Le Nouvel An Amazigh sera désormais un jour férié officiel au Maroc, selon une décision qui vient d’être prise par le roi Mohammed VI.
Répondant à l’appel lancé par l’Association Culturelle IGHBOULA, une vingtaine d’associations amazighes marocaines se sont réunies en Assemblée Générale, le dimanche 14 avril 2002 à MRIRT, pour remédier à la situation de blocage où se trouvait la coordination interassociative amazighe, laquelle situation est due au refus des autorités marocaines d’agréer la Confédération créée il y a de cela deux ans.
En effet, une première TADA DES ASSOCIATIONS AMAZIGHES DU MAROC a déjà été fondée depuis février 2000 à Meknès, conformément aux lois marocaines en vigueur, par les associations membres du CONSEIL NATIONAL DE COORDINATION. Ce dernier était un collectif national regroupant en son sein nombre d’associations amazighes, représentatives des différentes régions du Maroc. Cette première TADA n’étant donc pas reconnue par les autorités makhzeniennes, les associations s’étaient retrouvées privées arbitrairement de leur droit de coordonner leurs efforts pour défendre leur cause commune, leur raison d’être : l’Amazighité du Maroc.
Pour dépasser alors cette situation de blocage, les associations amazighes marocaines ont tenu leur Assemblée Générale à MRIRT, dans le pays zaïen. Après une journée de travail en commissions et de débat, les associations présentes ont décidé d’abandonner la coordination "légale", dépendant des lois et contraintes du Makhzen pour revenir à la coordination "coutumière", régie par les principes et les valeurs amazighes. Concernant la dénomination, l’Assemblée a opté pour le maintien du nom de la Confédération créée à Meknès et non reconnue par le Makhzen : TADA DES ASSOCIATIONS AMAZIGHES DU MAROC. Le terme "TADA", désignant une structure typiquement amazighe, peut être traduit par la "confédération" (de tribus amazighes). Mais dans sa nouvelle acception, ce terme a perdu sa connotation tribale...
Le bureau élu à la fin de la rencontre, pour un mandat de deux ans, se compose de sept membres :
• Docteur Abdelmalek Houssain OUSSADDEN : Président
• M. Mustapha BERHOUCHI : Vice-président
• M. Mohamed HELLAOUI : Secrétaire Général
• M. Lahcen CHEBRAK : Secrétaire Général adjoint
• M. Omar LEMHEOUER : Trésorier
• M. Moulay BAJJI : Trésorier adjoint
• M. Lahcen OUYASSER : Archiviste.
L’Assemblée a, en outre, désigné M. Mohamed LIHI comme Président d’honneur de la confédération TADA.
DOCTEUR OUSSADDEN
Le président élu, à l’unanimité, Docteur OUSSADDEN, est le doyen du Mouvement Culturel Amazighe marocain. Né le 16 mai 1927 à Aït Sadden, non loin de Fès, il avait fait ses études primaires à Bir Tamtam avant d’être admis au Collège Berbère d’Azrou, où il passa cinq ans. C’est là qu’il a « appris que Tamazight est une langue, qui a tous ses attributs : alphabet, grammaire et littérature ». A l’âge de dix-sept ans, il fut admis au Lycée MOULAY DRISS à Fès. Il y passa trois ans avant d’être orienté au Lycée POEYMIREAU à Meknès, où il obtint son diplôme de Premier Bachelier Berbère avec mention "très bien". Après, il avait poursuivi ses études à l’Institut d’Etudes Politiques, puis à la Faculté de Droit à Paris. Pendant les années cinquante, et durant cinq ans, il avait exercé comme enseignant de Tamazight à l’Ecole Nationale des Langues et Civilisations Orientales (INALCO) à Paris.
Durant cette période, il militait dans les cercles berbères de Paris, où se rencontraient les militants amazighes algériens et marocains de l’époque. C’est également à cette époque qu’il était entré en contact avec divers orientalistes et berbérisants européens, tels les professeurs ROUX, ROSLER, VICYCHL, BASSET, GALAND...
Pendant les années soixante, il avait fait des études médicales à Paris et en Suisse, où il obtint un Doctorat en Médecine Générale avant de se spécialiser en Gynécologie obstétrique et de regagner le Maroc, où il avait exercé en tant que médecin spécialiste dans divers hôpitaux. Ensuite, il fut nommé médecin-chef et avait exercé à ce titre dans différentes provinces. Depuis les années quatre-vingts, Docteur OUSSADDEN est propriétaire d’une clinique à Fès.
Depuis sa première jeunesse, Docteur OUSSADDEN était et est toujours un nationaliste et un militant convaincu et dévoué pour la « reconnaissance officielle de la langue amazighe comme langue nationale et officielle... »
Docteur OUSSADDEN est très respecté dans les milieux associatifs et politiques amazighes pour ses compétences dans le domaine amazighe, pour son militantisme, qui dure depuis plus d’un demi-siècle et pour son franc-parler. Par ailleurs, il a démissionné l’année dernière du Comité du Manifeste Amazighe, exprimant ainsi son désaccord avec les positions et les orientations de ce comité. Son élection à la tête de TADA DES ASSOCIATIONS AMAZIGHES DU MAROC augure un tournant décisif dans la marche, jusqu’à présent timide, du Mouvement Culturel Amazighe marocain, ce qui ne manquera pas d’avoir un impact sur la scène politique du Royaume.
Ali HARCHERRAS
Délégué de L’Association Socioculturelle TILELLI
(GOULMIMA)
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