Comment le Maroc est devenu un géant agricole grâce à l’Espagne

8 février 2024 - 11h00 - Espagne - Ecrit par : P. A

Après la signature de l’accord de libre-échange avec les États-Unis en 2004-2005, le Maroc a attiré les investisseurs étrangers pour exploiter une partie de ses terres agricoles. Une aubaine saisie par de nombreuses entreprises espagnoles, contribuant ainsi au développement du secteur primaire du royaume.

« Le modèle d’agriculture marocaine qui a triomphé et dans lequel il est maintenant fort est une copie de la partie semi-désertique du sud de l’Espagne et partage également ses problèmes. La zone de la vallée du Souss, où se concentrent la plupart des cultures, suit le modèle d’Almeria. De grandes serres au milieu du désert et près de la mer, où l’on cultive des tomates, des poivrons, des haricots verts, des concombres, etc. », explique Tomás García Azcárate, chercheur à l’IEGD-CSIC et économiste agricole.

Sur Google Maps, la ressemblance entre la vallée du Souss, dans le sud-ouest du Maroc, et El Ejido à Almeria est frappante, fait savoir El Confidencial. Depuis l’accord commercial avec l’UE en 2012, le Maroc a considérablement augmenté sa production de fruits et légumes. Selon les données de l’ICEX, 30 entreprises espagnoles sur les 300 installées au Maroc, investissent dans le secteur agricole. Cette zone, proche du port d’Agadir, attire les filiales d’Abengoa, de CaixaBank et de Perichan, l’un des principaux fournisseurs de fruits et légumes de Mercadona.

À lire : Espagne vs Maroc : la guerre des tomates s’intensifie

Depuis le début de la dernière décennie, ces entreprises espagnoles ont commencé à rencontrer des problèmes au Maroc, dont les grèves des travailleurs marocains sur les plantations, exigeant de meilleures conditions de travail, la crise du Covid-19, et la dernière en date, la sécheresse sévère qui frappe le royaume depuis trois ans. Toutes ces crises affectent le rendement des producteurs espagnols au Maroc, renseigne García Azcárate qui est conscient du poids du Maroc dans les exportations mondiales de fruits et légumes.

« Il est évident que le Maroc fait concurrence et nuit à une économie comme la nôtre, qui est clairement orientée vers l’exportation et favorable au commerce. Mais ce n’est pas différent de beaucoup d’autres secteurs dans lesquels les pays ayant des coûts moins élevés tentent de conquérir des marchés en profitant de leurs cartes. On parle de concurrence déloyale, mais il s’agit d’un délit pénal qui doit être prouvé », explique-t-il, précisant par ailleurs que l’arrivée des tomates marocaines sur le marché de l’UE a fait perdre à l’Espagne son hégémonie.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Agriculture - Almeria

Aller plus loin

Les fruits et légumes marocains très prisés dans les supermarchés européens

Alors qu’il continue de développer et moderniser son secteur agricole et agroalimentaire, le Maroc a progressivement conquis le marché européen, devenant aujourd’hui le...

Espagne vs Maroc : la guerre des tomates s’intensifie

Les agriculteurs espagnols continuent de dénoncer les facilités accordées par l’Union européenne (UE) au Maroc pour importer sur le marché communautaire de la tomate et d’autres...

Tomates en Europe : Le Maroc en plein essor, l’Espagne en déclin

La tomate marocaine a dépassé l’espagnole dans l’UE en 2022, avec un volume de 740 millions de kilos exportés, notamment vers la France, contre un peu plus de 600 millions pour...

Colère au Maroc après les attaques contre les camions marocains en Europe

La Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER) condamne les attaques contre les camions marocains, perpétrés par des agriculteurs européens en...

Ces articles devraient vous intéresser :

Accord de pêche : le Maroc et l’UE font le point

La quatrième Commission mixte de l’Accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable entre l’Union européenne et le Maroc s’est réunie les 9 et 10 novembre à Rabat.

Maroc : une croissance paradoxale entre exportations et importations d’avocats

Alors que le Maroc produit de plus en plus d’avocat, devenant l’un des principaux fournisseurs en Europe, la part des importations continuent de croître.

Les agriculteurs bretons dénoncent « l’invasion » de la tomate marocaine

Une action d’étiquetage a été lancée le vendredi 2 juin 2023 par les producteurs de tomates d’Ille-et-Vilaine et la FDSEA 35, pour dénoncer les tomates importées du Maroc.

Les objectifs ambitieux du Maroc pour la culture de dattes

Le Maroc a des objectifs ambitieux pour la culture des dattes. Il entend notamment atteindre une production annuelle de 300 mille tonnes d’ici 2030 et se donne les moyens pour sa concrétisation.

Maroc : l’huile d’olive devient un luxe

Au Maroc, le prix de l’huile d’olive augmente fortement. En cause, la sécheresse et les vagues de grande chaleur qui ont touché la production de ce petit fruit indispensable aux saveurs des mets des Marocains.

Les Marocains vont-ils manquer de dattes pour le Ramadan ?

À quelques semaines du mois sacré de Ramadan, des doutes subsistent quant à la disponibilité des dattes en quantité suffisante et à des prix abordables.

Tomate marocaine : le nouveau cauchemar des producteurs français

Face à l’augmentation des importations de tomates marocaines, les producteurs français expriment leur inquiétude et pointent du doigt une concurrence déloyale.

L’avocat : l’or vert qui assoiffe le Maroc

La culture de l’avocat nécessite une importante quantité d’eau. Au Maroc, des voix s’élèvent pour appeler à l’interdiction de cette culture, en cette période de sécheresse sévère et de stress hydrique.

Maroc : 3,7 milliards de dirhams de subventions au secteur agricole

Le gouvernement maintient son soutien au secteur agricole. Cette année, 3,7 milliards de dirhams de subventions seront affectés au secteur, pour un investissement global de 7,4 milliards de dirhams.

Le Maroc manque de lait

Annoncée depuis plusieurs mois par les professionnels du secteur, la pénurie de lait a été confirmée par le gouvernement lors du point de presse hebdomadaire. Selon le porte-parole du gouvernement, la situation et due à plusieurs facteurs.