Un couple marocain et ses trois filles mineures âgées de 12, 8 et 5 ans sont arrivés clandestinement à Pampelune en provenance du Maroc il y a un mois, cachés dans une remorque chargée de légumes. Sans ressources ni aide, ils sont à la rue depuis...
Les immigrés subsahariens étaient vendredi, de 4h à 6h du matin, dans le collimateur des rafles subites. Le but était d’arrêter tous les immigrés là où ils habitent. L’objectif était de les refouler, pour une énième fois, vers la frontière maroco-algérienne. Les drames survenus récemment aux larges des îles Canaries ont probablement été derrière ces opérations.
Les policiers en mission ne procédaient, selon certains des membres du comité de soutien aux immigrés subsahariens, à aucune distinction entre les personnes appréhendées. La preuve, selon les mêmes sources, est qu’ils ne demandaient à aucun moment les documents d’identité. Du coup, les fourgonnettes étaient pleines de demandeurs d’asile et même de quelques réfugiés. Vers la mi-journée, et suite à des protestations des réfugiés et demandeurs d’asile arrêtés, des contacts ont eu lieu avec le Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Ce dernier a, en effet, expliqué qu’il serait contraire à la loi de refouler des immigrés demandeurs d’asile ou ceux jouissant du droit de réfugié.
Les autorités marocaines ont alors libéré ceux justifiant de documents prouvant leur statut de demandeurs d’asile ou de réfugiés. Le reste allait prendre le chemin d’Oujda, où il sera refoulé vers le désert algérien, selon le principe stipulant de remettre l’immigré à l’endroit d’où il était entré. Cette attitude a suscité la condamnation d’un collectif associatif et syndical, qui a estimé, à travers un communiqué, que les conventions internationales de droits de l’Homme, dûment signées par le Maroc interdisent ce genre de comportement. Ainsi, l’article 3 de la Convention des Nations unies contre la torture, fait noter la flagrance du fait de renvoyer une personne vers un pays où elle pourrait être soumise à de mauvais traitements.
Le collectif qui comprend un ensemble d’associations et de syndicats dont l’Observatoire marocain des prisons (OMP), la Fédération démocratique de travail (FDT), l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et l’Association ADALA, estime que "le refoulement, dans de telles conditions, des migrants vers la frontière algérienne, constitue une violation portant atteinte à ce principe". Les signataires du communiqué rendu public samedi, ont souligné le lien existant entre, d’une part, le durcissement de la politique marocaine en matière de gestion des flux migratoires et de contrôle des frontières et, d’autre part, "la pression grandissante de la part de l’UE sur le Maroc en matière de coopération pour la lutte contre l’immigration irrégulière vers ses frontières". Ils ont ainsi déploré la politique actuellement menée dans le cadre de la coopération entre l’UE et le Maroc qui n’inscrit pas la protection des droits des migrants et des réfugiés parmi les priorités d’action.
Par conséquent, il serait temps, selon ces structures civiles, de réviser le chapitre migration et asile du plan d’action UE-Maroc, adopté dans le cadre de la politique de voisinage. L’approche sécuritaire n’est aucunement la réponse appropriée au phénomène migratoire, souligne-t-on de même source. Toutes les conférences internationales et régionales ont réitéré cette affirmation, il serait temps de la traduire dans les faits.
Libération - Nouri Zyad
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