La compagnie aérienne britannique EasyJet se retrouve au cœur d’une polémique après avoir diffusé une carte du Maroc amputée de son Sahara.
Dans un discours marqué du sceau de la fermeté, S.M. le Roi a annoncé le maintien du calendrier électoral, la création du port atlantique de Tanger, le rejet de toute partition du Maroc et de l’agression espagnole. Troisième bilan du règne en prélude à l’année de toutes les élections.
L’élément essentiel relevé par les observateurs politiques aura été le ton ferme et engagé utilisé par le Souverain à l’occasion de son troisième discours du Trône. Surtout à l’adresse de l’Espagne et de l’Algérie, même si le voisin de l’Est n’a pas été nommément désigné comme étant le fossoyeur de l’unité maghrébine.
« La réalité amère est là », a notamment déclaré S.M. Mohammed VI en évoquant l’attitude ambiguë, sciemment entretenue par les adversaires patentés de notre intégrité territoriale qui en viennent - c’est un comble ! - à soutenir une agression espagnole. Depuis l’affaire de l’îlot Tourah-Leïla, la collusion entre Alger et Madrid est claire ; elle ne fait que confirmer l’intérêt partagé par les deux capitales pour le démembrement du Maroc et son affaiblissement, ce qui offrirait aux uns une opportunité plus grande de piller ses richesses halieutiques et aux autres une hypothétique ouverture sur l’Océan Atlantique. Vieux rêve refoulé qui ne sera jamais réalisé car le Royaume n’acceptera ni les thèses partitionnistes d’Alger ni la balkanisation du Maghreb.
Par ailleurs, il poursuivra sa revendication, formulée depuis l’indépendance, de récupérer les villes de Sebta et Mellilia, « accaparées » par l’Espagne, comme le soulignera S.M. le Roi. Déclaration inédite dans un discours royal et qui ne manquera pas d’être appréciée à sa juste valeur par le gouvernement de José Maria Aznar.
Année électorale
Rarement un discours du Trône aura été aussi ferme et riche en enseignements sur les positions adoptées par le Maroc dans la lutte contre le terrorisme, la mondialisation, la question moyen-orientale et les conflits régionaux.
Rarement aussi, le Souverain aura adressé autant de messages sans équivoque à nos voisins lorsque l’intégrité territoriale et la souveraineté du Royaume sont mises en cause.
Rarement enfin l’allocution royale aura été aussi éloignée du rapport classique sur l’état de la Nation pour se transformer en un programme de travail ambitieux, à faire démarrer au plus tôt par les acteurs politiques et économiques, indépendamment des échéances électorales.
Pourtant celles-ci débuteront dès le mois de septembre avec les élections législatives tant attendues sous l’alternance.
Au passage, S.M. le Roi a rendu hommage à la classe politique qui a fait preuve de sagesse tout au long de la législature qui s’achève pour consolider les principes de base de la démocratie.
Mais si la transition gouvernementale peut être considérée comme un succès, il s’agit maintenant de réconcilier le citoyen avec les institutions représentatives afin que le véritable vainqueur des prochaines élections soit la démocratie. Aussi faut-il absolument que l’ensemble des partis jouent franc jeu en mobilisant leurs militants et en élaborant des programmes qui apportent des solutions réelles aux problèmes que rencontrent les électeurs dans leur vie quotidienne.
Vigilance et mobilisation sont donc requises pour faire de cette année celle de la mise à niveau, tous azimuts, et pas seulement sur le plan politique. Car les performances économiques laissent toujours à désirer. Le Souverain a relevé, à ce propos, que la réalité est « têtue », tant les indicateurs positifs de l’économie nationale manquent de concrétisation.
