Grâce à l’intervention du roi Mohammed Vl, Samir Azzimani représentera le Maroc aux Jeux olympiques en ski alpin.
Pour aller à Turin, ce fils d’une femme de ménage a sacrifié sa vie professionnelle afin de tout miser sur ce soutien royal :
« Après avoir raté d’un rien ma qualification olympique pour Salt Lake pour laquelle j’avais emprunté beaucoup d’argent, j’étais au fond du trou, raconte Azzimani. À Noël 2003, j’étais à bout de souffle, prêt à renoncer à Turin. Comme personne ne semblait croire en moi, un copain me suggéra d’écrire au roi. »
Alors, il poste sa dernière chance, une lettre mûrie une semaine. Un mois après, un conseiller de Mohammed VI lui exprime par téléphone le soutien royal qui le relance pour le slalom et le géant olympiques.
« Grâce à Sa Majesté, je vis un conte de fées. Sans lui, je ne serais jamais allé aux Jeux. Je veux en être digne. Je n’irai pas pour y être une marionnette », certifie ce Franco-Marocain, 28 ans, très attaché à ses racines d’Ain Reggada, village près de Berkane, la ville de Hicham el-Guerrouj.
Né à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine, Samir Azzimani démarre sa vie à six dans une chambre de bonne. À cinq ans, il est placé « dans un pensionnat pour bonnes sœurs à Neuilly-sur-Seine ».
Durant trois ans, cet interne se frotte à des mômes à problèmes, mais profite de tous ses congés scolaires d’hiver « pour découvrir le ski à La Chapelle d’Abondance : j’y ai passé mes trois étoiles et embrassé une passion ».
À neuf ans, il entre à l’école publique où débute son parcours qui doit prouver qu’il sait skier :
« Avant ma première classe de neige, j’ai certifié avoir mes trois étoiles. L’instituteur ne m’a pas cru et m’a demandé de le lui prouver. Depuis, je ne cesse de prouver mon niveau en ski. »
Questionnaire pour terroristes
Bien plus tard, au volant de la 306 de sa maman, en voulant passer les douanes suisses pour aller aux championnats du monde à Saint-Moritz, il dut montrer sa lettre d’engagement.
Enfin, cet été, avec un passeport français estampillé d’un tampon de l’Iran où il avait été chercher des points « FIS », en voulant passer les douanes néo-zélandaises pour aller s’entraîner, il dut répondre « à un questionnaire pour terroriste ».
Toutefois, entre l’âge de 11 et 21 ans, faute d’argent, son père lui interdit la compétition.
Azzimani étudia alors sans relâche décrochant un bac, un BTS et une licence en maintenance médicale, « roues de secours au cas où le ski ne marcherait pas. »
« J’en faisais des cauchemars tellement j’en rêvais. Dix ans après, quand j’ai revu la neige à La Plagne, je l’ai embrassée. »
Titulaire d’un Bafa, ce tenace s’inscrit alors « à toutes les colonies de ski », rechausse vite les skis, tricote l’idée de titiller le haut niveau « alors que tout le monde lui dit de redescendre sur terre ». Il débute en 2000 en « FIS » sur une piste gelée « avec une tenue rouge de chez Décathlon », s’évade en train de nuit vers les Alpes pour s’aguerrir et pour finir « avec une épaule luxée » 46e du géant des Mondiaux de 2001.
Visant les Jeux de Salt Lake, Azzimani refuse des boulots tous cuits, emprunte à des amis pour filer s’entraîner en Australie, se transforme en ouvrier à la chaîne chez Citroën et dans le bâtiment pour rembourser.
Les moindres euros économisés ou récoltés lui offrent des Paris-Tignes dans sa 306 à bout de souffle pour s’entraîner avec Didier Schmidt, un ex-descendeur français.
Dettes effacées et moral recouvré, le Franco-Marocain rêve de faire mieux que Brahim Ait Si Brahim, 52e au slalom des Jeux de 1992.
Licencié au Racing Club de France, Samir Azzimani vit toujours chez sa maman à Colombes « dans le 9.2. », où il aime partager ses aventures avec les élèves des primaires de son coin « pour leur montrer que tout est possible, qu’il faut croire en ses rêves ».
L’Orient le jour
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