Première session de la deuxième année législative

1er octobre 2008 - 15h40 - 1998 - Ecrit par : L.A

’’Louanges à Dieu,

que la prière et la bénédiction soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons,

Honorables députés et conseillers,

J’appelle sur vous la paix et la miséricorde divines. Outre le fait que Ma rencontre aujourd’hui avec vous constitue l’un de Mes engagements constitutionnels et de Mes devoirs institutionnels, Je dois dire qu’à chaque fois que Je vous rencontre, Je ressens profondément cette affection que Je vous porte et qui est réciproque J’en ai la certitude.

Ce sentiment sincère que j’éprouve pour ma part à votre endroit -individuellement et collectivement- s’explique par le fait que tout ce qui a trait à la patrie occupe une place de choix dans mon coeur. Vous êtes en effet les représentants de la Nation. Lorsque vous parlez au nom du peuple marocain, il est certain que ce lien affectueux qui nous lie d’une manière tout à fait naturelle, solide et spontanée, signifie tout simplement que nous sommes des hommes réunis autour de notre amour pour Dieu et de notre action au service de Dieu et de la Patrie. Ce sentiment de sincérité réciproque, doit toujours imprégner nos rapports aussi bien lorsque je m’adresse à vous, oralement ou par écrit, ou lorsque vous devez, de votre côté, me faire part d’un conseil. "la religion c’est le conseil, a dit le Prophète sidna Mohammed. Pour qui ? avait-on demande au messager de Dieu ? il répondit : aux dirigeants des musulmans et à l’ensemble des fidèles’’. C’est cette sincérité qui nous permettra en permanence de discuter et de dialoguer dans un esprit d’honnêteté, avec des perspectives saines, que ne trouble aucune ombre, loin des visées personnelles, loin des positions opportunistes.

Ce sont là des perspectives que nous ne pouvons atteindre que par la loyauté pour notre patrie, pour notre peuple et pour notre religion. Nous constatons que notre pays a pu, non seulement, résister à cette tempête, mais persévérer sereinement et avec vigilance sur la voie qu’il s’est tracée. Qui pouvait penser qu’il est possible pour un pays en développement, de réaliser une croissance moyenne de l’ordre de 3,2 pour cent sur douze ou quinze ans ? Même des pays européens dits développes n’ont pu parvenir, certaines années, à ce chiffre de 3,2 pour cent.

Lorsque nous constatons, Dieu soit loué, que notre monnaie reste stable et force le respect, que les opérateurs marocains sont réputés sur les marchés extérieurs au niveau du continent et ailleurs, par leur crédibilité et le respect qui leur est du, que leur patrimoine moral dépasse leur patrimoine financier, ne sommes-nous pas en droit de rendre grâce à Dieu, sans toutefois, se contenter d’une telle situation ? Nous disons qu’il nous appartient d’aller de l’avant. Ce sont là des encouragements qui nous incitent, chaque fois que nous aurons fourni l’effort qu’il faut, que nous aurons affronté l’épreuve quotidienne, mensuelle et annuelle du travail, à nous référer à l’adage disant : ’’quiconque aura persévéré sur la (bonne) voie indiquée, finit par arriver à destination’’. Dieu soit loué, nous devons donc poursuivre notre oeuvre.

Je voudrais vous communiquer un autre chiffre simple mais très important pour nous : de 1990 à 1998, le Maroc a crée 182.000 emplois par an, sachant que nos besoins annuels en la matière sont de l’ordre de 220.000 emplois. Cela veut dire que l’écart annuel n’est que de 40.000 emplois. Du reste, quel est ce pays, à travers le monde entier, quel que soit son système, quelle que soit sa religion, quelle que soit l’étendue de ses richesses, qui peut prétendre avoir résolu définitivement et totalement le problème de l’emploi ? Ne croyez-vous pas que 182.000 emplois par an, même s’ils ne couvrent pas les 100 pour cent, représentent un encouragement qui doit nous inciter à aller de l’avant, à être fiers et à rendre humblement grâce à Dieu ?

Ce sont là messieurs, certaines idées que j’aimerais que vous méditiez aussi bien lors de vos travaux parlementaires, qu’au sein de vos partis et organisations, non pas pour vous arrêter au stade de cette évolution que j’ai essayé de vous exposer en toute objectivité et transparence, mais pour y puiser davantage de motifs d’encouragement pour assumer votre devoir quotidien avec assiduité et persévérance, en rendant tout naturellement grâce à Dieu en toutes circonstances.

Messieurs,

Lors de votre précédente session au cours de laquelle vous avez débattu notamment la loi des Finances ainsi que d’autres lois, j’ai remarqué, pour vous parler en toute franchise, la virulence dans le discours et l’affrontement dans la conduite, ce qui, je crois, ne peut aucunement être bénéfique pour les débats du parlement. Pourtant, certaines des précédentes législatures étaient particulièrement houleuses. Les thèmes qui y étaient débattus alors étaient de nature à chauffer les esprits puisqu’ils portaient principalement sur les lois régissant les élections et la préparation de ces mêmes élections. Jamais, cependant une telle virulence n’a été atteinte, ni un tel degré d’affrontement n’a été constaté.

