Les jeunes au Maroc : de la désaffection au désenchantement

12 juillet 2002 - 14h33 - Maroc - Ecrit par :

A l’approche des élections, tous les leaders vous l’assureront, main sur le cœur et des trémolos dans la voix : la jeunesse marocaine est inscrite en tête de leur priorité, la résolution des problèmes des jeunes leur tient particulièrement à cœur, le chômage qui les frappe de plein fouet les préoccupe fortement.

Bref, l’échéance électorale aidant, les politiques sont soudain en phase avec la jeunesse. Et se rappellent à leur bon souvenir, quelques mois seulement avant qu’ils n’empruntent le chemin des urnes.

Soyons justes. Les partis ne sont pas dupes et leurs dirigeants reconnaissent aisément qu’entre les politiques et les jeunes, c’est une longue histoire d’incompréhension, de désenchantement et de désillusion. “ C’est vrai les jeunes n’ont plus confiance. L’un des enjeux principaux des prochaines élections est de gagner la confiance des électeurs, arriver à les sortir de leur sinistrose qui est la conséquence directe de plus de 20 ans de dévoiement démocratique. Et la jeunesse de ce pays a été pleinement affectée par ces pratiques ”, affirme Nabil Benabdallah, membre du bureau politique du PPS et ancien président de la Jeunesse Socialiste.
Depuis bien longtemps, les jeunes ont appris à ne plus faire confiance à leurs élus et à tourner le dos à la politique. “ Tous les mêmes, ils ne cherchent que leurs propres intérêts ”, est l’un des arguments qui revient le plus souvent dans la bouche des jeunes pour expliquer leur désaffection de la sphère politique. A qui en incombe la responsabilité ? Question récurrente aux réponses multiples et diffuses où se mêlent à la fois l’image de partis discrédités aux yeux des jeunes, une politique autrefois sécuritaire où engagement rimait avec enfermement et une absence d’idéal de plus en plus marquée. Le dirigeant usfpéiste Driss Lachgar est plutôt prompt à le reconnaître. Les ponts de communication entre les formations partisanes et la jeunesse sont dans un bien mauvais état. “ Il faut apprendre à accepter la critique et à se remettre en cause. Il s’agit surtout d’ apprendre à écouter les jeunes et ce pour reprendre langue avec eux ”, explique Nabil Benabdallah avant d’ajouter que “ les partis ne peuvent plus réagir comme dans les années 1960 ou 70 où une simple idée, un simple slogan suffisaient pour mobiliser. Il faut trouver le message adéquat à l’adresse de ces jeunes qui vivent des problèmes concrets et qui attendent des réponses concrètes ”.
Les organisations de jeunesse, proches ou dépendant de partis, leur ont-elles apporté ces réponses ? Pas si sûr au regard des préoccupations de ces structures destinées être d’accueil des jeunes militants. Les organisations de jeunesse se sont transformées en contre-pouvoir de ces partis dont pourtant elles relèvent. Leurs revendications, de la réforme de la Constitution à celles politiques, ont très peu à voir avec les préoccupations d’une jeunesse dont de larges franges ne pensent plus qu’à partir. “ La mésentente entre les partis et leurs organisations de jeunesse existent. C’est même devenu un phénomène de mode que de faire de l’opposition à sa propre famille politique. Que penser de ces organisations de gauche qui sont prêtes à faire alliance avec les jeunes de Al Adl Oua Al Ihssane, ?”, soupire un dirigeant de la koutla.

