée, se dépêche Mezouar de préciser. C’est comme un leitmotiv qui reviendra plusieurs fois dans la bouche de l’argentier du Royaume. Le nouvel enjeu, selon lui, est de savoir « comment capter plus de valeur ajoutée à travers notre activité économique ». Pour cela, il préconise « l’orientation des ressources et des efforts vers les activités les plus rentables en termes de valeur ». Quitte à creuser le déficit budgétaire. Au demeurant, c’est le même message que le ministre a déjà lancé lors de la cérémonie des prix de L’Economiste.

Nous avons dépassé la vision du maintien des équilibres et de la logique comptable, avait-il martelé en substance. L’heure est donc à la distribution des fruits de la croissance. Même si on doit forcer sur les dépenses de compensation à la condition « que cela profite à la bonne cible ». Car Mezouar est prêt à tolérer les déséquilibres « nécessaires pour faire évoluer le système ». Mais pourvu que cela garantisse effectivement, « éducation, santé et pouvoir d’achat » aux franges défavorisées de la population. C’est dire que la bonne répartition des richesses lui tient à cœur. Sur ce volet, le ministre ne fait pas mystère du retard du Maroc. Il révèle que « la croissance générée sur les dernières années a profité tout au plus à 4 ou 5 régions ».

D’autres chantiers inquiètent les financiers du royaume, dont notamment l’éducation, la santé ou la justice d’ailleurs. Et pour y remédier, c’est une politique de régionalisation plus poussée que préconise Mezouar. A ce titre, dira-t-il, l’ambition est de faire de Casablanca une plate-forme financière majeure. Titrisation, marché à terme, financement structuré de l’infrastructure, renforcement de l’épargne et de la réglementation ou innovation, il est inspiré. Le ministre multiplie les pistes pour parvenir à son objectif.

Prenant la parole à son tour, Bensouda a défendu la politique du fisc. Il n’a pas manqué de rappeler que la fiscalité marocaine, aussi bien au niveau national que local, va s’inscrire dans une démarche évolutive et plus volontariste. Il en veut pour preuve, les résultats de l’élargissement de l’assiette, qui ont été concluants. Une hausse de 20% par rapport à 2006, soit un montant additionnel dépassant 15 milliards de DH. Ce qui équivaut à 2,5 points du PIB.

Par ailleurs, le directeur des Impôts reconnaît en l’adoption du code général des impôts et du texte sur la fiscalité locale, « un saut qualitatif qui constitue un atout de la législation marocaine que beaucoup de pays auraient souhaité avoir ». La nouvelle architecture du code fiscal qui fait passer le nombre d’articles de 415 à 248, ainsi que l’instauration d’un seul référentiel fiscal, sont notamment citées parmi les améliorations majeures du code des impôts. Pour le patron des Impôts, l’adoption d’une nouvelle architecture permet une lecture plus aisée des mesures fiscales. Sur le même registre, Bensouda révèle un changement dans la structure des impôts. L’IS, avec 20% des recettes fiscales, supplante l’IR.

La TVA, quant à elle, fait de la résistance et se hisse à la tête des recettes avec 33% en 2007. Reste que beaucoup de contribuables, qu’il s’agisse de particuliers ou de personnes morales ne sont pas convaincus du bien fondé de certaines mesures introduites dans la loi de Finances 2008. On notera le clin d’oeil de Bensouda quant à la question de la TVA sur la LOA et l’immobilier qu’il juge suffisamment mature pour répondre au besoin d’harmonisation fiscale.

"Il faut laisser tranquille la TVA", clame Bensouda face à l’insistance d’un intervenant, qui a tenu vaille que vaille à tirer au clair la hausse de la TVA de 14 à 20% pour l’immobilier et de 10 à 20% pour la LOA.

Intervenant à son tour, Zouhair Chorfi, révèle que l’excédent dégagé par le Trésor public, fera l’objet dès cette année d’un placement. Ce faisant, il a évoqué la mise en place d’une salle des marchés.

L’Economiste - R. H.

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