Faut-il jeûner pendant le Ramadan quand on est enceinte ? Cette question taraude l’esprit de nombreuses femmes enceintes à l’approche du mois sacré. Témoignages et éclairages pour mieux appréhender cette question à la fois religieuse et médicale.
A la veille du ramadan, de nombreux musulmans des Pays-Bas expriment leur lassitude face au durcissement de la société néerlandaise contre l’islam et s’inquiètent des amalgames hâtifs dont leur communauté est la cible.
"La coupe est pleine. J’en ai assez de l’atmosphère anti-islamique qui règne aux Pays-Bas. Ce n’est pas la discussion sur ma religion qui me gêne mais le ton agressif et insultant sur laquelle elle est menée", explique dans un néerlandais parfait, Hikmat Mahawat Khan, président du mouvement Ahmadiyya aux Pays-Bas.
Fondé en Inde en 1889, ce mouvement compte 10.000 fidèles aux Pays-Bas, principalement parmi les personnes originaires du Surinam, ancienne colonie néerlandaise.
La lassitude de Mahawat Khan, lui-même originaire du Surinam et consultant dans le secteur du transport aérien, se retrouve au sein d’une grande partie des quelque 920.000 musulmans des Pays-Bas, principalement d’origine marocaine et turque.
Après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, les Pays-Bas sont un des pays européens qui ont compté le plus d’attaques verbales ou physiques contre des musulmans ou des symboles de l’islam, selon un rapport de l’Onu sur les droits de l’Homme.
En 2002, l’ascension fulgurante du leader populiste de droite Pim Fortuyn, qualifiant l’islam de "culture arriérée" a durablement marqué le débat politique.
"C’est comme si depuis Fortuyn tout le monde pouvait dire n’importe quoi sur les musulmans et les Néerlandais d’origine marocaine, il n’y a plus aucun respect : les musulmans sont arriérés, les jeunes d’origine marocaine sont tous des criminels et les femmes musulmanes toutes opprimées", s’indigne Karima Belhaj, chef de projet d’origine marocaine dans une organisation qui veut promouvoir un meilleur accès aux soins de santé.
A 32 ans, cette femme élégante aux cheveux de jais souhaiterait faire entendre une autre voix, "celles des centaines de femmes comme moi qui travaillons, sortons, parlons parfaitement le néerlandais" et s’affirment pour une religion qui reste dans le domaine privé, loin de la vie politique.
"Pour l’instant il n’y a pas de place pour ce genre de voix dans le débat. Les médias marquent plus de points en se concentrant sur les extrémistes", regrette-t-elle.
Les déclarations d’un imam de Rotterdam traitant l’homosexualité de maladie contagieuse avaient énormément choqué les Pays-Bas il y a un an.
"Oui, il y a certains extrémistes et nous nous en distançons mais pourquoi montrer du doigt toute une communauté. J’aimerais que lorsque Ahmet vole un vélo, les gens se disent Ahmet est un voleur et non pas les musulmans sont des voleurs", souligne M. Mahawat Khan.
Beaucoup de musulmans et certains Néerlandais critiquent le rôle des médias et donnent un exemple :
En décembre 2002, le directeur des services de renseignement expliquait que plusieurs dizaines de musulmans néerlandais -moins de 100-, avaient été recrutés pour le Jihad. Il insistait sur le fait que ces combattants extrémistes ne constituaient qu’une infime minorité de la population musulmane.
De nombreux médias titraient cependant le lendemain "Musulmans recrutés pour le Jihad aux Pays-Bas", sans mention de proportionnalité dans le corps du texte.
Beaucoup craignent que ce qu’ils ressentent comme la stigmatisation de l’ensemble de leur communauté ne pousse les jeunes vers un islam plus dur.
"Ils croyaient être intégrés et se retrouvent montrés du doigt, le risque est alors grand qu’ils se détournent de plus en plus d’une société qui les rejette et qu’ils soient la proie d’extrémistes", craint Karima Belhaj.
AFP
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