Conséquence indirecte du conflit en cours en Irak, le second round des négociations sur la conclusion d’un accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats unis, prévu lundi à Rabat, a été reporté sine die.
»Les Américains ont fait valoir des considérations d’ordre sécuritaire mais le contact entre nos équipes de négociateurs est maintenu », a déclaré à l’Associated Press une source gouvernementale marocaine ayant requis l’anonymat. L’ambassade américaine à Rabat n’était pas joignable lundi matin pour confirmer cette information.
Le premier round de négociations de ce qui devrait être le premier accord de libre-échange conclu entre les Etats unis et un pays africain avait été organisé en janvier à Washington.
Allié traditionnel des Etats-Unis, Rabat est « pris dans un enjeu stratégique », estimait lundi le quotidien marocain « L’Economiste ».
»Le Maroc est coincé entre la pression de son opinion publique, qui ne comprendrait pas de telles négociations en ce moment, et celle de la diplomatie américaine », observe cet influent quotidien, proche des milieux d’affaires. « Sans prendre plus de gants qu’elle n’en prenait pour imposer les islamistes sur l’agenda politique marocain, l’ambassade américaine joue le ’vous êtes avec nous ou vous êtes contre nous’ » déplore l’Economiste qui souligne la »situation très inconfortable » du Maroc.
Le report de ces négociations coïncide avec l’annonce d’une »grande marche populaire » le 30 mars à Rabat pour dénoncer »l’agression impérialiste et barbare contre le peuple frère irakien » à l’appel du Comité national de soutien à l’Irak, qui regroupe une quarantaine de partis politiques et de syndicats.
»L’agression anglo-américaine contre l’Irak est en violation flagrante de la Charte des Nations unies et constitue une menace pour la sécurité, la paix et la stabilité dans le monde », note le Comité dans un communiqué.
En marge de nombreux attroupements spontanés, notamment aux abords des lycées et devant le Parlement, plus de 200.000 Marocains ont déjà défilé sans incidents en février et mars dans les rues de Rabat et Casablanca (100km au sud de Rabat).
Dans un discours radiotélévisé prononcé le 20 mars, le roi Mohammed VI avait appelé le peuple marocain à faire preuve « de sagesse et de circonspection » avant d’insister sur « le respect scrupuleux de l’ordre public ».
A la différence de la première guerre du Golfe en 1991, le Maroc, qui avait exprimé « sa déception » et « son amertume » après le déclenchement des hostilités, ne fait pas partie de la coalition internationale initiée par Washington et Londres. AP
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