Session exceptionnelle de l’académie royale d’Espagne pour les sciences économiques et financières

"Louange a Dieu.

Seul son royaume est eternel.

Excellences.
Monsieur le Président de l’académie royale d’Espagne pour les sciences
Economiques et financières.
Monsieur le Président de l’institut d’Espagne.
Monsieur le secrétaire perpétuel de l’académie du royaume.
Mesdames et messieurs.

Votre présence ce matin à rabat, dans l’enceinte de l’académie du royaume confirme pour ceux qui pourraient encore en douter, que c’est bien sous le sceau de l’exception que nos deux pays ont choisi d’évoluer ensemble. C’est en effet la première fois dans l’histoire de l’Espagne que l’une de vos académies royales tient session en dehors du territoire national. Et pour cette première, vous avez choisi le Maroc et vous avez eu raison.

Ce printemps 2004 était déjà pour notre grande satisfaction, celui du renouveau, dans la profondeur stratégique que nous voulons donner à nos relations. Celui aussi de la confiance restaurée entre nos peuples et de la même détermination retrouvée, solidaire et responsable, pour gagner a deux, les défis que nous impose notre époque. De la sécurité a l’économie, du partenariat euro-méditerranéen à notre place dans une communauté des nations en pleine mutation.

A ce moment qui se reconstruit, vous ajoutez aujourd’hui à la fois l’inédit, l’audace et l’opportunité d’une tribune d’excellence pour nos deux sociétés civiles.

Des sociétés civiles qui ont leur mot à dire, s’agissant de notre destinée commune, de nos intérêts associes et partages et de cette capillarite très délicate et très spécifique, qui fait que marocains et espagnols sont rarement indifférents a ce que proposent leur dirigeants quand se profilent le rythme de notre coopération et le périmètre de notre partenariat.

Excellences,
Mesdames et messieurs,

Votre académie est celle de l’expertise et de l’expérience dans les sphères de l’économie et de la finance. Permettez-moi dans ce contexte de suggérer que vous aidiez les politiques a être plus créatifs pour que nous mettions en place le cadre institutionnel qui va inciter et encourager nos operateurs a s’intéresser a un projet qui reste a construire, celui de l’entreprise maroco-espagnole qui aura l’ambition de partir a la conquête des premières places sur les marches internationaux qui nous sont ouverts.

Ensemble nous avons en effet la capacité d’être des leaders mondiaux performants et respectes, dans l’agro-alimentaire, dans le textile ou dans l’industrie des composants de l’automobile et de l’aéronautique.

Dans tous ces domaines nous sommes complémentaires, dans tous ces secteurs nous avons fait nos preuves et pour tous ces produits nous ne pourrons que faire plus et mieux, en intégrant nos atouts respectifs et en valorisant les ressources et le savoir-faire des uns et des autres. Le même raisonnement bien évidemment s’applique au tourisme, axe dorsal et vital de nos deux économies. L’Espagne qui a depuis longtemps fait la démonstration spectaculaire de la pertinence de sa stratégie dans ce domaine, à la possibilité aujourd’hui de donner un nouveau souffle a ses operateurs et a ses investisseurs en prenant en compte avec sérieux, les opportunités que lui offre le Maroc, qui est le prolongement naturel de son espace touristique.

Excellences,
Mesdames et messieurs,

Toutes ces ambitions sont légitimes et elles s’imposent d’autant plus a nous que des deux cotes de la méditerranée, le réalisme et la raison sont en train de l’emporter pour donner contenu et réalité au partenariat stratégique avance euro-méditerranéen auquel le royaume du Maroc a été l’un des premiers à appeler.

Chacun le sait et l’accepte désormais.

L’union européenne a besoin des pays du sud de la méditerranée. Elle en a besoin entre autres, en tant que relais vital pour sa croissance. Une étude récente a montre que si les liens commerciaux entre nous étaient aussi étroits que ceux du japon avec la chine par exemple, les pays de l’union européenne gagneraient un supplément de croissance de presque un point par an.

Les pays du sud de la méditerranée ne seraient pas en reste et nous avons aussi besoin d’une Europe forte pour apporter la meilleure réponse possible aux défis économiques, démographiques, sociaux et culturels auxquels nous allons être confrontes, dans la perspective d’un monde de plus en plus ouvert aux échanges économiques et commerciaux et donc a la compétition.

Dans la perspective aussi d’un espace international ou s’imposent a tous, la liberté d’entreprendre certes, mais aussi la liberté de penser, de créer et de circuler.

Mesdames et messieurs,

Le champ du possible, nous le voyons, est immense. Qu’il s’agisse de l’impulsion à donner a nos relations bilatérales avec, j’y insiste, la dose de créativité et d’innovation qu’il vous revient de nous apporter et de nous proposer.

Qu’il s’agisse aussi de notre rôle ou de nos responsabilités communes dans la construction de ce nouvel espace stratégique dans la région avec ses équilibres et ses ambitions revues et corrigées à la hausse.

Le royaume du Maroc et l’Espagne sont donc a nouveau au rendez-vous des chantiers historiques ou se mêlent a la fois la raison d’état et l’exaltation des grandes causes.

Je suis convaincu que cette journée marocaine de votre académie qui fera date dans les annales, contribuera à nous éclairer et à enrichir dans nos pays respectifs, un débat désormais ouvert pour le meilleur de la destinée de nos deux peuples et de nos deux nations.
Je vous souhaite plein succès dans vos travaux".

28/05/2004