Etre jeune au Maroc : le poids des attentes, le choc des déceptions

Sujet de toutes les joutes oratoires politiques et rarement objet de véritables programmes, la jeunesse marocaine hante tous les discours, jamais exécutés. Quelles sont ses attentes et préoccupations ? A quoi rêvent les jeunes ? Statistiques et témoignages.
Souvenez-vous, c’était en juin 1998 et toute une jeunesse vibrait en chantant en choeur : “ Bassir, Bassir, hou, hou ”. La Coupe du monde de football et la participation de l’équipe nationale marocaine ont eu l’effet à la fois magique et terrifiant d’unir des milliers de jeunes Marocains qui n’avaient plus qu’une seule idole, Bassir. Quelques mois auparavant, en mars de cette même année de grâce, cette même jeunesse, de 15 à 35 ans, surfait, cheveux au vent, sur une déferlante nommée alternance consensuelle. L’opposition était arrivée au pouvoir, et les lendemains promettaient de chanter... “ Bassir, Bassir, hou, hou ”.
Quatre ans et quelques désillusions plus tard, les 15-35 ans qui sont toujours sujet de joutes oratoires politico-politiciennes et jamais objet de politique socio-économique et culturelle sont confrontés à quotidien souvent difficile et en tout cas jamais rose. “ C’est comme si les gouvernements qui se sont succédé ne nous voient pas. Il faut attendre une crise pour qu’il y ait des solutions à la sapeur-pompier ”, relève Youssef, 23 ans. Exemple puisé dans la toute dernière actualité : il a fallu les événements de l’université de Fès pour que l’on parle enfin et officiellement du malaise de l’université marocaine.
Youssef fait partie de la pyramide des âges la plus prépondérante en terre marocaine, celle des jeunes. Sait-il seulement qu’en un peu plus de 40 ans d’indépendance, il n’y a eu qu’une seule vraie enquête sur les jeunes au Maroc. Effectuée sur un échantillon de 6000 jeunes, âgés entre 15 et 35 ans, habitant en milieu urbain et rural, l’enquête -“ Etre jeune au Maroc ”- a été commandée par le Conseil national de la jeunesse et de l’avenir et menée par la direction de la statistique en 1993. Ses résultats donnent à réfléchir... de vrais programmes pour que la jeunesse de ce pays reprenne tout simplement confiance. En 9 ans, l’on a comme le sentiment désagréable, que l’enquête n’a pas pris une ride et que ses “ prédictions ” formulées sur fond de sonnette d’alarme tirée se sont réalisées. Véritable diagnostic des attentes, des préoccupations et du vécu des 15-35 ans, l’enquête livre les statistiques d’un immense malaise qui n’en finit plus de ronger des jeunes. Le tiers des jeunes scolarisés quittent les établissements de formation avant d’obtenir un diplôme, plus de six jeunes scolarisés sur dix n’ont pas été concernés par l’orientation et moins de deux jeunes sur dix ont eu l’occasion d’obtenir des informations sur le marché de l’emploi.

Y a-t-il une vie après les études ?

Amal est en dernière année de licence, option gestion bancaire, à la fac de droit de Rabat. Et même si elle sait très clairement ce qu’elle va faire après la licence -se diriger vers un troisième cycle - elle se plaint de l’absence d’une véritable structure chargée de l’orientation des étudiants. “ Nous sommes suffisamment perdus et si en plus il n’y a personne en face pour nous orienter ”, explique-t-elle.
La toute première préoccupation des jeunes est l’emploi, avec toujours le même questionnement : y a-t-il une vie après les études ? Et pour cause. Selon le dernier rapport national sur le développement 1998-1999, exécuté par le ministère de la prévision économique et du plan en coopération avec le PNUD, le taux de chômage urbain pour la tranche d’âge 15-24 ans est de 37,1%. Pour les 25-34 ans, il est de 29,9%. Et dès que l’on examine le taux de chômage par niveau scolaire, la conclusion est vite tirée : plus on poursuit ses études moins on n’a de chance de travailler. En 1997, ils étaient un peu plus de 28% à avoir un diplôme de l’enseignement supérieur en quête d’emploi contre 18,3% avec un niveau du fondamental et 5,5% “ seulement ” de “ sans niveau ”.
Jamal et Ali ont très vite compris. L’un bachelier et l’autre “ niveau 5ème année secondaire ”, tous deux trentenaires ont décidé de se prendre en charge et ne pas aller plus loin. Parce que leur préoccupation principale, vitale, basique “ est d’avoir un revenu fixe ”. Alors, ils ont monté un petit projet de vente de cassettes et CD et animation de fête “ en arabe et en français ” dans la partie populaire du quartier Hay Salam, à Salé. Eux n’ont eu droit à aucun crédit ni d’une aide destinée aux jeunes promoteurs. Ici la solidarité familiale et les prêts faits par “ des amis qui ont cru en nous ” ont permis au petit projet de voir le jour. “ Si tu es jeune et que tu as de l’argent, toutes les portes s’ouvrent devant toi. En fait ici, on n’investit pas dans la jeunesse. On ne croit pas aux jeunes ”, affirme Ali lequel, dit-il, n’a jamais pensé à quitter son pays. Même son de cloche chez son associé, Jamal, ce bachelier qui “ préfère rester au pays plutôt que mener une vie de chien chez les autres ”. Tous deux vivent chez leurs parents et font des rêves aux contours desquels on perçoit des bonheurs simples : acheter une maison et fonder une famille.
Ni Amal, Youssef, Ali ou Jamal ne croient aux sirènes de la politique. “ Après les premiers mois d’engouement du gouvernement de l’alternance, on s’est rendu compte qu’ils étaient tous les mêmes et que seuls les noms de ministres changeaient ”, déclare cinglant, Ali. Plus blasé encore, Jamal lâche qu’il n’a pas “ de privilèges à sauvegarder pour adhérer à un parti ”.
Si la désaffection des jeunes de la sphère politique est une cause entendue, ils sont toujours peu nombreux à rejoindre le mouvement associatif. L’enquête du Conseil national de la jeunesse et de l’avenir révèle que “ 4% à peine des jeunes adhèrent à une ou plusieurs associations ” et que “ les jeunes adhérents s’intéressent principalement aux associations à caractère récréatif ”. Amal y pense, se voit bien dans une association de lutte contre l’analphabétisme ou de pauvreté mais n’a jamais encore franchi le pas.
Et si selon l’enquête “ Etre jeune au Marc ”, deux jeunes citadins sur trois et un jeune rural sur deux “ considèrent qu’il n’existe pas assez de structures socio-culturelles permettant aux jeunes de se retrouver ”, faut-il pour autant en conclure à leur repli culturel ? Peut-être surtout lorsque l’on sait qu’un jeune de la ville sur deux et neuf ruraux sur dix ne lisent jamais la presse.

