Depuis l’éclatement du scandale de corruption connu sous le nom de « Qatargate », les difficultés pour renvoyer les Marocains déboutés de leur demande d’asile vers leur pays d’origine se sont accrues.
Un Bruxellois d’une soixantaine d’années, dont l’identité n’est pas révélée par le parquet, a été tué, samedi matin, dans le quartier de la place Sainte-Catherine. Son meurtrier présumé, un réfugié afghan de 28 ans, a été interpellé immédiatement après les faits. Il s’était procuré l’arme dans une boucherie de la rue Antoine Dansaert, entre la Bourse et la porte de Flandre.
Le couteau volé dans la boucherie lui a servi à attaquer un passant peut-être choisi au hasard, à lui porter une demi-douzaine de coups dans le ventre et à l’égorger à le vider de son sang. Il n’a pas cherché à fuir.
Après les faits, le meurtrier présumé a rejoint la boucherie pour y restituer le couteau couvert de sang emprunté dix minutes plus tôt. Entre-temps prévenue, la police arrivait sur les lieux et l’interpellait sans résistance aucune. Les policiers se sont alors lancés à la recherche de la victime tandis qu’une équipe du 100 cherchait également le blessé. Inévitablement, on a ainsi perdu quelques instants avant de localiser le malheureux couché sur le dos, jambes pliées, sur le trottoir de la rue de Flandre, parallèle à la rue Dansaert. Trop tard hélas pour le ramener à la vie. Il était 8 h du matin, samedi.
L’agression, dont les mobiles exacts ne sont pas connus, provoque un vif émoi dans le quartier Sainte-Catherine qui enregistre et se plaint d’une recrudescence de la criminalité de rue : nous rencontrons un voisin qui, bien qu’ayant entendu les appels et les cris au secours de la victime qu’on égorgeait devant sa porte, nous dit avoir préféré... se rendormir. Sa philosophie ? "On ne s’en sortirait plus si l’on devait s’inquiéter à chaque fois que des gens se battent dans cette rue".
Le corps couvert d’un drap pour ne pas l’exposer aux regards, n’a été retiré qu’en fin de matinée. Sur le trottoir face au 132 rue de Flandre, la mare de sang, très impressionnante, témoigne de la sauvagerie. Le parquet reste discret sur les circonstances. Il prétend ignorer si l’auteur présumé et la victime se connaissaient. Il ne précise pas s’il y a eu vol. Le juge en charge, Wim de Troy, devait placer le suspect sous mandat d’arrêt, l’inculper de meurtre et l’incarcérer à la prison de Forest. L’autopsie sera pratiquée par le légiste, le Dr Frédéric Bonbled. À sa fenêtre, un témoin explique comment il a vu l’auteur accroupi sur le pauvre homme à terre et sans défense, s’acharner sur lui et continuer de planter la lame dans son ventre : sept coups, dit-il, dont plusieurs probablement mortels.
On ignore si la victime, d’origine marocaine, semble-t-il, était mariée et avait des enfants. Quant à l’auteur, 28 ans, il vivait à la rue, comme SDF. D’origine afghane ayant vécu en Turquie (il parle la langue) avant d’arriver en Belgique, ce réfugié avait séjourné au Petit Château jusqu’au début de cet été. Son dossier était en voie de régularisation. Le Petit Château n’est pas éloigné ; l’homme n’a jamais quitté le quartier. Des habitants du quartier affirment qu’à 4 ou 5 reprises la semaine passée, il leur avait cherché misère mais en tombant à chaque fois sur plus fort que lui.
La Dernière Heure - Gilbert Dupon
Ces articles devraient vous intéresser :