Les carences sont malheureusement criantes avec une productivité insuffisante, une faible création des richesses et une bien mauvaise répartition sociale de celle-ci. Il est temps, fera encore remarquer S.M. le Roi, de passer d’une économie de rente à une économie de marché en réduisant les cercles du doute, de l’attentisme et des fausses peurs. Pour ce faire il faut d’abord reconnaître que « l’économie de marché n’est pas un mal, que le profit n’est pas une tare, et que la mondialisation n’est pas un danger ». C’est en accélérant la mise à niveau de son économie et en adoptant ces principes que le Maroc gagnera le pari des accords de libre-échange avec l’UE, les Etats-Unis et les pays sud-méditerranéens. Il confortera ainsi son rôle d’axe incontournable des échanges entre les trois continents.
Entre-temps il lui faudra réhabiliter et moderniser sa justice, condition sine qua non pour créer un climat de confiance, et encourager l’investissement.
Les investisseurs nationaux et étrangers demandent depuis des lustres qu’un effort soit déployé par les pouvoirs publics afin que la transparence caractérise toutes les opérations engagées par l’Etat et que des garanties soient fournies par ce dernier dès lors que surgissent des litiges commerciaux. Il est inutile d’inciter un investisseur à s’installer au Maroc, sans lui offrir un environnement réglementaire et législatif qui garantisse la défense de ses intérêts, une bonne couverture des risques et la pérennité de l’entreprise.
Une lapalissade, observera-t-on, mais c’est à ce type d’arguments élémentaires que s’accrochent les investisseurs pour limiter leur engagement et dérouter des projets vers d’autres pays aux potentialités similaires.
Avancées considérables
Pour accompagner ce changement, il est, en outre, impérieux de s’ouvrir au monde par la libéralisation progressive des principaux secteurs économiques, sans réduire pour autant le rôle de l’Etat qui doit continuer à assurer sa mission de service public. L’entrée en service des centres régionaux d’investissements étant aujourd’hui une réalité et la réforme de la justice inévitable, les domaines des libertés publiques, de la condition de la femme, de l’enseignement et du niveau de vie de la population sont à améliorer, car le développement et la solidarité sont indissociables de tout progrès démocratique.
Pour bien marquer la fin du monopole de l’Etat, le Souverain a confirmé la mise en place imminente d’une instance supérieure de la communication audiovisuelle qui agira en toute impartialité et la création de médias audiovisuels indépendants.
Ainsi le droit à l’information sera garanti tout comme l’expression plurielle des différents courants d’opinion.
Progrès considérable qui met le Maroc au diapason des pays les plus avancés dans le domaine et à l’avant-garde de la quasi-totalité des nations arabo-africaines.
En y ajoutant la réforme de la Moudawana avant la fin de l’année en cours, l’installation des nouveaux responsables du CCDH, de « Diwan Al Madhalim » et de l’IRCAM, on peut dire que la grande marche du développement entamée par le Royaume depuis trois ans s’inscrit parfaitement dans le projet de société dont les contours sont progressivement définis par S.M. Mohammed VI. Il restera à parachever l’indépendance par le retour de Sebta et Mellilia à la mère-patrie, comme ce fut le cas pour le Sahara depuis l’accord de Madrid de 1975.
Avec l’appui de pays membres du Conseil de sécurité comme les Etats-Unis et la France, et suite aux retraits de reconnaissance de la fantomatique « Rasd » par la majorité des pays qui avaient été leurrés pendant un quart de siècle, la solution politique préconisée par James Baker et l’ONU est en train de faire inexorablement son chemin.
Pour le Maroc, l’affaire est pratiquement classée ; il ne s’engagera pas dans une « logique de rupture » comme l’y poussent insidieusement ses adversaires car il entend préparer le terrain pour les générations futures. Le Souverain a de nouveau insisté sur les choix irréversibles du Royaume pour la construction de l’Union Maghrébine, par le dépassement des divergences et antagonismes, et par la mise en valeur des potentialités communes. Etant bien entendu que dans cet environnement régional, le respect mutuel doit primer.
Par Hakim Serraj pour la vie économique
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