"Louange à Dieu,
Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.
Son Excellence, Notre Frère, le Guide Mouammar Kadhafi, Président du Sommet,
Majestés, Altesses, Excellences,
Monsieur le Secrétaire général, Mesdames, Messieurs,
Il M’est agréable d’adresser à Son Excellence, Notre Frère Mouammar Kadhafi, le Guide de la Révolution du Fateh (1er septembre), l’expression de Ma considération et de Mon estime pour son patriotisme arabe sincère, et pour sa fibre unitaire notoirement connue.
Je remercie vivement Son Excellence et le vaillant peuple libyen d’avoir accueilli ce sommet et d’avoir consenti les efforts les plus généreux afin que celui-ci se tienne dans de bonnes conditions.
Je tiens également à rendre hommage à notre honorable Frère, Son Altesse Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, Emir de l’Etat de Qatar, pour les efforts louables qu’il a déployés durant sa présidence du Sommet de Doha.
De même, Je salue les actions méritoires que mène Son Excellence, Monsieur Amr Moussa, Secrétaire général de la Ligue des Etats Arabes.
La satisfaction que nous inspire la tenue, de façon périodique, des sommets arabes n’a d’égale que notre souhait de voir ces assises se hisser à la hauteur des impératifs d’une action arabe, commune et constante, en vue de la mise en oeuvre des décisions prises par ces sommets. L’objectif étant de lever les obstacles existants, de relever les défis qui se posent et d’édifier un espace arabe intégré, fondé sur la confiance mutuelle et un partenariat fructueux.
Certes, ces nobles desseins ont toujours fait l’objet d’une adhésion unanime de la part des dirigeants et des peuples arabes. Mais, alors, qu’est-ce qui en a empêché la réalisation ?.
C’est, évidemment, le fait de se focaliser sur le rayonnant patrimoine culturel et spirituel que la nation arabe compte à son actif, en escamotant la nécessité d’une lecture objective de ce qui fait la triste réalité du monde arabe, une réalité lourdement obérée par des divergences et des conflits interarabes de tous genres. Pis encore, cette réalité est marquée par des manŒuvres et des complots visant la division et le démembrement des pays arabes, à l’Est comme à l’Ouest de la nation, et portant atteinte à leur souveraineté, à leur intégrité territoriale ou à leur unité nationale. A cela s’ajoutent les écarts criants en matière de développement qui, à l’évidence, ne sont pas dignes de peuples ayant en partage tous les atouts nécessaires pour être unis et solidaires.
La situation s’est à ce point détériorée que l’intérêt porté à la cause palestinienne ne se focalise plus sur l’ultime finalité de mise en place d’un Etat palestinien. La priorité des priorités pour la nation arabe consiste, désormais, à réaliser la réconciliation entre les composantes et les factions du peuple palestinien meurtri et écartelé entre des antagonismes et des polarités de tous genres.
Israël a exploité cette dégradation de la situation pour poursuivre obstinément ses politiques d’agression, fondées sur la colonisation par la coercition et l’usurpation, le blocus inique, la judaïsation d’Al-Qods, et les actes de profanation visant les sanctuaires de la sainte Mosquée d’Al-Aqsa, les lieux de culte et les monuments, et ce, en violation flagrante de la légalité internationale et au mépris des nobles idéaux humains.
Face à l’intransigeance et à la politique d’escalade israéliennes, le camp palestinien est resté divisé alors que les réactions, hormis quelques manifestations tangibles de solidarité, se sont limitées aux communiqués de dénonciation, aux surenchères verbales et médiatiques et aux réunions à caractère purement formel.
Face à la gravité de la situation, le Maroc réaffirme la nécessité incontournable d’adopter une stratégie arabe, fondée sur deux piliers :
• Premièrement, la réconciliation interarabe, en vue de dépasser les différends politiques injustifiés, et de trouver une solution à la question centrale qu’est le problème palestinien,
• Deuxièmement, la réalisation de l’intégration en matière de développement, en tant que préalable nécessaire à l’émergence d’un groupement arabe ayant son mot à dire au sein de son environnement régional et international.
Majestés, Altesses, Excellences,
Le règlement des différends interarabes et la réalisation de la réconciliation souhaitée exigent de faire preuve d’un esprit de dialogue fraternel, de confiance mutuelle et d’une vision tournée vers l’avenir. Cela passe par la réalisation, à titre prioritaire, de la réconciliation entre les composantes du peuple palestinien, en vue de conforter le pouvoir de négociation des parties palestinienne et arabe. A cet égard, Nous nous félicitons des efforts louables que déploie, à cette fin, Notre vénérable Frère, Son Excellence le Président Mohammed Hosni Moubarak.
Dans le même ordre d’idées, Nous réaffirmons notre soutien à l’Autorité Nationale Palestinienne, sous la conduite de Notre honorable Frère, Son Excellence le Président Mahmoud Abbas, ainsi que notre appui au vaillant combat qu’il mène pour l’instauration d’un Etat palestinien indépendant, souverain, d’un seul tenant et viable, avec Al-Qods al-Charif pour capitale.
Face à la gravité de la situation critique, consécutive à l’intransigeance ouvertement affichée par Israël dans la mise à exécution de ses plans de judaïsation, de colonisation, d’isolement, d’annexion et de blocus agressif, aussi bien en Cisjordanie que dans la bande de Gaza et, surtout, la ville d’Al-Qods, Nous réitérons notre rejet catégorique de ce plan israélien belliqueux, et du défi effronté qu’il représente pour la volonté de paix internationale.
