La commission d’enquête sur les répercussions du séisme du 24 février 2004 à El Hoceima vient de soumettre le 15 novembre 2007 un rapport accusateur à la Commission des droits économiques, sociaux et culturels relevant des Nations unies. D’emblée, le rapport intitulé « le séisme du Rif entre la colère de la nature et l’improvisation de l’Etat », corrobore les informations relayées par la presse et faisant état de familles qui dorment à la belle étoile. Une situation que le rapport décrit en détail, en étayant ses propos par des exemples concrets.
Ce rapport constituera le document parallèle à celui que doit déposer le gouvernement marocain dans un délai ne dépassant pas l’année 2009 et qui devrait répondre aux recommandations et aux interrogations stipulées par la commission chargée des droits économiques, sociaux et culturels lors de la trente sixième session des Nations unies. L’on revient ainsi sur les différentes étapes qui ont accompagné l’opération de reconstruction et de relogement des familles sinistrées. Il n’hésite ainsi pas à qualifier d’« échec cuisant » cette opération, du fait que, après quatre an, plusieurs familles cherchent encore un abri leur évitant les aléas climatiques assez durs dans cette zone du pays en été comme en hiver. Le rapport va encore plus loin en accusant les autorités chargées de répartir les aides de « détournements et de pillage ». Une situation qui a entraîné à l’époque des heurts entre les forces de l’ordre et les populations locales.
Rédigé sur plus de vingt pages, le rapport, fruit d’une investigation de terrain faite par plusieurs sensibilités marocaines et étrangères civiles et politiques, membres de cette commission d’enquête, met en cause l’Etat marocain de ne pas avoir déployé les efforts nécessaires pour éviter ce malheureux sort aux populations. « Après quatre ans, plusieurs familles n’ont ni maison ni aides et subventions en guise de dédommagements », indique le rapport en s’appuyant sur des témoignages, des documents et des visites de terrain.
Rabat avait reçu récemment plusieurs observations et recommandations au sujet de la gestion du dossier du séisme d’El Hoceima, adressées par la Commission des droits économiques, sociaux et culturels relevant de l’ONU. Les articles 27 et 51 font état particulièrement du déficit en matière d’initiatives menées par l’Etat marocain dans ce cadre, l’appelant à redoubler d’efforts pour reloger les sinistrés.
Les associations civiles reprochent aux autorités et aux institutions locales et régionales le manque de transparence dans la gestion de ce dossier. Dans un procès-verbal signé au mois de juillet dernier au siège de la région, l’Association Tamassint pour le suivi des effets du séisme (ATSCS), l’Equipe civile, le représentant des autorités et l’association espagnole pour le soutien de la démocratie locale au Maroc se sont mis d’accord pour que les familles sinistrées bénéficient notamment de la logistique.
Cependant et même après une réunion à la mi-août dernier, l’Association Tamassint a rendu public le 23 du même mois un communiqué dans lequel elle dénonce les tergiversations des autres parties qui n’ont pas honoré leurs engagements. L’Association qui reste la plus proche institution civile des populations a dénoncé cet état de fait et met en garde les autorités contre un éventuel dérapage.
Libération - Nouri Zyad
Ces articles devraient vous intéresser :