« L’Europe sait parfaitement quelles sont les frontières de l’Europe et que Ceuta et Melilla en font partie », déclarait le 21 juin le diplomate Javier Rupérez, lors de la présentation à Madrid d’un rapport intitulé « Le rôle de Ceuta et Melilla dans l’agenda mondial », réalisé par le ’think tank’ Europa Ciudadana. Un mois plus tôt, en mai, le ministère des Affaires étrangères marocain, dénonçait dans une lettre les « déclarations hostiles » de Margaritis Schinas, le vice-président de la Commission européenne en charge de l’immigration, sur les « villes marocaines de Ceuta et Melilla », rappelle El Debate.
Le rapport évoque une stratégie « hybride » du Maroc qui « utilise Ceuta et Melilla et ses relations diplomatiques avec l’Espagne pour poursuivre ses intérêts », dénonçant les revendications du Maroc pour « semer le doute sur l’espagnolité » des deux présides. « L’Espagne n’est pas parvenue à obtenir de Rabat une reconnaissance explicite de la souveraineté et de l’intégrité territoriale espagnoles. Par conséquent, on ne peut pas conclure que Ceuta et Melilla jouiront de la tranquillité d’esprit à l’avenir », note le rapport.
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En avril, le président du Sénat marocain, Enaam Mayara, avait appelé à la « libération » de Ceuta et Melilla, suscitant une grosse polémique en Espagne. En réaction, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, avait rappelé que « Ceuta et Melilla sont aussi espagnoles que Zamora ou Palencia et il n’y a plus rien à discuter à ce sujet ». « […] Le Maroc n’a cessé, depuis son indépendance, d’exiger la fin de l’occupation par l’Espagne de Ceuta, Melilla et des îles voisines au nord du royaume », déclarait en juillet 2022, Mohammed VI, appelant à la mise en place d’une cellule maroco-espagnole pour « trouver une solution au problème de ces zones occupées ».
Dans tous les cas, une intervention armée du Maroc pour récupérer Ceuta et Melilla est exclue, à en croire les experts, même si le réarmement rapide du royaume ces dernières années, avec le soutien des États-Unis et d’Israël, peut faire craindre le pire à l’Espagne. Le Maroc a récemment acquis le missile Himars américain et le lance-roquette PULS de fabrication israélienne d’une portée de 300 kilomètres, et capables d’atteindre les villes au Sud de l’Espagne en cas d’attaque.