En Notre qualité de Président du Comité Al-Qods, Nous continuerons à déployer les efforts intenses qui s’imposent pour faire échec aux tentatives illégitimes de judaïsation visant à isoler la ville spoliée de la Cisjordanie occupée et à l’annexer à Israël, dans une démarche proprement illégale et absolument impossible.
Parallèlement, Nous sommes éminemment soucieux de poursuivre l’action que Nous avons constamment menée en vue de préserver le statut juridique de la ville sainte et d’en sauvegarder le cachet civilisationnel et les monuments à vocation spirituelle. De même que Nous veillons à ce qu’un soutien tangible sous toutes les formes soit apporté aux habitants de la ville sainte pour les aider dans leur résistance. A cet égard, Nous chargeons l’Agence Baït Mal al-Qods al-Charif de s’y employer, en mettant en oeuvre, sur place, des projets et des programmes concrets.
Nous réaffirmons la position inébranlable du Maroc en faveur de la paix et pour une action soutenue et efficace sur la base de l’Initiative arabe de paix qui offre le cadre idoine pour un règlement réaliste et responsable permettant l’instauration de l’Etat palestinien sur son territoire recouvré, ainsi que la récupération de tous les autres territoires arabes occupés dans le Golan syrien et au Liban sud. A cet égard, Nous saluons le promoteur de cette initiative, Notre très cher et illustre Frère, le Serviteur des deux Saintes Mosquées, le Roi Abdullah Ibn Abdulaziz Al-Saoud.
La gravité de la situation exige de la communauté internationale et des puissances influentes qu’elles adoptent des positions plus fermes et plus efficientes, pour dissuader Israël de persister dans un égarement qui met en péril la paix et la sécurité internationale, et pour l’amener à répondre effectivement et positivement à la volonté de paix.
A cet égard, Nous lançons un appel à la communauté internationale, et plus spécifiquement aux Etats-Unis d’Amérique en tant que pays ami et parrain de négociations indirectes, pour qu’ils amènent Israël à cesser ses pratiques illégitimes et à s’investir sérieusement, conformément aux résolutions de la légalité internationale, dans un processus de paix responsable et contraignant pour toutes les parties. Le but final est de parvenir à la solution des deux Etats, laquelle constitue un préalable incontournable pour assurer la paix et la stabilité, non seulement dans la région, mais à l’échelle du monde entier.
Le Maroc, qui compte la défense de son unité nationale et de son intégrité territoriale parmi ses constantes et ses valeurs sacrées, réitère son refus de toute atteinte à l’unité et à la souveraineté de l’un quelconque des pays arabes. Nous réaffirmons, à ce titre, notre soutien absolu au Royaume d’Arabie saoudite frère dans son opposition ferme à tout empiètement menaçant la sécurité de ses territoires.
Nous réaffirmons notre solidarité avec le Yémen, le Soudan, l’Irak et la Somalie dans leurs efforts visant à préserver leur unité, leur souveraineté, leur sécurité et leur stabilité.
Majestés, Altesses, Excellences,
Si nécessaire que puisse être le consensus à réaliser autour des questions politiques décisives pour le monde arabe, cela ne doit pas occulter pour nous l’importance centrale que revêt l’intégration économique et en matière de développement.
Il devient donc urgent d’adopter, à l’échelle du monde arabe, une vision stratégique, globale et intégrée, permettant la mise à niveau de nos pays de sorte qu’ils puissent relever les multiples défis qui leur sont posés en matière de développement et de sécurité, et gagner les paris de la mondialisation et de la société du savoir et de la communication.
Cependant, ces objectifs ne sauraient être atteints que si l’action arabe commune est consolidée dans le cadre d’un système économique arabe favorisant une valorisation optimale des ressources financières, naturelles et humaines que recèlent nos pays. A cet égard, Nous appelons à la mise en oeuvre des résolutions issues du sommet économique avant-gardiste, tenu dans l’Etat du Koweït frère, notamment celle afférant à la création d’un fonds de soutien aux petites et moyennes initiatives visant la promotion du développement humain.
Notre ambition est de voir émerger entre nos pays un partenariat fructueux en matière de développement, leur permettant de tirer parti des opportunités offertes par les partenariats que la Ligue arabe entretient avec les autres groupements de pays.
Majestés, Altesses, Excellences,
Pour relever les défis de l’heure, il est nécessaire de soumettre les structures et les mécanismes de l’Action arabe commune à une réforme substantielle et rationnelle. Loin de se limiter aux organes de la Ligue des Etats arabes ou de se confiner à l’action des gouvernements, cette réforme devrait élargir ses horizons, avec l’implication de nouveaux acteurs dont les parlements, les instances représentatives, les collectivités locales, la société civile, les acteurs économiques et sociaux et les élites intellectuelles, médiatiques et artistiques.
Nous formons le souhait que ce sommet marque le début d’une nouvelle ère pour la solidarité arabe, une ère dont les maîtres mots seront fraternité sincère, bon voisinage, solidarité agissante et coopération pour le développement, le tout dans le cadre d’une intégration rationnelle, moderne et respectueuse des spécificités propres à chacun de nos pays frères.
Dieu est Celui qui accorde le succès et Celui qui guide vers le droit chemin.
Wassalamou alaikoum wa rahmatoullahi wabarakatouh".
27/03/2010
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