Il n’y a pas eu trois, mais quatre piétons tués cet hiver par des véhicules de déneigement, à Montréal. Le décès d’une Marocaine de 49 ans, morte au passage d’une déneigeuse, avant Noël, n’a pas fait les manchettes... Il a fallu un communiqué du Bureau du coroner décrétant la tenue d’une enquête publique sur les quatre décès, pour mettre au jour le drame d’une famille éprouvée.
Âgée de 49 ans, Rajaa Benkiran était au Canada depuis quelques mois seulement. Mère de deux enfants, elle venait de terminer ses examens à l’Université de Montréal et rentrait chez elle le soir du 15 décembre.
« Je préparais moi-même un examen à la maison et je n’avais pas vu le temps passer quand j’ai réalisé qu’il était minuit », raconte l’aîné de ses fils, Reda, 20 ans. « Ma mère devait rentrer vers 22 h. Je me suis tout de suite inquiété.Mon petit frère dormait et mon père était au Maroc. Je me suis mis à appeler partout. Puis je suis sorti dans la rue. Je m’apprêtais à rentrer quand j’ai croisé des policiers. » « Ils m’ont demandé de monter à l’appartement et m’ont annoncé que ma mère était morte, frappée par une déneigeuse, par un employé qui parlait sur son talkie-walkie. »
C’est au téléphone que le mari de la victime, Abdeslam Alami Marrouni, a appris, lui, la terrible nouvelle. Les jours qui ont suivi ont été éprouvants. « J’étais le pilier de la famille, j’étais contrôleur au Maroc, mais ici, je n’avais pas encore trouvé de travail, raconte l’homme. Le malheur a voulu que ce soit ma femme qui devienne le soutien de toute la famille, ici, en travaillant dans un pensionnat tout en étudiant. Si bien qu’aujourd’hui, nous n’avons plus rien. »
4000 dollars
Reda raconte la suite : « Je devais tout à coup absorber le choc du décès et trouver rapidement 4000$ pour retourner la dépouille de ma mère au Maroc... »
Émus par l’affaire, le Royaume du Maroc et son consulat à Montréal ont aussitôt décidé de venir en aide à la famille et pris à leur charge tous les frais du rapatriement.
Plusieurs semaines sont passées, maintenant, depuis l’accident. Mais la famille de Rajaa Benkiran, laissée à elle-même, n’arrive toujours pas à savoir ce qui s’est produit. Et elle n’a pas les moyens de payer, pour le savoir, un avocat à 100 $ l’heure. Elle espère que l’enquête du coroner fera vraiment la lumière sur tout ça.
Source : Canoë
Ces articles devraient vous intéresser :