Au hit-parade des patrons de jeunesse

La jeune fille, étudiante à la fac des lettres, a beau chercher, au fin fond de sa mémoire, dans son carnet d’adresses, son cercle de connaissances. Elle ne voit pas du tout. Mais qui sont donc Mohamed Hafid, Abdallah Bekkali, Saïd Fekkak, Mohamed El Aouni ? Non vraiment, elle ne voit pas. En tout cas, une chose est sûre, ils ne sont pas membres du gouvernement et ce ne sont pas des sportifs, croit-elle savoir. Pas des chanteurs non plus. Mais qui sont-ils alors ? “ Ah bon, ce sont des responsables des jeunesses de partis ”, s’exclame-t-elle, un brin dubitative, lorsqu’on lui décline le CV de ces patrons des « chabiba » des quatre partis la koutla. Question : cette étudiante en littérature arabe doit-elle plaider coupable pour délit d’ignorance politique ? Ne lit-elle pas les journaux, porte-parole de ces formations politiques ? Ne regarde-t-elle donc jamais les Journaux télévisés ? “ Mais je ne les ai jamais vus à la fac alors qu’ils sont censés encadrer les jeunes ”, se justifie-t-elle tout en rappelant fermement que ce sont “ les barbus que l’on voit le plus, de toutes les façons ”.
Changement de décor. Il a 23 ans, il travaille -“ des petites bricoles ”- en attendant de pouvoir terminer ses études à l’étranger. Il s’en excuse presque, mais il ne connaît ni Hafid, ni Bekkali, ni Fekkak ni El Aouni. Avec lui, l’apprentissage est plus difficile car, dans le cas d’espèce, il faut tout reprendre depuis le début. “ Et c’est quoi une « chabiba », organisation de jeunesse ? A quoi ça sert ? ”, demande-t-il. Une vraie question qui n’a rien d’ingénu pour un jeune Marocain qui ne sait vraiment pas à quoi ressemble une structure politique de jeunesse. Combien sont-ils dans le cas de cette jeune femme et de ce jeune homme ? Personne n’en sait strictement rien. Pas même les principales concernées, c’est-à-dire les organisations de jeunesse et ce en l’absence d’un vrai fichier des adhérents ou de l’organisation d’un sondage sur un échantillon représentatif.

Les jeunes dans la ville :

