Maroc : le sabre et le coran

9 septembre 2002 - 22h51 - Maroc - Ecrit par :

Au souk des idées reçues concernant le Maroc, il en est une qui eut longtemps – et à juste titre sans doute-la vie dure : le roi étant paré du titre de Commandant des croyants, l’islamisme radical était condamné à n’avoir dans le royaume qu’une place résiduelle.

A la fois barrière naturelle et vaccin contre l’extrémisme religieux, la présence même d’Amir el-Mouminine empêchait que s’opère, avec la même aisance qu’ailleurs au Magreb et dans le monde arabe, le passage au schéma classique de la mobilisation islamiste. Inégalités, fragilité économique : le terreau, certes, existait. Mais cet habile homme d’Hassan II ne composait-il pas par des mesures d’inspiration fondamentaliste ses « provocations » modernistes et laïcistes ? N’est-il pas secondé utilement par une opposition politique et syndicale plus crédible qu’en Algérie et en Tunisie ? Son fils et successeur Mohammed VI, « roi des pauvres », n’occupait-il pas avec fougue et sincérité le terrain caritatif si prisé des islamistes ?

Sans qu’on s’en aperçoive, en fait, les données ont complètement changé. Lentement, les parties politiques se sont comme affaissés, la participation de l’opposition au gouvernement dans le cadre de l’alternance ne faisant qu’accroître la défiance des marocains-en particulier les plus modestes-à son égard. L’ouverture du régime et le démantèlement des pans les plus coercitifs du Makhzen, pour bienvenus qu’ils soient, ont placé le monarque en première ligne, privé de l’écran protecteur du système répressif et de la classe politique. L’appareil de contrôle des oulémas, mis en place en 1980 par Hassan II avec la création du haut conseil, a fini par produire des effets pervers : domestiqués et fonctionnarisés, les clercs se sont peu à peu coupés de la masse des fidèles. Un vide s’est ainsi instauré, que la mouvance islamiste en pleine récomposition s’est empréssée de combler, avec d’autant plus de facilité que le danger qu’elle représentait était minimisé. Le rôle sociétal et psycologique classique des « barbus », qui savent comme personne briser la solitude de l’exclusion, restituer le lien social rompu par l’exode rural, donner aux adeptes une image revalorisées d’eux même et mettre le doigt sur les injustices, a fait le reste.

En cette année 2002, deux événements permettent de mesurer l’ampleur du phénomène. La mise hors d’état de nuire, en juin dernier, d’un réseau terroriste lié à el-Qaïda, dont on s’est aperçu qu’il évoluait au sein de la frange la plus radicale de l’islamisme marocain comme un poisson dans l’eau. La perspective ensuite, des législatives de fin septembre, dont le roi Mohamed VI a réaffirmé, à l’occasion de son discours du Trône le 30 juillet, qu’elles seront transparente et démocratiques, pour la première fois dans l’histoire du pays. Même s’il convient de ne pas surestimer l’ampleur de la « vague verte » électorale qui s’annonce-ne serait-ce que parce que le plus important des mouvements islamistes marocains, Justice et Bienfaisance, prône le boycottage de cette consultation-, nombre d’observateurs prévoient une nouvelles percée intégriste, après celle de 1997 et de 1999 qui ont vu les « barbus » faire leur entrée au parlement. Par la violence ou par les urnes, l’islamisme est donc devenu dans le royaume une évidence ascendante et le plus souvent inquiétante contre laquelle le pouvoir et la société civile, qui semble enfin en avoir pris la mesure, entendent se mobiliser…

