"Louange à Dieu,
Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Cher Frère, Guide de la Révolution de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste,
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Notre Sommet d’aujourd’hui conforte la pertinence et la solidité d’un partenariat stratégique porteur et mutuellement bénéfique, dont nous avions jeté les bases au Caire en 2000, pour en raffermir ensuite le contenu et la portée à Lisbonne en 2007.
Nous saisissons cette occasion pour exprimer Nos sincères remerciements à Notre cher Frère, Mouammar Kadhafi pour la sollicitude dont il entoure notre Sommet, et pour l’hospitalité authentique notoirement connue du peuple libyen frère.
Depuis le dernier Sommet, tenu il y a trois ans à Lisbonne, notre partenariat a réussi à forger un socle solide et substantiel de concertation, de dialogue et de coopération multidimensionnelle, à la hauteur de nos ambitions et de nos aspirations communes.
Grâce à notre stratégie conjointe, fruit de notre partenariat privilégié, nous avons développé une vision commune des questions et des enjeux qui interpellent notre espace euro-africain.
Nous sommes souvent parvenus à une convergence de vues sur des questions d’ordre global. Nous avons également réussi à donner un contenu réel à notre partenariat, par la mise en œuvre de plusieurs initiatives et projets concrets et tangibles.
Notre satisfaction au regard du chemin parcouru sera confortée par une réaffirmation de notre engagement commun à redoubler d’efforts en vue de concrétiser tous nos objectifs, combler les insuffisances identifiées et optimiser au mieux le potentiel de notre partenariat stratégique.
A l’heure où l’Afrique change, évolue et prend la place qui lui échoit sur l’échiquier international, notre partenariat est appelé à appréhender, dans leur globalité, les significations et les implications des mutations en cours et à en cerner les enjeux et l’ampleur.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Nous nous réjouissons de voir les thèmes de ce 3ème Sommet refléter la richesse des domaines couverts par notre partenariat, et surtout, confirmer la pertinence de notre approche dynamique dans le traitement des questions qui nous préoccupent.
Le choix de la thématique générale "Investissement, croissance et création d’emplois " reflète notre prise de conscience commune quant aux effets de la crise financière et économique sur nos deux continents.
La paix et la sécurité, la gouvernance et les droits de l’Homme, la migration et le développement, l’énergie et les changements climatiques sont autant de questions cruciales qui requièrent une attention particulière de notre Sommet.
Le Maroc est résolument engagé dans la mise en œuvre d’une coopération agissante et solidaire avec son espace africain. Il s’est toujours attaché à la concrétisation de l’unité et de la solidarité africaines, par des actions et des initiatives tangibles, dont la vocation première est de mettre nos pays sur une trajectoire de développement durable à visage humain.
Dans ce contexte, le Maroc n’épargne aucun effort pour partager son expérience et son savoir-faire avec les pays africains frères dans des domaines cruciaux de développement, tels que la formation technique, les infrastructures, la santé, la gestion de l’eau, l’agriculture et la pêche, le désenclavement, la connectivité logistique, le secteur financier, les technologies de l’information, etc...
Cet engagement en matière de coopération et de solidarité est l’œuvre des pouvoirs publics, mais aussi et, de plus en plus, du secteur privé, des organisations professionnelles et de la société civile marocaine.
Les efforts de ces acteurs sont mutualisés et leurs synergies développées, rendant ainsi possibles des actions de coopération et de partenariat, dont l’impact en termes d’investissements, de croissance et de création d’emplois est réel.
Au-delà du cadre bilatéral, le Maroc fait preuve d’un engagement tout aussi ferme dans l’action qu’il mène au sein de l’espace atlantique africain, une région dont les enjeux économiques, environnementaux et sécuritaires sont croissants et de plus en plus complexes.
Cet espace recèle également de vastes possibilités et des potentialités réelles en termes d’intégration économique, de développement humain, de régulation écologique et de sécurité collective.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Il ne saurait y avoir de développement, d’investissement, de croissance ou de création d’emplois sans une véritable prise en considération de la dimension "paix, sécurité et stabilité". Comme il ne saurait y avoir de paix, ni de sécurité sans la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance.
Certes, le continent africain a réalisé des avancées considérables dans les domaines de la paix et de la sécurité ainsi que des progrès méritoires en matière de démocratie, de gouvernance et de droits de l’Homme. Cependant, il n’en demeure pas moins que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour parvenir à stabiliser les foyers de tension qui persistent, et assurer une plus grande appropriation par nos pays des valeurs de démocratie, de bonne gouvernance et de droits de l’Homme.
A cet égard, le Maroc s’est engagé, dès le recouvrement de son indépendance, dans des actions de consolidation de la stabilité dans le continent africain, à travers des contributions aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, ainsi qu’au niveau bilatéral, par le biais de médiations qui ont souvent porté leurs fruits dans des foyers de tension très complexes.
A cet égard, Nous sommes convaincu que la meilleure façon de renforcer la paix, la sécurité et la stabilité dans notre espace africain consiste à privilégier l’approche préventive, en s’attaquant aux causes profondes des conflits, des crises et des tensions.
Ces causes, aussi multiples qu’interdépendantes, sont d’ordre politique, économique, social, humain et environnemental.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
L’une des causes de l’insécurité et de l’instabilité demeure l’ingérence dans les affaires intérieures des pays. C’est pourquoi le Maroc souligne la nécessité impérieuse du respect de l’intégrité territoriale des pays africains. Il rejette les tentatives d’ingérence dans les affaires internes des pays, notamment celles qui menacent notre continent d’éclatement ou les mettent sur des sentiers d’insécurité, de guerre et d’anarchie.