Faites vos valises,la Palestine est sans visa

Il y a le café et les jours de foot à la télé. L’actualité sanglante du Proche-Orient aussi. Il y a également le mur, le tenir pour mieux “ presser le temps ” ou rêver aux brûlures des lumières de l’autre rive. Les jeunes ont investi l’espace public, comme pour prendre une revanche sur les pouvoirs publics. Reportage.
Dans ce café de Yacoub El Mansour, un quartier populaire de Rabat, le temps passe doucement. Trop doucement aux yeux de ces jeunes qui ont pris leurs quartiers d’hiver, de printemps et d’été aussi, ici au bout d’une table et autour d’un café cassé. Dans l’imagerie populaire, une expression est née pour dire tout l’attentisme d‘une jeunesse désespérée qui n’a aucune emprise sur le temps qui passe, ce temps qui passe où des milliers de jeunes n’ont strictement rien à faire : presser le temps ou le fameux, en arabe dialectal et dans le texte, “ a’assar l’ouakt ”.
La jeunesse marocaine n’est jamais en panne d’idées, même si le chômage, la faillite du système d’enseignement et la crise de confiance la condamnent, à petits feux, à regarder le temps qui passe. Alors, elle investit la ville. Le jour et la nuit, comme s’il s’agissait, à en croire ce sociologue, “ de prendre une revanche sur l’espace public ”.
“ Presser ” le temps ou en venir à bout. Dans les quartiers déshérités, récipiendaires de toute “ la condition humaine selon Malraux ”, l’image est désormais récurrente. Les jeunes hommes, barbe de trois jours, t’shirt contre-façon et vraie-fausse Nike ou Adidas, tiennent le mur. En Algérie, on les appelle les “ hittistes ”. Ici, aussi. A force, ils sont devenus la mémoire du quartier, parfois la sentinelle également. Pour Ahmed, c’est une manière comme une autre de “ presser le temps, de tuer les heures, les jours, les années ”. Ce jeune de Douar R’ja Fa Allah (traduction révélatrice d’une consternation fataliste : s’en remettre à Dieu quand on a tout enduré) est, dit-il “ niveau 5ème A.S ”. “ Tu sais, ma sœur, les circonstances ont fait que je n’ai pas pu aller jusqu’au bac. De toutes les façons, même avec le bac qu’aurai-je fais ? ”.
Les pavés de la ville
Cela fait trois ans qu’il tient le mur. Il attend les papiers pour partir. Comme des milliers de jeunes Marocains, il n’a qu’un rêve, s’en aller, brûler pour ne pas mourir à petits feux. Il parle du fils des voisins, parti en Italie il y a dix ans et qui est aujourd’hui “ f’l’bien ”. Un été sur deux, il rentre au pays dans “ une énorme allemande, chargée jusqu’au plafonnier ”. Alors, forcément, “ Taliani ” - c’est désormais ainsi qu’on l’appelle depuis qu’il a épousé une fille de là-bas- est la fierté du Derb et par conséquent l’exemple à suivre. Ces jours-ci, 9 athlètes sur les 14 de la Fédération marocaine du sport universitaire, partis en Espagne participer aux 13èmes championnats de cross-country universitaires, se sont évaporés dans la nature. La fédération parle dans un communiqué de “ défection ”. Un terme politiquement correct pour dire “ brûler ”.
Contre le mur, les rêves s’entretiennent. Et le désespoir se nourrit d’un quotidien entre noir et gris. Heureusement qu’il y a le café, avec la télé accrochée au mur. Le temps s’arrête surtout les jours de derby,Wydad contre Raja, ou de finale d’un Aynaoui, raquette à la main. Jamais la balle ronde, petite ou grande n’ont été autant l’opium de la jeunesse de tout un peuple
Il y a aussi la télévision qatarie, Al Jazira, qui s’est confortablement installée dans la vie de d’une jeunesse qui, en attendant de partir, voyage par procuration. Les événements au Proche-Orient, le massacre des Palestiniens, l’état de siège de Yasser Arafat, la résistance de tout un peuple contre Israël et son armée sont passionnément, intensément, quotidiennement suivis, commentés, dénoncés. Le 7 avril dernier, la jeunesse avait marché à Rabat pour témoigner de son soutien à la Palestine et hurler “ Sharon assassin ”. Partir. L’expression est devenue comme une obsession. Même en manif. “ Faites vos valises, la Palestine sans visa ”, est le slogan révélateur d’un état d’esprit scandé lors de la marche de Rabat.
La jeunesse dans les rues de la ville. Désormais, c’est une tradition, tous les 1er mai, à l’occasion de la fête des travailleurs, ils sont là. Jeunes hommes et jeunes femmes en quête d’insertion battent le pavé pour crier leurs attentes et hurler leurs revendications. Il y a deux ans, les R’batis avaient appris à détourner leur regard de ces jeunes diplômés chômeurs qui avaient planté des tentes de fortune en plastique exactement en face du parlement, au beau milieu de l’avenue Mohammed V. Le “ siège ” du centre-ville avait duré plusieurs semaines pour dire la colère d’une jeunesse urbaine...


