Un groupe parlementaire de soutien au Maroc a vu le jour mardi dernier au sein du Congrès américain, en marge des négociations sur l’accord de libre-échange Maroc/USA, qui se terminent aujourd’hui 24 juillet.
L’instigateur est le républicain Lincoln Diaz Balart. Objectif : renforcer les relations maroco-américaines. La création de ce caucus (groupe) a une portée politique de taille. Outre la coopération économique que souhaitent développer les deux pays, ce pool de congressmen cimente le rapprochement. Car il se veut un instrument de "promotion des relations stratégiques", explique Phil English, membre du Congrès et coprésident du comité. Taïeb Fassi-Fihri a lui aussi souligné l’importance de l’appui du Caucus, surtout par rapport aux points de divergence. "Votre soutien est particulièrement sollicité au sujet de la nécessité de tenir compte des spécificités du Maroc, essentiellement en ce qui concerne le secteur de l’agriculture", a-t-il déclaré aux membres du groupe.
Bien que le Caucus n’ait pas de vocation principalement politique, Diaz Balart, républicain de Floride, a exprimé l’empathie du groupe pour le problème du Sahara.
Mais comment décrypter alors la position américaine concernant le dossier Sahara ? D’un côté, le plan Baker II, qui a hérissé les susceptibilités marocaines, de l’autre une partie du Congress pro-Polisario influente. Et voilà que maintenant un groupe de parlementaires appelle à un appui ferme au Maroc. Diaz Balart a affirmé faire siennes "les préoccupations des Marocains" concernant la question du Sahara, appelant ainsi son gouvernement à prendre en considération les intérêts légitimes du Maroc sur cette question. Ce que désire ce groupe, c’est conférer un "cachet spécial" aux relations des Etats-Unis avec le Maroc. Le Maroc, qualifié "d’ami spécial et de grand allié". En même temps, les parlementaires pro-Polisario exhortent l’Administration Bush à soutenir l’action pour l’autonomie du territoire sahraoui.
A rappeler qu’en juillet 2002, une trentaine de congressistes américains avaient demandé, dans une lettre, à ce que "l’Administration soutienne la tenue d’un référendum immédiat pour le peuple sahraoui". Ce groupe avait déploré que l’Administration Bush "soit plutôt apparue comme apportant son soutien à la nouvelle option qui ferait du Sahara une partie du Maroc, contrairement à la volonté du peuple sahraoui". En mai dernier, Joseph R. Pitts, membre du Congrès américain, républicain, avait félicité le Polisario pour son 3e anniversaire. "Tous les amis américains du peuple sahraoui seront toujours pour la paix et la liberté du peuple du Sahara".
Le Maroc en exemple
Trois représentants des Etats-Unis au World Economic Forum d’Amman en Jordanie les 21, 22 et 23 juin derniers, ont donné le Maroc comme exemple de pays arabe qui fait des réformes économiques.
Pendant sept à huit minutes (un temps énorme dans ce genre de prestation), lors de son discours en plénière, Robert Zoellick, représentant des USA pour le Commerce, a égrené des réformes menées à bien par le Royaume et qui "le qualifie pour faire partie d’une zone de libre-échange avec les Etats-Unis. Présente aussi, mais en atelier, Catherine Novelli, la négociatrice, a détaillé ces réformes et expliqué pourquoi le Maroc demandait une transition pour l’agriculture. Elle a dit que son pays accéderait à cette demande, tout en restant vigilant sur cette entorse au libre commerce : "Le Maroc ne pourra pas faire l’économie des changements".
Le Royaume a même été cité par Colin Powell, le secrétaire d’Etat, dans son grand discours de plénière. Une sorte de consécration devant le Gotha mondial du monde des affaires. Ce qui ne veut pas dire que les négociations en soient facilitées...
Mouna Kadiri - L’economiste
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