À l’approche du mois de Ramadan, des voix s’élèvent pour réclamer une formation religieuse adaptée aux Marocains résidant à l’étranger, notamment en France.
Lundi matin, avant le lever du soleil, Mohamed et Naïma ont déjeuné. Ils n’ont plus rien avalé de la journée. Ce jeûne va durer 30 jours. Al Yaziz a 6 ans et demi, son frère Karim en a neuf. Dans l’appartement de la famille Ben Miloud, rue Gabriel-Fauré, ce sont les seuls à pouvoir ouvrir le frigo pour manger, ou boire un verre d’eau fraîche. Depuis lundi matin, à 5 h 56 pétantes, heure du lever du soleil, leurs parents, Mohamed et Naïma, ont démarré le ramadan.
En sont dispensés les enfants jusqu’à la puberté, les femmes enceintes, les malades, bref, tous ceux qui ne peuvent se permettre de longs jeûnes quotidiens. « Nous revenons juste du Maroc. Nous sommes allés voir la famille pendant les vacances. Et à peine rentrés, c’est ramadan. Nous l’observons depuis notre jeunesse. Une habitude à prendre » sourient Mohamed et Naïma. Ils n’en sont pas moins des hôtes attentionnés, servant le thé à la menthe et les gâteaux rapportés fraîchement du pays.
Ils regardent cette nourriture, à laquelle ils ne toucheront que quand le soleil se couchera. « À 20 h 57, exactement, pour ce lundi, annonce Mohamed, le calendrier solaire sous le nez. Après la prière du soir. » On mange, enfin !
La harira, soupe du soir
Pour ce dîner, appelé le ftore (rupture du jeûne en arabe), les plats sont de sortie. « D’abord, une bonne grosse soupe, la harira. On y met des pois chiches, de la viande coupée en dés, du persil, de la coriandre, des tomates. C’est une longue préparation » admet Naïma, tout en glissant : « Ceux qui n’ont pas le temps, parce qu’ils travaillent, ont le droit de se chauffer une soupe toute faite. »
Au pays de Lorient, les Musulmans ont leurs adresses, avec deux boucheries halal situées l’une rue de Verdun, l’autre rue Paul-Guyesse. Et en bonne cliente, Naïma souligne que certains supermarchés locaux font des promos « spécial ramadan », en ce moment.
Alors dur ne pas s’alimenter ni se désaltérer pendant une bonne quinzaine d’heures ? Le couple s’attendait à la question. « Nous nous préparons. Le jour dit, nous savons. Nous savons aussi la dimension spirituelle du jeûne. Un temps pour penser à l’autre. A celui qui ne peut manger tous les jours à sa faim. » Ici, selon Mohamed, les employeurs comprennent leurs salariés pendant le ramadan : « Quand on respecte l’autre, on a la réponse » résume-t-il.
Une fête à la fin du mois
Et puis c’est l’occasion de resserrer les liens de la communauté. « Nous les femmes, échangeons nos recettes de gâteaux. Ceux qui n’ont pas de famille peuvent compter sur nous. Chaque soir, au centre de culte, nous arrivons avec des plats pour nourrir les étudiants musulmans de Lorient, qui observent le ramadan et ne peuvent se cuisiner les plats de chez eux. »
La famille Ben Miloud va vivre à ce rythme jusqu’à la fin du mois. Ce sera alors la fête. Elle durera toute la journée. On confectionnera le couscous. Le thé à la menthe coulera dans les petits verres. Les dattes, crêpes et cornes de gazelles garniront les tables. Lundi, Mohamed et Naïma étaient branchés sur une chaîne de la télé de leur pays. Les reportages sur les courses pour le ramadan envahissaient l’écran. Dans les paniers des Marocains, on voyait, mélangés, des cahiers de rentrée scolaire et des provisions pour la soupe du soir.
Source : Ouest-France - Françoise Rossi
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