Entretien avec Driss Lachgar, membre du Bureau politique de l’USFP

La jeunesse est l’affaire du parti et pas seulement la chabiba :

Le membre dirigeant usfpéiste, Driss Lachgar, est formel : son parti ne fera pas du jeunisme lors des prochaines élections. Toutefois, il reconnaît que les partis ont rompu les ponts de communication avec la jeunesse. Désormais, nous dit-il, l’USFP a décidé de prendre en main le dossier des jeunes. Entretien.

A cinq mois des élections, les jeunes sont-ils une priorité pour l’USFP ?
La question de la jeunesse est primordiale pour l’USFP. Et ce pour de multiples raisons. La jeunesse vit une situation difficile sur le plan social, que celui économique. Le chômage la frappe de plein fouet.
Cela étant, nous devons reconnaître que les partis n’ont pas établi une grande communication avec les jeunes. Tout cela est le résultat de la situation que traversent les organisations de jeunesse relevant de partis. Il faut bien le dire au lieu que ces organisations de jeunesse aient pour sujet principal les jeunes et leurs problèmes, elles se sont transformées en quasi- alternatives des partis dont elles dépendent. Elles ont commencé à s’occuper de questions politiques, de sujets d’ordre national. Ainsi, elles ont voulu avoir des positions sur la Constitution, les réformes politiques, etc. En fait, beaucoup de paroles et très peu d’impact sur les jeunes.
Au cours du 6ème congrès de l’USFP, nous avons pris conscience de cet état de fait. Dans le rapport organisationnel, nous avons souligné que la jeunesse n ‘était pas seulement l’affaire de la Jeunesse itttihadia mais du parti dans son ensemble. Il fallait mettre fin à cette sorte de délégation aux termes de laquelle le parti demandait à l’organisation de jeunesse de s’occuper des jeunes. C’était là une erreur . Les jeunes constituent l’avenir du pays et ils doivent être en tête des priorités du parti. C’est pourquoi nous avons créé une commission en charge des questions des jeunes et qui travaille sous la présidence du bureau politique. Cette commission s’occupe de toutes les questions qui concernent la jeunesse et parmi elles et leur organisation et leur encadrement au sein de la jeunesse ittihadia. Par la grâce d’Internet et des télévisions satellitaires, les jeunes sont en phase avec tout ce qui se passe de par le monde. Mais dès qu’il s’agit de questions concernant le Maroc, ces jeunes ne sont au courant de rien. Les associations de jeunesse issues de la société civile sont dirigées par des “ vieux ”. Dans les bureaux nationaux des organisations de jeunesse relevant de partis politiques, la moyenne d’âge est de 4O ans. Au début de l’indépendance, les associations, les organisations avaient un grand éclat. Parce que leurs dirigeants avaient 20 ans. Et Mehdi Benbarka était par exemple l’un d’entre eux.

Les jeunes arrivent aux centres de décision vieux. C’est comme si la route leur était barrée aussi bien dans les associations que dans les partis

Si une jeunesse a souffert de ce que vous dites, c’est bien nous. Nous étions prêts dans les années 1970 et 1980. Nous sommes une génération qui s’est engagée dans les années 1970 et aux yeux de nos leaders nous étions toujours des jeunes, même après plus de 30 ans de militantisme. Nous ne devions jouer aucun rôle dans la prise de décision car nous étions considérés comme des mineurs. C’est-là une culture politique qui a longtemps régné. A mon sens, la démocratie interne est l’une des clés qui va permettre d’associer les jeunes usfpéistes à la prise de décision.

Pas de jeunisme aux élections

Il y a un fait important qu’il faut prendre en considération. La monarchie est l‘institution la plus élevée où s’exerce la prise de décision. Après le décès de feu de Hassan II, c’est un jeune Roi qui est sur le Trône. Cette image va avoir sans aucun doute des répercussions su les autres institutions du pays.

L’USFP va-t-elle présenter des jeunes aux élections de septembre 2002 ? Allez-vous encourager des candidatures de jeunes ?

Bien sûr. Mais je voudrais souligner qu’il est important pour tous les usfpéistes, qu’ils soient jeunes ou vieux, hommes ou femmes, que nous remportions ces élections. Certains se demandent en ce moment pourquoi les partis ne mettraient-ils pas les femmes en tête de liste. L’USFP ne le fera pas si c’est seulement pour épater la galerie. La femme qui sera en tête de liste USFP ne sera pas une candidature féminine alibi mais une future député siégeant au Parlement. Tous les usfpéistes auront leur chance. Il n’y aura aucune discrimination. La seule discrimination concerne les critères de compétences. Nous ne ferons pas du jeunisme en utilisant les jeunes-alibis. Et il en est de même pour les femmes

Où en est l’USFP avec la Jeunesse Ittihadia ?