Le Maroc étant une nation unie, avec un seul et même peuple, mon souhait est que vous ne cherchiez pas à en faire un pays avec des clivages entre droite et gauche, je ne pense pas que vous tentez de le faire, ni sciemment, ni inconsciemment. Ne divisez donc pas le peuple que vous représentez. Répartissez-le, si vous le voulez, en deux catégories. L’une qui a déployé des efforts et a atteint son objectif, l’autre qui a fourni des efforts tout aussi méritoires sans y parvenir. Les deux catégories méritent rétribution, si la première n’est pas doublement rétribuée par rapport à la seconde.

Donnez, que Dieu vous garde, à nos fidèles sujets dont vous êtes, non seulement les représentants, mais aussi les porte-parole et les interprètes de leurs souhaits, de leurs espérances et de leurs besoins et exigences quotidiens, donnez leur de votre assemblée l’image d’un parlement ou règnent l’enthousiasme et l’émulation - c’est dans la recherche du bien que l’on doit rivaliser- mais le dénominateur commun qui doit vous unir et doit être évident aux yeux du peuple marocain, en premier lieu, et aux yeux de l’étranger ensuite, ce dénominateur commun doit être la quête continue de la vertu car, comme a dit Jamaleddine Al Afghani : ’’point de limite à la perfection et nulle fin à la vertu’’.

Le dernier point sur lequel je voudrais attirer votre attention, honorables membres des deux chambres, c’est d’essayer au cours de cette session, dans la mesure du possible et avec célérité, d’harmoniser au maximum les règlements intérieurs de la chambre des représentants et de celle des conseillers. Si vous parvenez à un résultat positif à ce sujet, cela constituera un pas positif qui permettra à tous, parlement et gouvernement, de s’atteler avec sérieux à l’examen des lois. Pour éviter toute perte de temps, toutes les garanties doivent être réunies afin que la navette des textes entre les deux chambres s’effectue dans les meilleures conditions. Cela dépend de votre bonne volonté que vous ne manquerez pas de mettre au service de votre chère patrie.

Messieurs,

le Maroc ayant opté pour la monarchie constitutionnelle dans tous les sens du terme, le fondement doit en être : la justice et le respect des droits. Nous voulons - c’est là notre ferme détermination - clore définitivement au cours des six prochains mois le dossier des droits de l’Homme. Nous avons reçu du président du Conseil consultatif des droits de l’Homme des motions et nous déclarons ici que nous avons décidé de répondre favorablement à ces requêtes et de donner nos Hautes instructions pour la mise en oeuvre des mécanismes convenus par les membres du Conseil consultatif des droits de l’Homme pour que soient examinés ces dossiers et que soit close définitivement cette question afin que le Maroc ne traîne plus derrière lui une réputation ne reflétant nullement la vérité et qui n’est conforme ni à son passé ni à sa réalité présente et sert encore moins son avenir.

Je crois que j’ai évoqué suffisamment de thèmes pour cette session bien que je ne me lasse jamais de votre compagnie et des retrouvailles avec vous, car, depuis le jour ou vous avez choisi de vous présenter aux élections et depuis votre entrée en campagne électorale, j’ai suivi certains d’entre vous à la télévision, écouté leurs interventions notamment lors des séances des questions orales, ou lu leurs déclarations dans la presse. Je ne peux, par conséquent, ne pas ressentir les sentiments d’affection qui nous unissent, même si je ne vous connais pas tous et j’aimerais tant le faire.

Autre conseil que je vous adresse : faites en sorte -que Dieu vous garde- que le niveau de votre presse soit rehaussé car elle est la base de la culture populaire nationale. Je ne dirais pas davantage. Je terminerais en évoquant les versets par lesquels nous avons ouvert cette séance, le verset d’ ’’Al Koursi’’ du Livre Saint, le verset qui prémunit et rassure, le verset qui atteste de l’unicité de Dieu, celui de l’intercession auprès du très-haut et de la prière sincère.

Nous voudrions en cette circonstance prier Dieu, le très-haut, de purifier nos coeurs, de nous guider sur la bonne voie, de faire en sorte que nous ayons constamment présent à l’esprit notre cher Maroc et de nous rappeler l’engagement envers le peuple marocain pour le conduire vers la concrétisation des objectifs que nous lui avons assignés et souhaités, de sorte que nos fils et nos petits-fils soient à l’abri de toute adversité et de tout malheur. Je voudrais enfin implorer le tout-puissant -qui nous prodigue le bien du moment qu’il sait que nos coeurs renferment du bien- de nous combler davantage de ses bienfaits. ’Seigneur, accorde-nous ta miséricorde et dispose de notre sort conformément à la voie droite’’.

09/10/1998

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