« Le Maroc a utilisé la pandémie pour exercer une pression accrue sur Ceuta et Melilla »

15 mai 2021 - 18h20 - Espagne - Ecrit par : S.A

La chercheuse spécialisée dans la migration à la frontière entre l’Espagne et le Maroc, Keina Espiñeira affirme que « le Maroc a utilisé la pandémie (de Covid-19) pour exercer une pression accrue sur Ceuta et Melilla ».

« Le Maroc a utilisé la pandémie pour exercer une pression accrue sur Ceuta et Melilla, proposant en parallèle un discours transitoire sur une réforme du secteur économique dans tout le Nord et la création d’emplois dans de nouveaux centres logistiques pour les personnes travaillant dans l’économie atypique », a-t-elle déclaré dans une interview.

La chercheuse espagnole explique que ceci est lié à la délocalisation des entreprises européennes, car le Maroc redéfinit sa stratégie sociale et économique en relation avec le port de Tanger Med ; créant deux pôles industriels avec des géants tels que Renault. « Et la pandémie ? Le Maroc dit : «  […] J’ai une justification pour entreprendre ces transformations et pour que la population n’ait pas la possibilité de manifester, avec un couvre-feu et des restrictions sur les réunions », a ajouté Keina Espiñeira, rappelant que les passages frontaliers entre Ceuta, Melilla et le Maroc sont fermés depuis mars 2020. Cette mesure, fait-elle observer, a fait disparaître toute l’activité économique dépendant d’une relation plus ou moins poreuse. Elle cite en exemple le portage, le travail domestique, la construction, les loisirs et tourisme, etc.

Réagissant à l’expulsion du Maroc d’Helena Maleno, chercheuse et journaliste sur les migrations et les droits de l’Homme, Keina Espiñeira a indiqué que la criminalisation de la solidarité et la persécution des personnes et des organisations qui offrent un soutien aux migrants… est une pratique répandue. « L’important est de comprendre que cette criminalisation est marquée par l’UE. Dans la réforme de la loi sur les étrangers en 2009, il a été prévu de punir les personnes qui donnent refuge à des sans-papiers. Et il y a eu des campagnes dans les mouvements sociaux dénonçant cette inculpation, comme “Save hospitality”  », a-t-elle poursuivi.

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