Le Maroc règle les derniers détails pour l’accueil des Marocains résidant à l’étranger (MRE) dans le cadre de l’Opération Marhaba 2024. Cette année, les préparatifs ont démarré plus tôt que prévu, la célébration de l’Aïd al-adha oblige.
Depuis la mi-juin, les Marocains résidents à l’étranger (MRE) regagnent le pays. Heureux de la bienveillance particulière que leur témoigne Sa Majesté le ROI ainsi que par la qualité de l’accueil qui leur est réservé, ils reviennent en masse, depuis bientôt trois ans. Des véhicules immatriculés en France, en Italie ou en Hollande, notamment, investissent rues et boulevards du Royaume.
Réjouis de retrouver le Maroc, leurs familles et leurs amis, certains d’entre eux profitent également de leurs vacances pour vendre les marchandises qu’ils ont pris le soin d’acquérir tout au long de l’année dans leurs pays d’accueil, faisant ainsi d’une pierre deux coups... Un phénomène qui semble se développer à l’heure de l’été, générant la désapprobation des commerçants de Derb Ghallef, qui versent aussi dans le commerce informel. Qu’offrent les MRE et pourquoi cette affluence autour de leurs produits ?
Leurs véhicules tenant lieu de magasins et présentoirs, les MRE offrent leurs produits dans les quartiers à grande activité commerciale. Assiégeant Derb Ghallef, Derb Omar, voire même quelques quartiers résidentiels, ils proposent une multitude de produits étrangers. Cela va de l’électroménager aux articles de sports, en passant par les produits alimentaires, électroniques, ou encore vestimentaires. Des produits qui sont loin d’être tous flambant neufs.
Attirant une clientèle toutes catégorie socio-économiques confondues, les articles étalés trouvent forcément preneurs. Ils sont vendus soit aux grossistes de Derb Ghallef soit au détail, à ces habitués qui attendent cette occasion pour faire, soi-disant, de bonnes affaires . Or tout ce que proposent nos chers compatriotes existe bel et bien dans le marché local et parfois en meilleure qualité. Mais force est de constater que les acquéreurs sont convaincus du contraire.
Belle méprise
Tout ce qui est importé est forcément de bonne qualité. Selon une dame toute contente de son service de couverts venu d’Italie, qu’elle vient d’acquérir à 900 Dhs, “ce modèle n’existe pas au Maroc, et même si c’était le cas, elle l’aurait quand même payé deux fois plus cher”. Certes, les hautes instructions de Sa Majesté tendant à réserver un bon accueil aux RME sont particulièrement encourageantes mais ce n’est pas pour autant que les services de douane ne doivent pas faire leur travail. Lors d’une interview télévisée, Le Directeur Général de la Douane a précisé que les MRE sont autorisés à faire entrer des marchandises d’une valeur totale de 10 000 Dhs. Cela suppose qu’il s’agit d’articles destinés à être offerts. Or, quand cela dépasse 3 ou 4 articles de même nature, cela devient du commerce qui non seulement provoque un déséquilibre du marché local, mais nuit à l’image de marque du Maroc. Certains produits sont usités et devraient en principe être détruits. Et bien non, les MRE prennent la peine de les importer, convaincus qu’ils ne vont pas “moisir”. “C’est la quatrième année consécutive que mes ventes chutent en été”, avance la propriétaire d’un magasin au Maârif. “Nous sommes pour le bon accueil des MRE, cependant ils doivent être conscients du tort qu’ils causent à l’économie nationale. Pourquoi, ne font-ils pas la même chose dans le sens contraire , ce qui permettra au moins de promouvoir nos produits artisanaux.” . En effet, l’idée semble intéressante, mais impossible, car dans ces pays d’accueil, tout est réglementé et aucun écart n’est autorisé.
Amortir les frais du voyage
“Les recettes des ventes nous aident à amortir les frais de voyage. Vous n’êtes pas sans connaître la mentalité des Marocains. Notre séjour au Maroc nous revient très cher. Outre les présents destinés aux proches, nous dépensons beaucoup d’argent pendant ces 5 semaines de vacances. Il faut dire que dès qu’on est là, personne ne met plus la main à la poche. Nous profitons alors de notre retour au pays pour amener des produits à même d’intéresser les Marocains” explique Omar, résident à Naples. En effet, tout semble intéresser les compatriotes. Tout y passe, du mobilier au véhicule qui tient lieu de magasin, en passant par une panoplie de produits. A ce titre, un kilogramme de café d’origine brésilienne, importé de France, coûte 70 Dhs et un kilo de thé est écoulé à 60 Dhs. (On dirait que le marché marocain n’en dispose pas). Un téléviseur de marque Brandt, 14 pouces, est proposé à 1250 Dhs. Un poste radio de marque Philips est proposé à 500 Dhs. Des produits sans aucune garantie, qui ont l’air d’avoir déjà été utilisés mais le commerçant assure le contraire. Des espadrilles de marque sont déclinées à 700 Dhs. Le vélo tout terrain, de marque inconnue, est proposé à 800 Dhs. Et la liste est encore longue : casseroles, cuillères, sacs, chaussures, ceintures ... tous usités, mais, pour autant, la clientèle ne manque pas.
Profil
Par ailleurs, ils est à noter que les profils des MRE sont tellement variés. Ces commerçants ne sont pas les émigrés de la première génération, quasiment semblables, qui revenaient au pays pour voir leurs parents, acquérir un terrain dans leur région et le construire petit à petit , pour s’y installer une fois de retour au bercail. Puisque, pour la quasi totalité de cette génération, le retour au pays est une évidence après la retraite. Ces commerçants ne sont pas non plus les jeunes beurs branchés venus bronzer et s’”éclater”, investissant ainsi plages, piscines et boîtes de nuit. Ce sont surtout de nouveaux émigrés , qui ont quitté le pays tout récemment en direction de l’Italie et qui, faute d’un emploi, s’adonnent au commerce soit régulièrement soit occasionnellement, profitant en particulier de la saison estivale et encouragés par l’intérêt que portent les Marocains aux produits étrangers. D’ailleurs, certains futés, qui ont du mal à drainer leurs marchandises et attirés par cette affluence, n’hésitent pas à proposer des produits locaux en les faisant passer pour des articles importés. L’astuce : il suffit d’emprunter un véhicule immatriculé à l’étranger pour attirer une clientèle crédule et prédisposée à...l’arnaque !
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