Questions sur le rôle du "Prince rouge" après l’affaire Lamrabet

1er juillet 2003 - 15h53 - Maroc - Ecrit par :

L’intervention du prince Moulay Hicham, cousin du roi Mohammed VI du Maroc, en faveur du journaliste Ali Lamrabet incarcéré pour "outrage au roi", a suscité des interrogations sur un possible retour en grâce du "Prince rouge" auto-exilé aux Etats-Unis depuis plus d’un an.

Moulay Hicham, qui doit son surnom à ses appels à une "refondation démocratique" de la monarchie marocaine, a obtenu personnellement l’arrêt de la grève de la faim d’Ali Lamrabet au moment où la situation du journaliste, condamné à trois ans de prison et l’interdiction de ses journaux satiriques, suscitaient de vives protestations internationales. C’est après deux visites au chevet d’Ali Lamrabet, à l’hôpital de Rabat où il avait été transféré après son incarcération, que Moulay Hicham a lui-même annoncé, le 23 juin, la fin d’un jeûne de cinquante jours - au grand soulagement des amis du journaliste mais aussi des autorités du pays. "Moulay Hicham a joué le rôle que ne sont plus capables de jouer ceux dans l’entourage du roi qui avaient pour mission de jeter les ponts avec la +dissidence+", a estimé dimanche le Journal Hebdomadaire, tout en ajoutant que le prince ne peut être considéré comme "le sauveur de la réputation du pays" puisque le journaliste, bien qu’ayant cessé son jeûne, "reste toujours sous le coup d’une condamnation inique". En réalité la fin de la grève du journaliste satirique "a été obtenue d’abord parce que le roi a accepté que son cousin rencontre Ali Lamrabet", a estimé Le Journal Hebdomadaire, jugeant que "cette dimension est peut-être la plus porteuse d’espoir pour l’avenir". "Etait-ce une démarche strictement personnelle ou diligemment convenue ?" s’est interrogé de son côté Maroc Hebdo, tout en remarquant que l’initiative de Moulay Hicham s’inscrit dans "le positionnement politique d’un Prince un peu atypique". Critiqué par des journaux proches du pouvoir, le cousin germain du roi Mohammed VI, troisième dans l’ordre de succession monarchique, s’est exilé volontairement aux Etats-Unis il y a plus d’un an. "L’institution monarchique est malmenée, la famille royale aussi. Elle a besoin de la plénitude de ses moyens pour jouer entièrement son rôle", avait-il déclaré avant son départ en janvier 2002. Les interrogations sur un retour possible du prince sur la scène marocaine prennent un relief particulier un peu plus d’un mois après l’électrochoc provoqué par les attentats-suicide du 16 mai à Casablanca, qui ont fait 44 morts dont 12 kamikazes marocains. La menace terroriste, et plus généralement la montée en puissance de l’islamisme radical dans le pays, ont fait ressurgir au premier plan le débat sur la meilleure voie à suivre pour la modernisation du royaume - une alternative qui oppose, schématiquement, les "sécuritaires" et les "droits-de-l’hommistes". Les premiers, auxquels les attentats du 16 mai ont donné des ailes, sont partisans de la manière forte pour écarter toute menace au "processus de démocratisation" officiellement en cours, avec une politique sécuritaire méthodique - y compris contre la presse indépendante. Les seconds, qu’un retour sur le devant de la scène du prince Moulay Hicham pourrait conforter, misent avant tout sur les avancées démocratiques et sur l’extension des libertés individuelles pour écarter les dangers qui pourraient menacer le pays - et la monarchie.

AFP

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