Ce dimanche 23 février, les Marocains vont se mobiliser pour soutenir l’Irak menacé depuis quelques mois de frappes militaires par l’Administration Bush. Le Comité national marocain de soutien à l’Irak a appelé à la tenue d’une marche de solidarité avec le peuple irakien sous le slogan « Non à la guerre contre l’Irak »
La manifestation débutera à 9 heures du matin au centre-ville de la capitale. « Cette manifestation regroupera l’ensemble des partis politiques représentés au Parlement », assure Mohamed Lakhsassi, député USFP et coordinateur du Comité national. En effet, tous les partis de la majorité et ceux de l’opposition ont exprimé leur volonté de participer à la manifestation dans le but d’envoyer un message clair au peuple irakien : « le gouvernement et toute la société marocaine soutiennent fermement l’Irak ».
En outre, toutes les composantes de la société marocaine ont été invitées à cette manifestation. Cela va de l’Ordre des avocats à celui des architectes, en passant par les professeurs universitaires, les académiciens et les artistes. Les associations pour la défense des droits de l’homme seront également présentes. Les organisateurs espèrent que toutes les franges sociales seront représentées à cette marche.
Chaque parti politique procédera à la mobilisation de ses troupes à travers notamment leur presse. Les manchettes de leurs quotidiens servent déjà d’appel à la participation massive.
Abdellah Bakkali, secrétaire général de la jeunesse du parti de l’Istiqlal, a confirmé la participation de la « Chabiba Istiqlalia » à la marche de Rabat. De même pour Soufiane Khaïrate, secrétaire général de la jeunesse de l’USFP. La jeunesse du PJD a envoyé un communiqué à la presse appelant tous ses membres à « participer massivement à la marche du 23 février ».
Après un long silence d’une grande partie de la classe politique marocaine, certaines formations ont commencé à réagir. Les Marocains, à l’instar de tous les pays arabes, n’avaient pas jugé bon de critiquer l’option militaire contre l’Irak. Mais la forte mobilisation des sociétés européennes, surtout celles dont les gouvernements sont favorables à une guerre contre l’Irak (Grande-Bretagne, Espagne, Italie...), leur a donné à réfléchir.
Ainsi, le bureau politique de l’USFP s’est réuni le mardi 18 février et a publié un communiqué dans lequel il rappelle « son soutien total à la marche du 23 février en solidarité avec le peuple irakien confronté à des provocations et à des agressions menaçant sa dignité et sa sécurité ».
Ces propos sont adressés essentiellement aux Américains et aux Britanniques. C’est d’ailleurs l’un des buts de cette manifestation. Lakhsassi souligne que « la marche de Rabat sera également l’occasion pour les Marocains d’exprimer leur refus de la politique suivie par l’Administration Bush et le gouvernement Blair dans le dossier irakien ». En d’autres termes, « le Maroc est contre l’option de la guerre ».
Lakhsassi espère que cette marche sera aussi spectaculaire et historique que celle organisée en 1991 à Rabat lors de la guerre du Golfe. A l’époque, plus d’un million de Marocains s’étaient donné rendez-vous dans le centre-ville de la capitale. Douze ans plus tard, les organisateurs tablent sur autant de manifestants. « C’est un défi que nous nous sommes lancé et nous espérons que les Marocains seront nombreux dans les rues de Rabat le dimanche prochain », affirme Lakhsassi.
Celui-ci insiste sur la « responsabilité des manifestants ». La marche ne doit pas être l’occasion de règlement de comptes entre les formations politiques. C’est ce qui a été convenu par l’ensemble des partis politiques. « Cette responsabilisation est d’ailleurs une condition de réussite de la marche », insiste Lakhsassi.
Contacté par L’Economiste, Fathallah Arsalane, porte-parole d’Al Adl Wal Ihssane, a affirmé que la participation de la Jamaâ n’est pas encore tranchée. Et pour cause, une marche a été programmée le 2 mars prochain à Casablanca, bien avant celle de Rabat. Selon Arsalane, « les autorités ont l’intention d’interdire la manifestation de Casablanca ». Même chose pour Khalid Sefiani, coordinateur du groupement d’action pour l’Irak. « Une autre marche de soutien sera organisée le même jour par la section de Mohammédia ». Sefiani hésite donc à participer à l’une ou l’autre des manifestations.
A noter que le Comité national marocain de soutien à l’Irak a été créé en 1991, juste après la marche de Rabat. Cette instance est composée de 10 organisations. Il s’agit de six partis politiques, -l’USFP, l’Istiqlal, le PPS, l’OADP (actuel GSU), l’UNFP et le PSD-, ainsi que quatre centrales syndicales (CDT, UMT, UGTM et SNE-Sup). Après la marche du dimanche 23 février, il est probable que le Comité soit élargi à d’autres partis politiques et organisations de la société civile.
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