De nombreux artistes marocains dénoncent l’avidité des organisateurs de festivals à s’accaparer du cachet du chanteur en échange de l’inscription de son nom à l’un des évènements d’été. Ils appellent le ministère de la Culture à intervenir.
Le festival du Maroc inauguré hier en présence du ministre marocain de l’Economie et du maire de Lille
Mustafa, peintre sur bois, est l’un des seuls artisans marocains présents au festival à ne pas avoir hérité d’un savoir-faire familial. « Au Maroc, un artisanat moderne émerge progressivement ». Un artisanat qui, pour Mustafa, assume les traditions séculaires en les combinant à des procédés, des techniques et des outils dernier cri, parmi lesquels la création assistée par ordinateur. Un savoir technique de plus en plus dispensé, au Maroc, dans des écoles d’artisanat.
Mustafa s’est formé durant 7 ans dans l’une d’elles, avant de pratiquer son métier de peintre sur bois depuis maintenant dix ans. Miroirs, cadres, mobilier en tout genre, le petit pinceau que Mustafa, dans la plus pure tradition, a confectionné lui-même à partir de poils de queue d’âne, crée infatigablement motifs, ornements, arabesques et formes géométriques dans un heureux enchevêtrement de traditions orientales et andalouses. « A côté du maniement des outils, on apprend à l’école la lecture, la calligraphie... L’artisanat, ce n’est pas seulement produire, c’est aussi la valorisation d’un patrimoine au sens large ». Un patrimoine que ce festival, présent place du Théâtre jusqu’au 26 octobre, souhaite donner à découvrir aux Lillois et à toute la région. « Toute une civilisation est présente sur cette place », a déclaré Martine Aubry, maire de Lille, au cours de l’inauguration du festival, hier, en compagnie du ministre de l’Economie du Maroc, Ahmad Lahlimi Alami.
Sous la tente
Le maire de Lille est familiarisée de longue date avec la culture de ce pays. Le thé et des pâtisseries sous la tente principale, aménagée en salon pour les visiteurs, sont l’occasion d’un échange très officiel. « Les relations commerciales et industrielles entre le Maroc et le Nord de la France sont importantes, et doivent être développées », a souligné M. Alimi. Selon les chiffres du ministère français de l’Economie, le Maroc est notre 12e fournisseur régional et notre 5e acheteur, principalement dans le domaine du textile. Par ailleurs, porteur d’un message auprès de la communauté marocaine lilloise (25 000 habitants originaires du Maroc vivent à Lille) et régionale (120 000 ressortissants marocains), M. Alami souhaite qu’elle soit exemplaire sur deux points : « Le respect des valeurs démocratiques et le refus de toute immixtion dans les affaires internes du pays d’accueil ». Une position dans la droite ligne de la politique du précédent roi Hassan II, qui implique, selon les termes du ministre, une forme de « réticence » à l’égard de l’actuel débat en France sur le droit de vote aux populations immigrées. « Mais cela, bien sûr, ne regarde que les autorités françaises ». Toute la journée, les musiciens et danseurs traditionnels ont continué à rythmer ce plongeon lillois dans le vaste univers marocain. Au son des timbales, Kharbibi fabrique des dizaines de pièces d’échecs, à l’aide d’une technique de tournure sur bois où pieds et mains sont mis à contribution. Saidi, le damasquineur, martèle des fils d’argent sur un vase digne des plus beaux intérieurs de Marrakech. Et Khamissa n’attend que vos mains pour y peindre des motifs de fête (ça tient même plusieurs jours !). Au Maroc, les jeunes filles en raffolent pour leur mariage. Les jeunes de la région ont donc jusqu’au 26 octobre pour s’y essayer... Tout simplement ravissant !
La Voix du Nord
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