Ouverture du nouveau parlement bicameral

31 décembre 2008 - 16h14 - 1997 - Ecrit par : L.A

"Louange à Dieu,

Que la paix et la bénédiction soient sur le Prophète, Ses proches et Ses compagnons.

Mesdames et Messieurs les Représentants et les Conseillers,

Je voudrais tout d’abord vous féliciter du fond du cœur pour la confiance placée en vous par vos électeurs. Comme le stipule la Constitution, vous représentez aujourd’hui, individuellement et collectivement, la souveraineté de la nation marocaine. Vous devez, que Dieu vous préserve, être conscients et bien assimiler le sens de cette formulation, à savoir que le Parlement marocain, avec sa Chambre des Représentants et sa Chambre des Conseillers, incarne la souveraineté nationale.

Il s’agit là d’une responsabilité (Amana) dont vous appréciez, J’en suis convaincu, la portée et l’importance. C’est une charge dont vous avez, sans nul doute, sondé le fond et que vous avez analysée comme il se doit. Ainsi, de simples citoyens que vous étiez, vous êtes devenus aujourd’hui des représentants et des conseillers ceints par les impératifs de cette charge, mobilisés au service de vos concitoyens et de votre patrie.

Sans vouloir revenir sur le passé, Je voudrais dire quelques mots au sujet de la Chambre des Conseillers. Celle-ci regroupe avant tout, une sélection de ceux qui œuvrent quotidiennement pour que le Maroc assure sa subsistance. Il s’agit en l’occurrence des agriculteurs, des salariés, des commerçants, des industriels, des artisans et des gens des métiers, qu’ils soient hommes ou femmes.

Lorsque nous avions voulu que la Chambre des Représentants soit élue dans sa totalité au suffrage direct, il était de notre devoir de ne pas les cantonner dans un Conseil consultatif économique et social. Nous nous devions plutôt de les associer, en hommage à leur labeur et aux efforts qu’ils consentent, à la gestion des affaires du pays, leur assurer une participation à l’élaboration des lois et leur permettre, à certaines conditions et dans certaines circonstances, d’émettre des observations sur l’action gouvernementale.

La Chambre des Conseillers symbolise en outre quelque chose qui nous est chère, à savoir la région. C’est cette idée même de la régionalisation qui assurera aux Marocains des droits égaux bien que leurs atouts pour le développement diffèrent. On nous a habitués, alors que nous étions jeunes, à cette fable du Maroc utile et du Maroc inutile, du Maroc riche et du Maroc pauvre . Aujourd’hui , le Maroc doit être un Maroc pour tous, généreux, réunissant les conditions de vie décentes, nécessaires aux groupes et aux individus : infrastructures de base, équipements pour le développement social, économique et agricole, etc.

Nous ne pouvons atteindre un tel objectif que si nous prenons en considération les exigences de la région et les plans qu’elle aura à élaborer, de concert avec le gouvernement, pour le bien-être, le développement et la prospérité.

Mesdames et Messieurs,

Vous allez sous peu commencer à assumer votre mission. Je voudrais être concis sur ce que nous attendons de vous. Le devoir étant nécessairement connu et tout citoyen étant au fait de ses obligations, nul besoin donc de se lancer dans une définition approfondie de ce devoir.

Sachez, que Dieu vous préserve, que la situation aujourd’hui au Maroc n’est pas pire qu’hier. Quand Je dis "hier", J’entends par là une année ou six mois.

Mais, l’avenir pour le monde entier est fait de défis successifs, de conflits sans fin. Il est entré dans un tourbillon de terminologies et concepts, tels que la mondialisation ou la rationalisation ou encore des concepts, dont certains restent encore totalement vidés de sens. En lisant la presse l’on se rend compte, en effet, que ces lois économiques et commerciales n’ont toujours pas donné les résultats escomptés. Pire encore, ceux qui les adoptent sans y prendre garde risquent de se réveiller un jour pour se rendre compte que le rêve reste un rêve et que la réalité est plutôt amère.

Vous devez savoir, que Dieu vous préserve, que le sceau de Salomon n’est détenu ni par les partisans du tout étatique, ni par ceux qui prônent le libéralisme sauvage. Nous devons donc être souples, vigilants et réalistes à cet égard et, au besoin, associer les deux car, dans ce domaine, il ne doit pas y avoir de démagogie, la seule méthodologie étant d’avoir toujours présent à l’esprit la réalité marocaine. Votre Parlement, constitué de la Chambre des Représentants et de la Chambre des Conseillers, doit légiférer pour le Maroc et non pas suivre l’exemple de ce qui se fait dans certains pays et dans certains régimes.

Notre tache au Maroc consiste à œuvrer au service des Marocains, analyser la situation dans le pays, notre objectif étant d’assurer la promotion de l’homme et de la société marocaine, en comptant sur nos propres moyens humains et matériels.

Alors que je m’apprêtais à entrer dans cette enceinte et au moment où Je saluais la foule, J’ai entendu la sollicitation d’une jeune fille - J’en suis encore tout bouleversé - qui a crié : « O Moulay El Hassan, nous manquons de tout ».

Je vous dis, Messieurs les députés, Messieurs les conseillers, soyez à mes cotés, comme je serai à vos côtés, car le Maroc a besoin de nous tous.

A partir de la semaine prochaine, vous allez vous atteler à votre première tâche qui consiste à élire les présidents et les bureaux des deux Chambres. Lorsque vous aurez terminé - et j’espère que vous le ferez dans les plus brefs délais - J’entamerai alors mon travail et je prendrai contact avec la personnalités que J’estime, en mon âme et conscience, en mesure de former le gouvernement qui sollicitera l’appui de la Chambre des Représentants par l’approbation de son programme.

Afin de permettre au Maroc d’aller de l’avant à pas sûr, et afin que l’humble serviteur de ce peuple puisse œuvrer en restant étroitement lié à la réalité, Je vous prie avec insistance, Messieurs les représentants, Messieurs les conseillers, d’éviter après l’élection des présidents et des bureaux des deux Chambres, de passer d’un groupe parlementaire à un autre. Si le droit d’adhésion est garanti par la Constitution, il n’en demeure pas moins qu’une telle entreprise pourrait concourir, tôt ou tard, à la désintégration des partis politiques siégeant au parlement quels qu’ils soient. Car il n’y a pas plus dangereux pour la démocratie que l’excès dans le mauvais usage de la démocratie.

Soyez, que Dieu vous préserve, attaches à l’unité des rangs autant que vous l’êtes pour l’intégrité territoriale du Royaume.

Chacun a certes sa propre méthode, mais notre objectif suprême et sacré reste celui de servir ce peuple, de lui assurer progrès, grandeur, dignité et pérennité - la pérennité n’appartient qu’à Dieu - mais une pérennité à la hauteur de son histoire et de ses fils qui méritent hommage et considération.

Je vous invite enfin à réciter en chœur avec moi, ce verset de la Sourate « Al Israâ », car il s’applique à chacun de nous ici pré sent dans cette enceinte :

« Dis : Seigneur, fais-moi entrer par l’accès conforme à la justice, fais-moi sortir par l’issue conforme à la justice.

Accorde-moi, de Ta part, une autorité qui me protège »."

26/12/1997

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