Lors du dernier congrès de la jeunesse Ittihadia, un comité central de 75 membres a été élu. Et beaucoup ont été surpris de voir des divergences éclater au grand jour et surtout s’exprimer. La jeunesse Ittihadia ne parlait plus d’une seule voix comme du temps de Sassi. Avant, la jeunesse se comportait comme si elle était la conscience du parti et qu’elle devait par conséquent lui faire de l’opposition voire le combattre.
Mohamed Hafid a été élu président de cette organisation. Ce même Hafid qui a refusé le siège de député car son appartenance à l’USFP et donc la culture à laquelle il a été nourri lui interdisait de valider une élection truquée. Une fois patron de la jeunesse, il n’avait plus qu’une seule préoccupation, faire la guerre à l’USFP. C’est ce que j’appelle l’appartenance opportuniste. Car si les divergences sont si profondes, la logique dicterait de quitter ce parti. Malgré toutes ces divergences, Mohamed Hafid a continué de parler au nom du parti, de la jeunesse Ittihadia pour signifier qu’il est contre toutes les positions du parti. Après le 6ème congrès, la jeunesse Ittihadia et plus précisément les membres du comité central ont saisi le bureau politique pour que soit convoqué le comité central et organisé le congrès de la jeunesse. Nous avons ouvert des canaux de communication avec le secrétaire général de cette organisation de jeunesse et ce malgré toutes ses sorties contre l’USFP. En vain. La jeunesse Ittihadia a renouvelé toutes ses sections locales. Sur les 75 du comité central, 39 ont la carte du parti. 12 ont choisi de rejoindre le parti du congrès ittihadi. 10 autres sont partis à l’étranger. Combien reste-t-il à Hafid pour qu’il puisse encore parler au nom de la jeunesse Ittihadia ? Je suis en train de vous parler du comité central élu lors du dernier congrès de la jeunesse Ittihadia et de rien d’autre. Nous n’avons ni élargi ni procédé à un quelconque parachutage. Bref, la jeunesse est en train de préparer son congrès et il aura lieu au début de l’ été. Pour la simple raison que l’USFP se prépare aux élections, un rendez-vous primordial. Tous les secteurs du parti de la jeunesse aux femmes sont concernés par cette mobilisation. En un an, l’USFP a déjà organisé 30 congrès régionaux.


A Hay Mohammadi, des jeunes se prennent en charge

Dans le quartier mythique de carrières centrales, au lieu même de Derb Moulay Chrif, des jeunes de Hay Mohammadi, fatigués de ces élus “ champions des promesses et des discours ”, de ces associations qui “ disparaissent une fois leurs objectifs personnels atteints ”, de ces maisons de jeunes fermées aux jeunes, de ces espaces verts qui n’existent que sur des plans de la ville et de l’image de tous ces jeunes qui tiennent le mur, à longueur de journée, rêvant aux pateras de la mort, ont décidé de prendre leur destin en main. Avant de se constituer en association, “ Initiative urbaine ”, ils ont d’abord beaucoup parlé, hésité. Mais à aucun moment, ils n’ont douté de l’impérieuse nécessité de devenir acteurs de leur propre vie. Et pour eux, la vie commence dans le quartier. Le leur est à l’abandon. Entre détritus qui s’amoncellent et des habitations qui menacent ruine, ces jeunes ont choisi de se battre pour que leur “ hay ” retrouve son lustre d’antan. Et il y a quelques jours à peine, ils inauguraient officiellement leur local et accueillaient le champion de tennis Younès El Aynaoui pour la pose de la première pierre de leur terrain omnisports. Sous le regard des dirigeants de “ Maillage ”, ce réseau de responsables associatifs établis en France et qui ont accompagné le projet d’un bout à l’autre. “ Initiative urbaine ” que préside Abdeljalil Bakkar, un jeune de 33 ans, a des projets plein la besace. Et surtout l’ambition “ d’améliorer la qualité de vie des habitants du quartier, aider à l’épanouissement de ses jeunes et préserver l’environnement ”. La jeune association a la ferme intention “ de créer un environnement de soutien où les jeunes de Hay Mohammadi expriment leurs besoins mais aussi leurs espoirs ”.

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