Combat salafiste : les fous de Dieu.
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Né au début des années quatre-vingt-dix avec le retour au Maroc d’une quarantaine de combattant du djihad afghan, ce mouvement clandestin est très peu connu est le seul qui ait clairement opté pour la voie armée. Depuis deux mois, ce groupe, dont les effectifs sont évalués a quatre cents militants actifs et résolues au martyre, est décimé par les arrestations, la police ayant reçu consigne de l’éradiquer. Salafi Jihadi ( combat salafiste) recrute ses adeptes dans les quartiers pauvres et les bidonvilles, avec une prédilections pour les marchants ambulants, et a pour figures référentielles le cheik aveugle Omar Abderrahmane, fondateur de la Jamaâ Islamia egyptienne, Sayed Qotb, ibn Taïmia, le prédicateur londonien Omar Mahmoud Omar alias Abou Qatada el-Falistini, et, bien sûr, Oussama ben Laden. Organisé en conglomérats de cellules de trois ou quatre membres chacune et déterminé à instaurer le califat par la force, Combat salafiste est dirigé par une douzaine d’émirs indépendants les uns des autres, pour qui tout ce qui sert la cause est licite, y compris le grand banditisme, le racket et la prostitution. Mohamed Fizzazi à Tanger, Omar Hadouchi à Tétouan, et surtout Zacaria Miloudi à Casablanca font ainsi régner une véritable terreur islamistes dans les quartier où ils opèrent. Ce dernier arrêté tout récemment, organisait des expéditions punitives et parfois mortelles à Sidi Moumen après la prière du soir, des policiers, des revendeurs de drogues ou des consommateurs d’alcool. Ses armes : la lapidation, le fusil de chasse à canon scié, ou encore le sabre dissimulé dans la djellaba. Très fluide, ce groupe n’a que très peu de liens avec l’étranger, et les tentatives effectuées pour coordonnés ses actions avec les « frères » algériens du Groupe salafiste pour la prédication et le combat de Hassan Hattab n’ont, semble-t-il, pas abouti.

Pourtant, lorsque les trois Saoudiens d’el-Qaïda arrêtés en mai à Casablanca pour préparation d’actes terroristes sont passé aux aveux, ils ont confessé avoir trouvé au sein de Salafi Jihad aide et cache nécessaires. Comment étaient-ils entré en contact avec ce réseau ? Sans doute par l’intermédiaire de celui qui apparaît comme l’émir des émirs du groupe : Ahmed Raffiki. Âgé, cet ancien infirmier de Casablanca qui fut, dans les année quatre-vingt, le principal recruteur des volontaires marocains pour l’Afghanistan, mais aussi la Tchétchénie, la bosnie et le Kosovo, est l’unique figure de référence locale que se reconnaissent les salafistes, même s’il s’est, jusqu’ici, gardé de perpétrer tout acte délictueux. La police cherche encore à déterminer si Raffiki (dont l’un des fils est l’émir de Salafi Jihadi à Fès) était ou non en connection avec l’officier traitant des trois saoudiens, le Yéménite Abdelrrahim Nasheeri, alias Mollah Bilal- un proche de Ben Laden, réfugié quelques part dans les zones tribales pakistanaises. Selon de bonnes sources, le trio avait eu le temps, avant d’être interpellé, de distribuer des petits manuels du parfait apprenti terroriste auprès de ses « contacts » marocains : comment fabriquer une bombe rudimentaire ou comment concocter un poison mortel ( par fermentation de mélanges végétaux), etc.

Le nom d’Ahmed Raffiki, dont on sait par ailleurs qu’il hébergea dans le passé des militants libyens du Groupe islamique combattant de passage au Maroc, apparaît également du côté de …Guantanamo. Selon les services marocains, qui ont dépêché quelques uns de leurs agents dans la presque île-prison de l’armée américaine afin d’y interroger ceux de leurs ressortissants détenus (une demi-douzaine), l’infirmier a eu à connaître, il y a une dizaine d’années, un certain Abdallah Tabarak, alias Abou Omar. Ce marocain, dont l’identité était jusqu’alors tenue secrète, est un gros poisson. Ancien receveur d’autobus à Casablanca, Tabarak a quitté le Maroc en 1989 pour rentrer au service d’Oussama Ben Laden. Au Sedan tout d’abord, où il gère une partie des biens du milliardaire saoudien. Puis en Afghanistan en tant que membre, puis responsable, de sa garde rapprochée. Arrêté début 2002 à Tora Bora et expédié à Guantanamo, il se dit marchant de tissus et affirme ne pas connaître Ben Laden. La CIA, évidemment n’en croit pas un mot. Tout comme la DST marocaine, qui a demandé qu’on lui livre Abou Omar en vain jusqu’ici.