La déstabilisation des pays africains profitera uniquement aux groupes terroristes, de plus en plus actifs dans nos régions. Aussi, est-il indispensable d’intensifier nos actions conjointes de lutte contre les menaces transnationales, tels que le terrorisme, la piraterie, la criminalité transnationale, le trafic en tous genres et les prises d’otages, et d’inscrire nos efforts dans le cadre d’une coopération renforcée aux plans régional, sous-régional et interrégional selon une démarche solidaire et une approche inclusive impliquant l’ensemble des pays concernés.
Dans ce contexte des menaces transnationales, nous constatons avec inquiétude, la montée récente des activités terroristes visant à déstabiliser la région et à mettre en péril la sécurité des pays de la bande Sahélo-Saharienne.
La précarité de la situation dans cette région et les nombreux défis qui en découlent nous concernent tous et mettent en évidence la nécessité d’une coopération régionale et internationale intense et d’une approche intégrée des questions de sécurité et de développement.
La migration et le développement constituent un enjeu stratégique au sein du continent africain, mais aussi entre l’Afrique et l’Union européenne. A cet égard, le Maroc appelle au renforcement des synergies entre les mouvements migratoires et les stratégies de développement, en conformité avec la vision que nous avions entérinée ensemble en 2006, à Rabat, et ici même à Tripoli, au cours de nos premiers dialogues euro-africains sur la migration et le développement.
Nous devons œuvrer ensemble à l’implication des communautés immigrées dans le développement économique et social de leur pays d’origine. Les changements climatiques sont bien plus que des questions d’environnement. Ils impactent d’une manière directe et profonde la santé, la sécurité alimentaire, la stabilité et le bien être des populations.
Ils ont des retombées négatives sur la sécurité humaine dans son ensemble et peuvent être à l’origine de tensions et de conflits. Certes, les changements climatiques ont une dimension planétaire, mais l’Afrique demeure le continent le plus vulnérable à leurs effets néfastes, voire dévastateurs parfois.
C’est pourquoi, nous nous réjouissons de la mise sur pied, dans le cadre de notre partenariat, des programmes d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de leurs effets néfastes.
Ceci est essentiel pour le développement durable des pays africains. Ne pas s’attaquer à ces phénomènes reviendrait à annihiler les efforts de développement déployés par notre continent.
Le Royaume du Maroc se félicite, par ailleurs, de l’adoption, par notre Sommet, de la Déclaration conjointe sur le changement climatique, laquelle envoie un message de convergence euro-africaine à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, qui se tient actuellement à Cancun, et qui vise l’adoption d’un cadre international pour régir ce phénomène.
Le Maroc souhaite que le lien entre le climat et le développement soit davantage mis en valeur. Il appelle à l’encouragement et à la promotion des énergies renouvelables pour optimiser l’immense potentiel du continent africain dans ce domaine.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Au delà de la vision stratégique d’ensemble qui devrait permettre d’appréhender l’Afrique dans sa globalité, les instruments opérationnels actuellement mobilisés dans le cadre de notre partenariat devraient être mis à profit pour explorer la dimension sous-régionale afin de garantir davantage d’efficacité et de pertinence.
Notre partenariat devrait investir dans les communautés économiques régionales en tant que plateformes géopolitiques cohérentes et noyaux d’intégration par excellence, afin de mieux canaliser nos énergies.
Une telle démarche permettra aux pays africains, tout en préservant leur ambition légitime d’intégration continentale, de favoriser également l’expression de vocations régionales d’appartenance à des espaces géopolitiques susceptibles de leur assurer un meilleur positionnement et une compétitivité accrue dans l’économie mondiale.
C’est dans cette perspective que nous appelons à une plus grande implication de nos communautés économiques régionales dans la mise en Âœuvre de la stratégie conjointe et de ses plans d’action, afin de donner à ces entités la place qui leur revient dans notre partenariat stratégique.
Dans ce contexte, Nous sommes pleinement convaincu du grand potentiel que recèle l’Union du Maghreb Arabe en la matière, pour peu que les cinq pays maghrébins réussissent à lever les obstacles qui continuent d’hypothéquer et de retarder le plein déploiement du grand potentiel et des multiples atouts de cette Union.
Un Maghreb Arabe uni et solide est en mesure de fédérer les différents cadres de partenariat qu’il a développés avec les autres groupements, tant en Afrique qu’avec l’Union européenne, pour susciter de meilleures interactions et dégager des synergies mutuellement bénéfiques dans le but d’optimiser les ressources et les potentialités que recèle le partenariat Afrique-Union européenne.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Forgé dans une histoire commune et adossé à de riches et multiples échanges culturels et humains, notre partenariat est appelé à prendre la forme d’un pacte pour l’avenir qui nous permettra, ensemble, de saisir les opportunités offertes et de relever les défis qui guettent notre espace commun.
Les sentiments d’espoir, de confiance, de respect mutuel et de foi en l’avenir constituent le socle de notre action future. Ils sont aussi notre source d’inspiration pour des horizons porteurs, sans cesse élargis.
Une approche solidaire constitue la meilleure voie à suivre pour l’édification d’un espace commun de stabilité, de sécurité, de prospérité et de bien être.
Wassalamou alaikoum warahmatollahi wabarakatouh."
29/11/2010
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