Le port de Tanger dans tous ses états

3 juillet 2008 - 10h33 - Maroc - Ecrit par : L.A

Le coup d’envoi en a été donné le 15 juin dernier et, jusqu’à ce jour, les différents points d’entrée des MRE n’ont pas encore enregistré de rush à proprement parler.

On l’aura compris, c’est de l’opération « Marhaba 2008 » qu’il s’agit, la grande campagne annuelle de retour au pays des membres de la diaspora marocaine. L’un des points les plus convoités est incontestablement le port de Tanger, avec ses deux gares maritimes Est et Ouest. La coutumière ruée qui débute, généralement, avec l’avènement de l’été, n’a pas vraiment eu lieu. Certes, en ce mois de juin, le flux des MRE sur le port de Tanger a connu une nette progression, mais ce n’est pas à comparer avec ce qui prévalait ces dernières années.

Cependant, la mobilisation était de mise du côté de l’administration des Douanes. « Il est vrai que vers le 21 juin, la campagne commence à battre son plein, mais ce n’est pas pour autant que nous avons attendu cette date pour nous y préparer. Car, depuis le 15 juin, nous avons renforcé nos équipes et revu nos effectifs à la hausse, histoire de ne pas être pris au dépourvu et afin d’assurer un bon service au niveau de ce point de transit », explique un responsable de l’administration douanière au port de Tanger. À cet effet, depuis le début de la campagne, 70 navigants mettent le cap, chaque jour à 6h, sur les ports espagnols d’Algésiras et de Tarifa afin de procéder, à bord des bateaux à destination de Tanger, aux formalités d’enregistrement des passagers.

En ces premiers jours d’été, les gares maritimes de ce port ne connaissaient pas d’effervescence particulière. Dès le petit matin, les premiers ferries avaient entamé leur bal entre la ville du Détroit et les ports espagnols. Pour ceux qui avaient choisi cette date pour rallier le pays, l’accueil débutait par une journée radieuse, agrémentée d’un soleil dans son plus bel apparat. « Ça nous change vraiment, ce beau soleil, contre la grisaille que nous avons laissée derrière nous », s’extasie un Marocain résidant en France. Les uns après les autres, les ferries déversaient le contenu de leurs cales. Les véhicules, toutes catégories confondues, s’engagent dans un premier temps sur un circuit tracé par les responsables de la douane.

À ce niveau, un premier contrôle est effectué en quelques secondes, puis les véhicules, selon leurs spécificités, sont ensuite répartis entre trois sorties. La première, plus fluide, est empruntée par les MRE « légers », c’est-à-dire ceux qui sont au volant d’une berline, d’une citadine, voire d’un 4X4. Il s’agit, en fait, de voyageurs qui ne sont pas lestés d’autres choses à part leur nécessaire de voyage. Pour la deuxième, c’est une autre paire de manche. En effet, il s’agit principalement de fourgons pleins de marchandises de toutes sortes et qui sont orientés vers un autre point de contrôle : c’est le côté réservé à tout ce qui a un caractère commercial. À ce niveau, il est question de contrôle minutieux du contenu de ces fourgons, puis, en fonction du type de marchandise, il est question de s’acquitter des droits de douanes appropriés.

Une troisième procédure a été mise en place et elle concerne les voyageurs qui n’ont vraiment pas grand-chose à déclarer, et cela est visible au niveau de leurs véhicules. Il suffit de décrocher le sésame « admis conforme » de la douane, attestant que le propriétaire du véhicule n’a pas de litige antécédent. Cela concerne également les personnes âgées, ou encore celles qui ont un problème de santé ou qui présentent un état fébrile. « Ce sont des cas sociaux qui sont traités à part, que ce soit des bébés, des personnes handicapées, etc. », souligne-t-on. Toute cette catégorie quitte le port dans des délais optimaux.

Pour la première catégorie des voyageurs, une fois effectué le premier contrôle, les véhicules prennent le chemin de la sortie principale pour un deuxième contrôle, douanier et policier cette fois-ci. Sur l’espace conduisant à la sortie du port, les voitures réparties sur quatre files avancent lentement dans une zone ombragée. Cette dernière a été mise en place l’année dernière et porte la griffe de la Fondation Mohammed V pour la solidarité. Il devait être 10h30 et deux ferries en provenance d’Espagne venaient d’évacuer leur contenu mécanique. Moins d’une centaine de voitures attendaient leur tour pour ce check-up final.

Pendant que les files de voitures quittaient petit à petit le port, une première voiture donna un coup d’avertisseur, puis une deuxième, suivie quasiment de toutes les autres. Il s’agit là d’une sorte de protestation menée par des MRE impatients. Il faut reconnaître que le « mouvement de protestation » était un peu excessif, car il y avait quand même une certaine fluidité à ce point
de passage.