Justice et bienfaisance : en attendant le grand soir.
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Avec ses trente mille membres estimés, ses multiples associations caritatives, éducatives et récréatives, ses soupes populaires, ses cercles d’avocats, de médecins, d’enseignants et d’ingénieurs, ses missionnaires prêchant la belle parole dans le monde rural ou au sein de l’émigration, el-Adl wal’ihsane (Justice et bienfaisance) est sans conteste le mouvement islamique le plus important du Maroc. Une présence qui doit beaucoup au charisme de son fondateur, le cheik Abdessalam Yassine, 76 ans, ancien inspecteur d’académie au sein du ministère de l’éducation nationale. Cet arabisant originaire du Souss, élevé et éduqué à Marrakech, a fait sa « crise de foi » en 1965. Tout d’abord disciple du mystique soufi Hadj Abbas, il fait une apparition fracassante sur la seine politique neuf ans plus tard en adressant au roi Hassan II une lettre ouverte : « L’islam ou le déluge ». Une impertinence qui lui vaudra six ans de détention, dont trois en hôpital psychiatrique. Placé en résidence surveillée à Salé, il ne couvre la libérté qu’en mai 2000, sur ordre de Mohammed VI, et rend aussitôt publique une seconde adresse : « Mémorandum à qui de droit ». Au jeune souverain, il dit ceci : « Racheter votre père de la tourmente en restituant au peuple les bien qui lui reviennent de droit »-autrement dit la fortune royale, dont le montant selon lui, équivaut à…la dette extérieure du royaume.

Déniant au roi le titre du commandant des croyants, le cheikh se livre en fait à une critique radicale de la monarchie, tout en se gardant de prôner le recours à la violence. Pour lui, le basculement du Maroc dans le califat s’imposera de lui même par l’usure et l’évidence, lorsque son mouvement comptera au moins quatre millions de membres. En attendant ce Grand Soir et l’avènement de « la génération de la Kaouma » (à la fois soulèvement et opportunité historique), Yassine refuse toute participation au jeu politique, aux élections et aux institutions.
A la tête de cette contre-société qu’est Justice et Bienfaisance, Abdessalam Yassine fait de plus en plus l’objet d’un véritable culte de la personnalité-une particularité que les militants du combat salafiste jugent « impie ». A son domicile de salé, un complexe de quatre maisons dont trois communiquent entre elles, le cheikh fait de courtes apparitions devant des fidèles venus en pèlerinage, parfois depuis les Etats-Unis ou le Chili. Lorsqu’il se rend à la mosquée el-Qods de Salé, certains ramassent pieusement la poussière de ses pas. D’autres distribuent par centaines les cassettes audio et vidéo de ses prêches. La moindre de ses rares déclarations circule sur internet, reprise parfois sur des sites néofascistes franchement antisémites (le « Mémorandum à qui de droit » notamment, diffusé depuis Chicago par le groupuscule Aargh). Les quelques tournées qu’ils a effectuées, depuis sa libération, à l’intérieur du Maroc ont parfois donné lieu à des scènes d’hystérie.

Yassine, nouveau Khoumeiny ? on n’en est certes pas là, mais le cheikh, qui a su fort habilement intégrer dans son système les traditions marocaines du soufisme (culte du chef, retraites, ascèse, préparation psychologique…), génère une capacité de mobilisation impressionnante.

Guide incontesté, Abdessalam Yassine jouit d’un droit de veto sur toutes les décisions du Conseil général d’orientation et de direction de sept membres qui coiffe Justice et Bienfaisance. S’il meurt, son successeur devrait en principe être le membre le plus âgé de ce « bureau politique » restreint. Mais il peut aussi bien désigner lui-même, de son vivant, son héritier. Lequel ne pourra être - les islamistes étant ce qu’ils sont- une femme, en loccurence sa propre fille Nadia, pourtant la porte-parole officieuse la plus médiatique du mouvement. Epose d’Abdallah Chibani, l’un des dirigeants de Justice et bienfaisance, Nadia Yassine a supplanté dans ce rôle Fathallah Arsalane, porte-parole officiel. Diplômée en science politique, parfaitement francophone, contrairement à son père dont toues les études, jusqu’à l’âge de 19 ans, se sont déroulées en arabe, elle est l’une des cinq enfants du Cheikh. Seul l’un de ses frères, qui vit en Europe, évolue hors de la mouvance islamiste.

