Diplomatie : Quand les Européens nous draguent

5 avril 2004 - 09h15 - Monde - Ecrit par :

Au titre de sa nouvelle politique de bon voisinage, l’Europe veut faire "amie-amie" avec le Maroc. Mais les "fuites" qui précèdent la publication du plan d’action européen laissent apparaître une piètre "promise". Sans objectifs clairs ni dotation financière.

En mars 2003, Romano Prodi, l’actuel président de la Commission européenne, publiait un document sur "le voisinage de l’Europe élargie". Pour le coup, il s’agissait d’apporter un concept alternatif à l’élargissement qui, d’un point de vue européen, ne pouvait être la solution unique pour tous les voisins. En effet, après avoir décidé de l’entrée de 10 pays de l’Est dans l’UE, la question se posait de savoir jusqu’où l’Union était prête à aller avec ses autres partenaires. Entendez, les pays du Sud de la Méditerranée, la Russie et les NEI -
Nouveaux États indépendants - occidentaux (ex-provinces de l’URSS). Pour le Maroc, comme pour ses voisins régionaux, l’exemple turc et les réticences que son intégration suscite auprès de certains partenaires européens, notamment parce que l’adhésion pleine et entière de l’héritière de l’Empire Ottoman ne serait pas conforme à l’identité culturelle et économique des autres pays membres, était suffisamment parlant pour qu’ils s’interrogent sur les finalités européennes. En effet, depuis longtemps, l’une des principales critiques adressées aux pays européens était de rester enfermés dans le paradigme de l’élargissement. Ce qui signifiait que, fondamentalement, la politique de l’UE en direction des pays en transition n’avait consisté qu’à offrir aux plus méritants d’entrer dans le club fermé des États membres. Quant aux "mauvais élèves", aucune réponse politique claire ne leur avait été proposée.
Avec la politique "du bon voisinage", est apparue la nécessité de construire autour de l’Europe une frontière de "prospérité, de stabilité et de démocratie", l’UE offrant de diffuser sa prospérité et ses valeurs aux pays "amis". Pour ce faire, le document suggère, en contrepartie des progrès concrets réalisés dans le respect des valeurs communes et la mise en œuvre effective de réformes politiques, économiques et institutionnelles, d’offrir à ses voisins une perspective de participation au marché intérieur. Présentée comme ça, la trouvaille de Prodi avait effectivement tous les atours d’une jolie promise et il aurait fallu être fort bégueule pour la refuser. D’ailleurs, il n’y a qu’à se replonger dans la presse de l’époque pour voir à quel point ce nouveau concept avait suscité l’enthousiasme dans le groupe désigné des "nouveaux amis". Sauf qu’un an après, et alors que le plan d’action européen doit être rendu public d’ici quelques semaines - on parle d’avril ou juin - un certain scepticisme s’est développé, à l’Est comme au Sud de l’Union.

Tel Quel

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Union européenne - Diplomatie

Ces articles devraient vous intéresser :

Transferts des MRE : les assurances d’Abdellatif Jouahri concernant une directive européenne

Les autorités marocaines vont engager des négociations avec la Commission européenne au sujet d’une directive européenne visant à restreindre les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE), a récemment annoncé Abdellatif Jouahri, le...

Le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères attendu au Maroc

Le sommet des pays signataire des Accords d’Abraham qui se tiendra au mois de mars pourrait connaître la participation d’Eli Cohen, le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères.

Camions attaqués en Europe : le Maroc hausse le ton

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a dénoncé lundi les récentes attaques d’agriculteurs européens contre des cargaisons de fruits et légumes marocains, faisant observer que l’Union européenne (UE) tire davantage profit de...

Les MRE confrontés à un durcissement des conditions d’envoi de fonds depuis l’Europe

Face au durcissement des autorités européennes sur les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri appelle à une action diplomatique d’envergure.

Parlement européen : le Maroc aurait offert des séjours à la Mamounia

La députée socialiste Marie Arena et l’ex-eurodéputé italien Antonio Panzeri, visés dans le scandale au parlement européen, auraient bénéficié en 2015 d’un séjour de luxe à l’hôtel La Mamounia de Marrakech, tous frais payés par les autorités marocaines.

Maroc-Israël : deux ans de relations fructueuses, selon Alona Fisher-Kamm

Mardi a été célébré le deuxième anniversaire de la reprise des relations entre le Maroc et Israël. Une occasion pour Alona Fisher-Kamm, cheffe par intérim du bureau de liaison de Tel-Aviv à Rabat, de faire le bilan de ce rapprochement.

Blanchiment d’argent : le Maroc sort de la liste grise de l’Europe

La Commission européenne vient d’annoncer le retrait du Maroc de la liste grise de l’Union européenne des pays sous surveillance en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Cette décision fait suite à l’évaluation effectuée...

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

Mohammed VI et le pari gagnant de l’ouverture en Afrique

Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.

L’Europe cherche à punir le Maroc

L’éclatement du scandale de corruption au Parlement européen doublé d’une résolution relevant la détérioration des droits de l’Homme est à l’origine des nouvelles tensions entre le Maroc et l’Europe. Cette dernière cherche-t-elle à punir le royaume ?