La communauté des personnes âgées reste néanmoins la catégorie des émigrants la plus fragile. En effet, face aux migrations, pays du Nord et ceux du Sud, particulièrement dans le bassin occidental de la méditerrané s’opposent. Leurs politiques contradictoires prennent en otage les communautés expatriées. Ces dernières vivent des paradoxes qui menacent la cohésion sociale tant au Nord qu’au Sud. Afin de débattre de cette problématique, une table ronde a été organisée par l’Institut universitaire de la recherche scientifique.
Intervenant à cette occasion, le président de l’association des retraités marocains en France a tenu à présenter la réalité des Marocains en France. Une réalité qui revêt, selon lui, un double visage. En effet, d’une part il y a le vieillissement des émigrants qui n’ont pas pu, pour diverses raisons, regrouper leurs familles et, d’autre part, le vieillissement des hommes et des femmes en famille. « Si ces derniers bénéficient de la présence familiale sur le plan de leur prise en charge aussi bien affective que matérielle, ils ne connaissent pas moins de vraies difficultés liées aux conditions de vieillissement du milieu populaire migrant », souligne-t-il. Selon ce militant associatif, même les retraités français qui choisissent de s’installer au Maroc pour la qualité de vie qui leur est offerte peuvent aussi pâtir affectivement et matériellement de l’éloignement de leur famille et de leur insertion fragile dans le pays d’accueil.
Sur le plan de la prise en charge médicale, le migrant retraité peut rencontrer des difficultés liées à un travail pénible et pénalisant qui se solde souvent par un vieillissement précoce, soit à l’usure naturelle de l’âge. La mise en œuvre des couvertures sociales des migrants, les structures sanitaires encore insuffisantes au Maroc notamment la faiblesse des équipements en matière de gériatrie posent des problèmes au niveau de la prévention, voire de certains soins.
Sur le plan social, l’accès aux droits sociaux n’est pas toujours garanti faute d’une information adéquate des services à ces publics, de compétences professionnelles interculturelles adéquates dans certains services et du fait également de l’existence de pratiques discriminatoires directes ou indirectes. C’est ainsi que d’après l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), près de 54.000 Marocains ayant des droits ouverts n’ont jamais pu faire valoir leurs droits soit à la retraite soit aux pensions.
Une partie d’entre eux ont opté pour le retour définitif dans leur pays dans les années 80. A leur décès, nombre de femmes restées au village du pays d’origine se retrouvent seules avec plusieurs enfants à charge et ignorent tout de leurs droits.
Ce public très vulnérable est une cible facile pour les intermédiaires qui se proposent d’effectuer les démarches auprès des caisses de retraites moyennant une commission ou un taux élevé de la retraite versée à l’issue de leur intervention. L’organisation de cette rencontre ambitionne donc de susciter un débat franc sur cette problématique complexe. L’objectif est de proposer des solutions afin d’harmoniser les politiques sociales, sanitaires, juridiques… du Maroc et de la France, voire de l’Union européenne.
Source : Le Matin - Yousra Amrani