« À mon sens, ce sont des gens qui cherchent à créer de la zizanie, tout simplement, et vous avez pu remarquer que le service n’est pas à la traîne. C’est de la pure impatience, sans plus. De surcroît, nous avons des contraintes de sécurité, de la fraude à débusquer, d’où la nécessité de procéder à un contrôle minutieux. En somme, l’équation à résoudre est la suivante : sécurité, contrôle et fluidité », explique-t-on au niveau de la douane. Dans cette animation promise à une réelle effervescence les jours suivants, un corps de métier a bien de l’avenir : celui d’écrivain public. En effet, organisés en associations, ils sont plusieurs à vendre ce service aux MRE, en noircissant le petit carton qui sera présenté à la police des frontières. Dans un coin du port, plusieurs camions poids lourds occupent une vaste étendue : c’est là un autre aspect de la désorganisation régnante. « Tout cela gène la fluidité en cas de grand trafic, mais dès que la campagne s’accentuera, les poids lourds seront transférés à la gare Est », souligne-t-on.

Sur un autre plan, une nouvelle procédure à la destination des passagers revêt l’aspect de véritable calvaire. En effet, les passagers sans voitures sont désormais obligés d’emprunter un long passage en pente. La chose n’aurait rien d’un désagrément si ce n’était des MRE dont il s’agit, et l’ont sait pertinemment que le moins lesté d’entre eux dispose d’au moins trois grands bagages. Certes, cette nouvelle procédure est dictée par un souci sécuritaire, de même qu’elle permet de juguler les tentatives à caractère clandestin, mais elle cause bien du tort.

Pendant que la gare maritime Ouest vibrait au gré de débarquements des ferries, un long-courrier venait d’accoster dans la gare maritime Est. Il faut signaler à ce propos que cette gare est réservée aux bateaux faisant la liaison avec le port de Set en France, et celui de Gêne en Italie. Le Biladi venait d’atteindre le port de Tanger. De sa soute, ce sont plus de 400 véhicules qui sortiront l’un après l’autre. Le même exercice auquel on a assisté dans la gare Ouest se répète à grande échelle ici : les MRE « légers » d’un côté, les « lestés » de l’autre.

Par ailleurs, les pics en termes de transit sont généralement enregistrés vers la fin du mois de juillet pour les arrivées. Quant aux départs, c’est vers la fin août que ça chauffe. Durant ces jours où l’activité est à son zénith, quelque 7.000 véhicules/jour transitent par le port de Tanger. Ces jours-là, aussi bien les services des douanes que de la police ont plus que du pain sur la planche.

L’assistance de la Fondation Mohammed V

Serpentant entre les files de véhicules, quelques ravissantes jeunes femmes, en joli uniforme et képi de couleur kaki, prodiguaient conseils et assistance aux automobilistes : ce sont les assistantes sociales de la Fondation Mohammed V. Au total, ce sont quelque 70 personnes, entre assistantes sociales et divers corps médicaux, à opérer sur le port de Tanger. Ce staff est actif 24h/24 et ses équipes sont organisées en deux shifts (8h-20h/20h-8H). Les assistantes sociales sont coiffées par un chef de zone, qui n’est autre qu’un officier supérieur des Forces armées royales.

Les jeunes dames en uniformes répondent quand elles sont sollicitées, sinon, ce sont elles qui vont vers les MRE pour proposer toutes sortes d’assistance, notamment dans tous ce qui a un caractère administratif. En accomplissant leur tâche, celles-ci travaillent en étroite collaboration avec les services de police et de douane. L’autre aspect de la Fondation Mohammed V est l’assistance médicale. À cet effet, deux équipes ont été mobilisées dans deux locaux mis en place à cet effet, au niveau des deux gares maritimes, celle de l’Ouest recensant quatre médecins et trois infirmières, tandis que celle de l’Est compte deux médecins et deux infirmiers.

« Notre intervention peut aller du simple conseil médical à la consultation, voire le traitement. Si la personne est prise d’un malaise, nous faisons le nécessaire pour remédier à la situation.

Pour des cas plus sérieux, comme une fracture, une complication cardiaque ou un coma, surtout pour les personnes souffrant du diabète, nous intervenons pour prodiguer les premiers soins, avant de procéder à un transfert par nos ambulances vers le centre hospitalier approprié », indique Dr Farid Tanjaoui Jasouli, responsable de la cellule médicale.

Source : Le Matin - Abdelhakim Hamdane

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