On va sans doute se bousculer, ce vendredi 28 mars, à l’ouverture des travaux du Forum de Paris, dont le sujet est l’Union pour la Méditerranée : le président français, qui a donné son patronage depuis le début, a confirmé sa présence. Tout le monde attend donc qu’il développe son idée d’Union après que les instances européennes, notamment les représentants des pays du nord, aient sérieusement écorné l’idée initiale.
On s’en souvient, Sarkozy avait créé la surprise en incluant dans son discours au soir de son élection, en mai 2007, un long paragraphe sur une possible « Union méditerranéenne ». C’était inédit qu’un candidat élu prenne la peine, et le risque, de sortir du débat électoral franco-français pour présenter les grandes options diplomatiques de son futur quinquennat. Le Souverain marocain avait immédiatement marqué son approbation, suivi par la plupart des responsables diplomatiques du sud de la Méditerranée.
Ensuite, Sarkozy y était revenu lors de sa visite d’Etat au Maroc, en octobre, choisissant Tanger, son nouveau port et son évident destin méditerranéen, pour un grand discours, précisant le projet. Depuis, ce dernier a eu divers avatars, se faisant dépecé par les autres Etats membres de l’Union européenne, pour être ramené à une sorte de nouveau Barcelone.
Ce qui a profondément déçu, spécialement au Maroc. Le Royaume est en effet un des pays riverains pour qui la « communauté des cultures et des intérêts » autour de Mare nostrum, est la plus évidente.
Ce projet d’Union pour la Méditerranée pouvait peut-être devenir une plateforme de règlement de conflits ouverts qui empoisonnent la région : Palestine-Israël, Maroc-Algérie, Liban-Syrie, ex-Yougoslavie, Irak... Tous ces conflits, de haute ou de basse intensité, freinent le développement économique, social et politique des sociétés de la région.
Le Forum de Paris, ce week-end, est donc l’endroit où il y a une chance que l’idée reprenne corps. La Méditerranée unit et sépare des pays où la différence des niveaux de vie est la troisième plus importante au monde. C’est donc un endroit de très fortes pressions de tous ordres. Ces pressions sont si fortes qu’elles font passer au second plan les communautés d’intérêt et sont un tentant motif pour faire émerger le fameux conflit des civilisations. Les travaux du Forum se déroulent sur trois jours, ces vendredi, samedi et dimanche.
Ils vont tenter de dire si le projet méditerranéen n’est qu’un doux rêve, une nouvelle façon pour le nord de dominer le sud, ou bien un vrai projet de développement qui pourrait concerner des domaines aussi divers que le commerce, l’énergie, l’urbanisme, les migrations ou la sécurité.
La Forum de Paris, qu’est-ce que c’est ?
Le Forum de Paris est une association de débats et de rencontres dont la cheville ouvrière est Albert Mallet, conseiller du président des Caisses d’Epargne et oncle de l’humoriste Gad Elmaleh. La première rencontre date de 1995, avec pour thème, la paix au Proche-Orient. A ce moment, des espoirs sérieux étaient apparus. Ils sont aujourd’hui bien loin, mais le Forum de Paris a maintenu son objectif de favoriser le dialogue, réussissant certaines années à faire se rencontrer Palestiniens et Israéliens dans les couloirs du Palais de l’Unesco, où se tiennent régulièrement les conférences du Forum de Paris.
Le Forum est puissamment soutenu par les Caisses d’Epargne françaises, la mairie de Paris ou encore le groupe TF1.
Le Maroc y est influent. Ce qui explique la présence de sponsors marocains de tailles très différentes comme la CDG, l’école Esca ou L’Economiste. Et la présence au conseil du Forum d’intellectuels et hommes politiques comme Abouyoub ou Azoulay.
Source : L’Economiste - Nadia Salah
Ces articles devraient vous intéresser :