Une kyrielle d’accords, comme celui d’Agadir, ont été signés par le Maroc ces dernières années. Dans le court terme cependant, certains secteurs de l’économie marocaine en souffriront.
Si l’Accord d’Agadir conclu le 25 février 2004 entre en vigueur comme prévu le 1er janvier 2005, il y aura effectivement des répercussions sur certains secteurs.
L’économiste Brahim Rachidi place l’industrie du ciment aux premières lignes. « Il faut savoir que le ciment tunisien coûte deux fois moins cher que son homologue marocain. L’Egypte aussi est un grand producteur de ciment, à des prix plus intéressants que les nôtres. C’est pourquoi, il est indispensable que l’industrie marocaine du ciment se mette à niveau ».
Un constat largement partagé dans le secteur. Cet accord conclu, comme aiment à le rappeler certains opérateurs du secteur du ciment, sans étude d’impact fait partie du vaste partenariat euro-méditerranéen né à Barcelone il y a neuf ans avec des objectifs de réunir dans une zone de libre-échange l’Europe des 15 de l’époque avec 12 pays méditerranéens.
L’Accord d’Agadir s’inscrit aussi dans une série d’accords signés dans le monde arabe et peu appliqués. Il s’agit d’abord de la zone de libre-échange entre les pays arabes et qui doit voir la suppression des droits et des taxes pour tous les produits arabes dès le …premier janvier 2005. « Beaucoup d’accords existent dans le monde arabe (Ligue arabe), mais ils ne sont jamais appliqués », ajoute Brahim Rachidi convaincu néanmoins que Agadir peut être le début de l’intégration économique souhaitée dans le monde arabe.
Autre accord qui a fait beaucoup parler de lui, celui conclu avec la Turquie. A l’inverse de l’accord d’Agadir, une étude d’impact a bel et bien eu lieu à ce niveau, diligentée par le Conseil national du commerce extérieur. Seulement, que cela soit avec la Tunisie, la Jordanie, l’Egypte ou avec la Turquie, certaines industries marocaines ne commenceront à tirer des avantages de ces accords bilatéraux qu’à long terme.
C’est le cas de la pharmacie handicapée par les brevets qui interdisent l’exportation des brevets en dehors du Maroc.
En ce qui concerne l’accord de libre- échange avec la Turquie, les industriels marocains redoutent, entre autres, les formes de subventions accordées aux exportateurs turques déjà bénéficiant d’un meilleur coût pour l’énergie.
Aussi, la balance commerciale entre les deux pays qui penche nettement en faveur des turques (86 millions de dirhams contre 2 millions) ne risque pas de s’équilibrer avec cet accord. En tout cas la DPEG avait conclu que l’accord avec la Turquie risquait de « peser lourd » sur l’industrie marocaine et en particulier le textile.
Et ce quoi qu’en disent les tenants d’un schéma présentant le Maroc comme une plate forme de réexportation et de perfectionnement des produits turques vers l’Europe.
Adam Wade - Aujourd’hui le Maroc