Après avoir beaucoup enquêté, la police marocain a du se rendre à l’évidence : Justice et bienfaisance ne reçoit pas de reçoit pas de financement à l’extérieur. Son budget de fonctionnement provient en totalité de dons et de cotisations endogènes ou émanant de Marocains émigrés en France, en Belgique, en Allemagne, voir au Canada et dans le Golf. Chaque adhérent est ainsi tenu de verser 2,5% de son salaire ou de son revenu mensuel à l’association. Très disciplinés, la plupart s’exécutent sans broncher et El-Adlwal-Ihsane est suffisamment à l’aise pour affréter des flottes d’autobus à l’occasion de grande manifestations ou des fameuses opérations (désormais interdites) d’occupation des plages « immorales ».

Parmi les axes prioritaires de pénétration du mouvement figure en bonne place le monde étudiant, que les partisans de Yassine sont parvenu à pénétrer avec une inquiétante efficacité. Sous la houlette de Hassan Bennajah, inscrit à la faculté des lettres d’el-Jadida, personnage mobile et actif très lié au Cheikh, le secteur étudiant de Justice et bienfaisance a pris le contrôle de la plupart des corporations universitaires (droit, lettres, médecine…) et tenté, en février 2002, une spectaculaire OPA sur l’Union nationale des étudiants marocains, l’Unem. L’opération a avorté, la gauche ayant jeté toutes ses forces dans la bataille pour qu’il n’en soit pas ainsi, mais ce n’est sans doute que partie remise. Les islamistes excellent en effet dans la résolution des multiples problèmes sociaux et matériels dont souffrent les étudiants marocains. La « semaine du nouvel étudiant », qu’ils organisent à chaque rentrée, connaît ainsi un véritable succès. Dernière nouveauté enfin, et pas la moindre : longtemps amateur en ce domaine, el-Adl wal-Ihsane a considérablement professionnalisé ses structures. Outre sa propre école de cadres (le cercle politique), le mouvement a mis en place des comités de vigilance censés débusquer les informateurs de lapolice et améliorer la transmission des mots d’ordre. Parfois des policiers eux même ont été « retournés » afin de travailler pour le Cheikh. Enfin, la pratique du footing et des arts martiaux est recommandée pour les adeptes, qui se doivent d’être « sains de corps ». Et près pour le Grand Soir.

Partie de la justice et du développement : la voie légaliste.
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Ce sont les mencheviks (ou les sociaux démocrates) de la nébuleuse islamiste marocaine. Les quatorze députés du parti de la justice et du développement (PJD) siègent au parlement, et y font parfois scandale, mais prônent la conquête du pouvoir par la voie des urnes, sans remettre en cause la monarchie ni aucunes des institutions. Ce sont de « bon députés », reconnaît-on au ministère de l’Intérieur, c’est à dire proches de leurs électeurs, assidus, travailleurs, honnêtes. Au point que le nombre d’élus du PJD pourrait doubler à l’occasion des législatives de septemnbre- et qu’il aurait pu atteindre la quarantaine si l’ancien mode de scrutin était toujours en vigueur. En 1997, 250 000électeurs avaient voté pour les candidats de ce parti, qui ne compte que cinq mille militants actifs. Combien seront-ils demain ?

A priori, le PJD a tout d’un parti ordinaire et conservateur, que l’on pourrait situer un peu à la droite de l’Istiqlal. Militant de la cause palestinienne, opposé au plan d’intégration de la femme et au microcrédit (qui favorise l’usure), religieux, certes, ma non troppo, l bénéficie d’un solide encadrement où cohabitent cadres, avocats et médecins. Relativement bien implanté, il dispose d’un syndicat minoritaire (l’Union national des travailleurs du Maroc, surtout présent en milieu enseignant), d’une centaine de conseillers communaux et de six présidents de commune dont le plus connu est, à Rabat, Hussein Karroumi, ancien responsable de la communication à la société chérifienne du pétrole.

