Depuis l’éclatement du scandale de corruption connu sous le nom de « Qatargate », les difficultés pour renvoyer les Marocains déboutés de leur demande d’asile vers leur pays d’origine se sont accrues.
De par sa situation géographique, le Maroc est un passage pour les candidats à l’émigration clandestine vers le continent européen. La majeure partie de ces contingents arrive des pays de la zone subsaharienne. Avec le durcissement ces dernières années des mesures de contrôle au niveau des zones frontalières du sud de l’Europe, la durée de séjour de ces émigrants dans le Royaume s’allonge.
La « halte » dure en moyenne entre 3 à 12 ans. Ces données ont été révélées, vendredi dernier, lors de la présentation des résultats de l’enquête réalisée par l’Association marocaine d’études et de recherches sur les migrations (AMERM) sur les flux migratoires subsahariens. Ce travail de terrain, réalisé durant la période mars-avril 2007, a ciblé un échantillon de 1.000 migrants subsahariens répartis dans les villes de Casablanca, Tanger, Oujda, Rabat et Laâyoune. La capitale économique abrite plus de 85% de cette population.
Par pays, les ressortissants du Nigéria viennent en tête (15,7%). Suivent les Maliens (13,1%) et les Sénégalais (12,8%). Selon la structure par sexe, on constate une prédominance des hommes avec une part de 79,7%. La majorité des migrants est arrivée au Maroc par voie terrestre (86,8%) et plus particulièrement à travers la frontière algérienne par laquelle pénètrent plus de 73% des arrivants. Seulement 14,3% sont arrivés directement au Maroc à partir de leur pays d’origine. Les autres ont traversé entre un à six pays avant d’atteindre le Royaume.
Sur le plan d’instruction, plus des deux tiers des migrants sont lettrés. Ainsi 32, 4% ont effectué le cycle secondaire et plus de la moitié ont fait des études supérieures. Pour les motivations de leur émigration on trouve en premier lieu la pauvreté, les conflits militaires et le manque de perspectives dans leur pays d’origine. Pour Mohamed Khachani, président de l’AMERM, l’émigration est devenue un véritable projet économique mobilisant tous les membres de la famille. Celle-ci d’ailleurs participe à hauteur de 70 % dans les frais de voyage. Selon l’enquête, le coût moyen du périple vers l’Europe varie entre 11.000 et 22.000 DH. Parfois, le voyage peut atteindre 30.000 DH.
Souvent, ces Subsahariens ne parviennent pas à traverser le détroit de Gibraltar. Aussi, restent-ils au Maroc dans l’espoir d’une bonne occasion. Ainsi plus de 76 % vivent sur le sol marocain en situation irrégulière. Si quelques uns (2,3 %) ont une activité régulière, la plupart vivent de mendicité. Enfin, plus de 27 % d’entre eux avouent souffrir du rejet de la société marocaine.
L’Economiste - Nour Eddine El Aissi
Ces articles devraient vous intéresser :