Depuis de nombreuses années, Yasmina Baddou, secrétaire d’État auprès du ministre du développement social, de la famille et de la solidarité, oeuvre pour que les enfants ne soient plus obligés de travailler. Du fait de ses fonctions, elle est à la tête des efforts visant à émanciper les femmes et à protéger les enfants de son pays.
Son dévouement inébranlable et la passion dont elle fait preuve pour défendre les causes qui lui sont chères lui ont valu, cette année, l’hommage du département d’État qui l’a placée dans sa liste des « champions de la lutte contre l’esclavage des temps modernes ».
Baddou est à l’origine du Plan d’action du Maroc pour combattre le travail des enfants qui vise notamment à empêcher l’emploi des petites filles en tant que domestiques et à leur donner la possibilité d’avoir un avenir meilleur grâce à une meilleure instruction.
« J’ai toujours été très sensible au sort des enfants. De tout temps, j’ai été touchée par le fait que des enfants étaient privés d’éducation et d’un foyer et le travail des enfants me choquait tout particulièrement », a-t-elle dit à l’USINFO.
Les situations dont elle a pu prendre connaissance en sa qualité d’avocate et de ministre lui ont fait comprendre la nécessité, pour l’État, de défendre l’égalité de tous au sein de la société marocaine.
La carrière réussie de Baddou dans la fonction publique est un exemple dont pourraient s’inspirer d’autres femmes désireuses de tracer elles-mêmes leur destin. « Il faut impérativement insister sur la participation politique des femmes », a-t-elle souligné, ajoutant que seule une participation « massive » des femmes aux élections pouvait les aider à atteindre les objectifs qu’elles se sont donnés aux plans politiques et institutionnels.
« La place qu’occupent aujourd’hui les Marocaines dans divers secteurs de la vie publique en encouragera d’autres à entrer dans la politique et à jouer une part plus active dans tous les domaines de la prise de décisions », a-t-elle expliqué.
Les importantes réformes qui ont été récemment adoptées au Maroc préparent le terrain à l’entrée des femmes dans la politique. Le Code de la famille, par exemple, appuie le développement social et économique des femmes ainsi que leur égalité avec les hommes et prend position contre la violence conjugale.
« Le Maroc a fait des progrès notables en ce qui concerne la reconnaissance des droits des enfants », a déclaré Baddou au sujet d’un plan d’action sur dix ans visant à « rendre le Maroc digne de ses enfants », précisant que c’était le premier projet adopté par le Maroc qui intègre les différents éléments de la délivrance des enfants d’une vie de servitude et de leur réinsertion. Des organisations non gouvernementales (ONG) coopèrent avec le gouvernement à la réalisation de ce programme à trois volets : l’adoption de lois visant la protection des enfants ; le lancement de campagnes de sensibilisation du public ; et l’amélioration de la situation socio-économique des familles vulnérables afin de prévenir la maltraitance.
Selon Baddou, si les enfants sont obligés de travailler, soit parce que leur famille manque de revenus en raison de l’illettrisme des parents dû à une scolarité insuffisante, soit parce que les enfants ont été victimes de la traite de personnes, une exploitation qui touche surtout les filles. Les efforts menés par Baddou sont dans une large mesure à l’origine de la décision du gouvernement d’encourager l’enseignement des filles, d’accroître l’âge minimum pour obtenir un emploi, qui est passé de 12 ans à 15 ans, et d’interdire le travail dangereux aux jeunes de moins de 18 ans.
Elle a précisé que depuis l’adoption de ces nouvelles mesures, le nombre d’enfants âgés de moins de 15 ans et employés était tombé de 600.000 en 2004 à 177.000 aujourd’hui.
Le travail des enfants, a-t-elle fait remarquer, « sape profondément les droits de l’homme, et surtout les droits des enfants ». Il constitue également une menace à l’équilibre socio-économique des pays où la pratique est courante.
« L’élimination de ce phénomène est à notre portée. Il suffit simplement d’en avoir la volonté politique, d’y croire et de poursuivre les efforts à cette fin », a-t-elle fait observer.
Le Bureau du département d’État chargé de surveiller et de combattre la traite des personnes rend chaque année hommage aux personnes qui se sont distinguées par leurs efforts pour faire cesser partout dans le monde le commerce des êtres humains et l’exploitation des personnes pour leur travail.
Lea Terhune - Usinfo
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