Comme tout parti marocain qui se respecte, le PJD connaît son lot de tension entre « clan de casablanca » et « clan de Rabat ». Il a longemps soutenu le gouvernement d’abderrahmane Youssoufi avant de s’en éloigner en octobre 2000, et il compte même une femme, Bassima Hakkaoui, au sein de sa direction. Son secrétaire général, enfin, est un respectable octogénaire, ancien résistant contre le colonialisme français, Abdelkrim Khattib. Seulement voilà : ceux qui ont étudié l’histoire du PJD, ainsi que les lecteurs d’Attajdid, le quotidien officieux du parti, savent qu’il s’agit là d’une coquille vide, d’un masque cachant une réalité autrement plus islamiste : le mouvement pour l’unification et la réforme, le MUR.

Le principal artisan de cet entrisme est un homme de 48 ans, directeur d’une école privée de Rabat et député PJD : Abdelilah Benkirane. Cet ancien membre de la jeunesse du parti de l’istiqlal connaît bien l’intégrisme militant pour y avoir fait ses classes. Pendant les années soixante-dix, Benkirane fréquente en effet le mouvement de la jeunesse islamique marocaine, le MJIM d’Abdelkrim Moutii, dont l’un des membres assassina en 1975 le leader socialiste Omar Benjelloun. Réfugié depuis en Libye, puis en Norvège, Moutii a disparu de la seine marocaine. Benkirane, lui, s’y maintenu. Au prix d’une rupture avec la violence et long évolution vers le légalisme. En 1981, il quitte le MJIM et, en compagnie des hommes comme l’avocat Mustapha Ramid ou le psychiatre Saadedine el-Othmani, tous deux actuels députés du PJD, fondent la Jamaâ Islamiya. Par pur souci tactique, estiment les uns, parce qu’il s’est éloigné de Dieu, affirment en chœur les salafistes et Justices et bienfaisance, avec sincérité, assurent ses partisans, Benkirane prône désormais la reconnaissance de la monarchie et la participation aux institutions- ce qui ne l’empêchera pas d’être arrêté à plusieurs reprises. En 1988, la Jamaâ devient le mouvement pour la réforme et le renouveau puis, après avoir fusionné avec la ligue de l’avenir islamique de Ahmed Raïssouni, prend le nom de mouvement pour l’Unification et la Réforme. Après l’échec de la tentative d’infiltration de l’Istiqlal en 1993, le MUR, qui cherche un parti politique sous le couvert duquel s’exprimer en toute légalité, jette son dévolu sur une petite formation peu connue : le parti de la justice et du développement d’Abdelkrim Khattib. L’OPA réussi en 1996 et, l’année suivante, le PJD, irrigué et revigoré par les militants islamistes, emporte neuf sièges au Parlement et un poste de conseiller à la Deuxième chambre. Parce que le ministre de l’intérieur de l’époque, Driss Bassri, donne sa bénédiction à cette opération, on soupçonne vite Abdelilah Benkirane de rouler pour son mentor. En fait si manipulation il y a eu, rien ne prouve qu’il ne se soit pas déroulée dans l’autre sens. Peu à peu, ce qui restait de l’encadrement du PJD originel a été mis sur la touche par les islamistes du MUR – hormis la figure symbolique de Khattib. La totalité des députés du parti et treize membres actifs du Mouvement pour l’unification et la réforme : l’affaire est entendue.

Le PJD ainsi « islamisé » sera donc le seul à représenter la mouvance intégriste marocaine aux élections législatives de septembre. Bénéficiera-t-il des voix des autres mouvements religieux ? C’est loin d’être sûr, même si les divergences qui les séparent relèvent beaucoup plus de la forme et de la stratégie que du fond – c’est-à-dire le but à atteindre. Sur le terrain de la mobilisation quotidienne, ce partie, plutôt élitiste, souffre de la concurrence que lui livre l’envahissant Cheikh Yassine. Quant aux salafistes, ils professent à son égard dédain et mépris. Reste que, dans le cadre de leur enquête sur le réseau el-Qaïda au Maroc, les policiers ont eu la surprise de découvrir que la seconde épouse marocaine que s’était choisie le saoudien Zouhair Tabiti, chef du groupe, était militante du très présentable MUR. Comme quoi, des ruelles de Sidi Moumen aux travées du parlement, les islamistes forment une grande famille...

Jeune Afrique

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